… ET DONC DE l'argent !!!
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fichier : 10-AN 01 comment ça marche
• M : Très bonne question, merci de l'avoir posée !
• E : Mais encore ??? Si vous vouliez vous Emanciper, il fallait arrêter l'égoïsme ambiant de fin de millénaire. Dans l'autre monde, c'était vraiment chacun pour sa gueule et Dieu pour tous !
• M : Ouais, sauf que dieu était surtout pour que le meilleur gagne ! Mais sinon c'est vrai que nous étions, même en matière de mieux-vivre, en compétition totale et absolue entre groupes
humains. Ceux qui trouvaient un truc utile s'empressaient d'y apposer un brevet pour que personne n'en profite, sauf moyennant finance.
• E : Ça me faisait vomir quand je voyais que l'Afrique et autres contrées assistaient, impuissantes, à la décimation de leur jeunesse (et autres forces vives, c'est toujours les meilleurs qui
partent les premiers). Alors que les nordistes étaient plutôt bien soignés, les sudistes pouvaient crever la gueule ouverte ; ils n'avaient pas assez d'argent (« normal », depuis le temps où les
pays du Nord pillaient les ressources à leur profit et pour les dictateurs qu'ils avaient mis en place pour assurer la stabilité – plutôt le chaos vu les tensions exacerbées – des pillages) donc
ne méritaient pas de vivre (vision des industriels pharmaceutiques, épaulés par les politiques qui ont laissé faire).
• M : C'est sûr qu'avec tout le pognon que les oligopoles pharmaceutiques engrangeaient, ils auraient pu faire un geste : mais le capitalisme ne fait jamais de social, c'est sa règle d'or, quoi
qu'il en soit et qu'il en coûte : rien à foutre des autres, t'as qu'à payer ; si tu ne peux pas tant pis pour toi, c'est ton problème ! C'est bien toute la cruauté des brevets !!!
• E : Oui, enfin, je me rappelle aussi que par rapport à ça, il y avait pleins de gens qui contournaient le système (autant que possible) en brisant les brevets et autres propriétés
intellectuelles pour les mettre à disposition de tous !
• M : Tout à fait, heureusement que ces gens étaient là ! Vive les Indisciplinés qui font tomber les disciplines non seulement absurdes mais aussi inhumaines ! Ton exemple avec les médicaments
était très bon, car il révèle pour des questions morales (de santé) des positions amorales (seul l'argent permet de se soigner). Et c'est tout aussi applicable à d'autres brevets, moins sensibles
mais aussi importants : les technologies liées au développement durable (car la propreté et le Respect de l'Environnement ne sont pas négociables), la Culture (si les philosophes Grecs avaient
breveté leurs idées, peut-être que la Démocratie Athénienne n'aurait pas vu le jour, et sûrement pas sous sa forme si épanouie). En somme, toutes les innovations, tant technologiques
qu'intellectuelles, devaient profiter au monde entier et non aux seuls possédants et personnes suffisamment bien pourvues.
• E : Hum, je comprends bien là le choix de civilisation : soit une société égoïste où ceux qui trouvent génèrent de l'argent pour leur pomme au détriment de l'Intérêt Général, soit un Mutualisme
où tout ce qui peut être utile à l'Humanité est mis gratuitement à sa disposition pour le Bonheur de Tous (la contrepartie, non financière, étant assurée par un total Libre Accès à ce qu'on fait
les Autres).
• M : Très juste, et c'est en cela que l'autre monde à basculer vers l'Anarchie Collective et Mutuelle, justement parce que devant l'urgence de notre civilisation qui détruisait plus qu'elle ne
construisait, il fallait que toutes les bonnes idées et intentions se Fédèrent et se complètent pour trouver des solutions adaptées. Chose possible que s'il n'y a pas de barrière entre ceux qui
cherchent, ceux qui trouvent, ceux qui utilisent et ceux qui éliminent / recyclent. Ainsi, la notion d'argent était d'elle-même remise en cause. Obligatoirement, pour que notre nouveau système
d'échange fonctionne (sans contrepartie financière), il fallait non plus que les uns travaillent pour les autres, mais que les uns Participent avec les autres : l'un produit des médicaments,
l'autre du pain, un troisième des machines, un quatrième de la musique et tous bénéficient des produits/services de chacun. La Coopération a toujours été plus avantageuse sur le long terme que la
compétition. Les uns bénéficiant des bienfaits de tous les autres, il n'y a plus de notion d'égoïsme de l'intellect (il ne faut d'ailleurs jamais oublier que l'on est « intelligent » que grâce et
par les autres, car tout ce que nous savons est une évolution de la pensée Collective depuis l'aube des Temps) et tout le monde profite des progrès de chacun.
• E : Tu peux rentrer dans le détail de ce monde sans argent, parce que même si je pouvais le souhaiter, je n'avais jamais réfléchi à son éventuelle mise en place.
• M : Beh quand tu sais que l'argent coûte cher à gérer et qu'il faut beaucoup de monde pour vérifier que la monnaie sonnante et trébuchante soit encaissée (alors qu'il y a tellement de choses
plus utiles à faire), tu te dis qu'on peut faire mieux ! C'est relativement simple en fait : si on considère, à juste titre, que le temps c'est de l'argent, Utopia a donc pris le problème par
l'autre bout en définissant que l'argent c'est du temps.
• E : Pour l'instant je te suis !
• M : Bon, alors je continue. Donc, comme l'argent c'est du temps, il suffit que tout le monde travaille comme avant (en terme de temps) pour avoir accès à une quantité définie de biens et
services en relation avec le temps de production effectué.
• E : Jusqu'ici tout va bien, mais plus dure pourra être la chute. Développe, je t'écoute !
• M : La vraie différence à Utopia, c'est que tout le monde doit Participer, non pas en échange de la stricte valeur marchande du temps passé, mais pour avoir Librement accès à l'ensemble des
prestations produit par les autres Participants !
• E : Je comprends pas là.
• M : Pour revenir à notre autre monde, tu bossais 8 heures à raison de 8 € de l'heure et tu pouvais donc t'acheter pour 8*8 = 64 € de biens de consommation. A Utopia, tu Participes 8 heures et
tu prends en échange ce que tu veux puisque tout est en Libre accès en contrepartie de l'effort de Participation fourni !
• E : Mouais, mais du coup c'est la razzia et on passe dans un système d'hyperconsommation !
• M : Beh non, c'est pas parce que tout est gratuit (en échange d'heures de Participation) que tu vas mettre une télé dans les toilettes ou que tu achèteras 3 baguettes de pain si tu n'en manges
qu'une !
• E : Beh si, pourquoi pas ?
• M : Bien sûr que tu peux le faire, personne ne l'interdit, mais il n'y a eu que quelques abus au début, justement parce que tout était à profusion et que tout le monde souhaitait en profiter,
mais maintenant que les choses sont installées, les gens font vraiment en fonction de leurs besoins puisqu'ils savent qu'ils peuvent se resservir et prendre du rab autant de fois qu'ils
souhaitent !
• E : Peut être que les gens n'abusent pas en quantité, mais alors ils le font en qualité !
• M : Complètement !!! Mais pour autant ils n'en abusent pas. J'imagine que tu sous-entends que tout le monde voulait, par exemple, avoir une Ferrari. Bien sûr, tout le monde veut en profiter et
avoir une belle voiture, mais aller tous les jours au boulot en Ferrari ça casse le dos et ce n'est pas pratique. Du coup, seule compte la dure loi du capitalisme : seule les meilleurs restent,
non plus par rapport à des prix pas chers, mais uniquement en se basant sur la qualité. On achète plutôt une class A qu'une twingo, vu qu'il n'y a plus de différence de prix.
• E : D'accord, donc soit la twingo évolue pour être compétitive en termes d'attraits, soit ?
• M : Soit l'usine s'adapte pour produire, de manière Indépendante, des class A. Les Utopiens s'en fichent du modèle de leur véhicule, seul compte son adéquation avec la demande. En fait, il n'y
a plus de compétition entre marques ou autres, mais juste entre différents projets, où ce n'est plus le puissant qui gagne (car il investit à fond en marketing ou casse les prix) mais
véritablement le plus efficace et adapté ! La même meilleure preuve que l'Anarchie marche, c'est le capitalisme !
• E : Hein, tu peux me la refaire celle-la ?
• M : En fait, les deux fonctionnent sur la totale Liberté (l'origine des Libéraux se trouvent dans les Contestations du XIXè siècle, à Gauche et au centre droit) Individuelle, sauf que le
capitalisme sanctionne par l'argent et le pouvoir, là ou l'Anarchie laisse faire tant que cela correspond à un besoin (« rentable » ou non) et répond aux valeurs de la société (humaine s'entend
bien sûr). Les deux systèmes visent l'efficacité optimale en répondant au mieux aux besoins (exprimés ou non). La différence de taille c'est que le capitalisme est sans foi ni loi et que sa
devise est « que le meilleur gagne », là où l'Anarchie permet même au petit de s'épanouir avec pour leitmotiv que « l'important est de Participer ».
• E : Et tout ça tient comment ?
• M : Par le fait que tout le monde (en tout cas ceux qui souhaitent bénéficier du système) Participe, à son niveau, en fonction des ses compétences/capacités et de ses envies !
• E : Mais du coup tout le monde veut être artiste ou faire ce genre de métier attractif.
• M : Non, d'une parce qu'être artiste ça ne s'invente pas et que la sanction du public peut être radicale. Si tu veux, il n'y a pas d'organisme qui sanctionne l'utilité ou non de la
Participation de chacun. C'est à tout le monde de savoir si il est utile à la société et si son activité l'épanouie autant qu'elle devrait, sinon il change ! En plus, vu que nous sommes dans une
civilisation de Solidarité, et non d'assistanat, les gens veulent bien s'entraider, mais pas au profit de crevards qui ne rendraient pas la pareille. Au-delà de ça, on a remplacé partout où
c'était possible les humains par des machines (caissières remplacées par un lecteur de code barres pour gérer le stock, automates électroniques à la place des travailleurs à la chaîne), afin
d'employer les personnes a des tâches plus intéressantes (et moins fatigantes) pour elles et utiles à la Collectivité. On retrouve ainsi davantage de personne pour s'occuper des enfants et des
vieux, entretenir les espaces verts, effectuer des travaux d'aménagement ou de réparation.
• E : Peut-être, mais il doit y avoir pleins de boulots que personne ne veut faire !
• M : Bien sûr, mais déjà vu que tout le monde Participe, le temps de Participation a été ramené à 20 heures par semaine (à organiser comme l'on souhaite, en fonction des besoins et de ses
collègues) et les métiers contraignant ou nécessitant de grandes compétences ont vu leurs horaires ramené à 16 heures hebdomadaires, justement pour encourager les vocations. Si tu trouves qu'ils
sont privilégiés, rien ne t'empêche de le faire aussi ! En plus, on amplifie la motivation de tous les Participants avec des points retraite pour partir plus tôt du monde actif pour profiter
davantage du monde récréatif.
• E : Par contre, je suis sûre que vous devez galérer pour trouver des entrepreneurs, des gens prêts à prendre des risques pour lancer des projets !
• M : Même pas !!! D'abord parce que tout est fait (notamment d'un point de vue administratif) pour faciliter la vie à ceux qui tentent des expériences (qu'elles marchent ou pas, elles enseignent
beaucoup de choses et à tout le monde) car les bienfaits pour l'individu comme pour la société peuvent être importants. En plus, preuve que l'argent n'est pas le moteur essentiel de l'humain,
beaucoup d'entrepreneurs connaissaient de terribles difficultés (surtout au démarrage) et le fait de vivre correctement de son activité était loin d'être garanti ! En outre, c'est souvent dans
les associations ou autres structures, que les gens se donnent à fond … en tant que bénévoles. Pour les gens, le plus important était : la sécurité de l'emploi (fonctionnariat), l'intérêt pour
son travail, la rémunération (25%), le temps Libre. Et l'autre chose, c'est que toute la Collectivité peut aider et que vue qu'il n'y a pas de crainte à avoir sur ses moyens de subsister si on
Participe à une quelconque réalisation (matérielle ou non), n'importe qui peut s'Associer à des porteurs de projet (et on verra bien ce que ça donnera, si ça marche c'est bien, si ça marche pas
tant pis, on n'en fera pas une maladie). Le plus important dans tout ça, c'est d'accompagner les gens, de leur donner toutes les connaissances dont ils ont besoin.
• E : Et au final t'as pas répondu à ma question : si il n'y a plus de propriété privée, au profit d'une propriété d'usage, est-ce qu'on peut dire du coup qu'il n'y a plus de riches car tout le
monde est devenu riche ???
• M : En fait ce que je voulais dire c'est que de la propriété privée découlait la totalité des rapports hiérarchique et de soumission, entre celui qui possède et ceux qui n'ont qu'eux-mêmes
comme marchandise d'échange (de par leur force, leur habileté, leur intelligence, …, bref selon leurs compétences et capacités). Aujourd'hui les choses sont différentes car vu que tout le monde «
possède » ce qu'il utilise et que tout un chacun se rend utile sur le marché de la Participation, n'importe qui a des conditions matérielles de vie correctes. Tout le monde n'est pas devenu riche
(vu que tout est gratuit), mais plus personne n'est pauvre !!!