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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 15:38

Mythologie, préhistoire, religion
Calendriers lunaires et rites saisonniers
Le rôle des étoiles repères dans la formation des grandes images mythiques

par René-André Lombard, 2007




En effet si les rites saisonniers paraissent une source évidente de grandes images sacrées, magnifiées au cours des temps par des interprétations symboliques et souvent encore bien vivantes dans la vénération religieuse, la répartition et la datation précise des moments consacrés à l'accomplissement de ces rites dans le cours de l'année solaire, ne pouvait autrefois se faire que dans le cadre des calendriers lunaires qui ont structuré l'existence humaine pendant des milliers d'années.

Or la caractéristique même des calendriers purement lunaires (la dérive du mois lunaire dans les saisons) a bientôt rendu indispensable l'observation d'étoiles-repères. Dans l'hémisphère nord, un secteur d'étoiles à apparition et disparition saisonnières s'est imposé à l'attention, le secteur le plus brillant du ciel entier.

Ce repérage sur les étoiles saisonnières les plus "remarquables" impliquait, comme on sait, la nécessité de nommer les constellations où elles se trouvent. Il a fallu pour cela interpréter les lignes dessinées par ces constellations en projetant sur elles les silhouettes des animaux, des végétaux ou des objets en rapport avec la saison et les préoccupations humaines du moment.

Le Triangle des Hyades


Première grande figure du secteur étincelant, ce triangle incurvé finement dessiné inaugure l'entrée dans la saison des rites. Figure marquante du Zodiaque que visite la lune, d'où son importance dans la religiosité, il est réputé « maison d'exaltation » de la puissance lunaire

  • Une Tête triangulaire à l'oeil rouge (Aldebaran) interprétée en :- Tête d'un capridé, d'un équidé, d'un bovin, en prolongeant le triangle vers deux étoiles proches de la Voie lactée lues en pointes terminales de cornes ou de longues oreilles, actuellement Taureau (Athir, idéogramme qui est à l'origine, par l'Egypte et la Phénicie, de notre A majuscule, resté comme il se doit, le symbole, de tous les commencements).Cette Tête de Bovin d'importance capitale (Bison, Buffle, Vache céleste primordiale)

 

L'immense quadrilatère d'Orion

Constellation spectaculaire par ses lignes et son ampleur, arborant en son centre un lieu d'apparition d'étoiles variables (« forge céleste » pour les Anciens, « pépinière d'étoiles » pour Hubert Reeves), chevauchant un grand alignement (Sirius/ Trois Rois/ Aldebaran) pointé sur le passage de la Lune, ce grand pan de ciel (Aratos) impose une figure céleste exceptionnelle, compendium d'images sacrées fondamentales.

Ce Géant paraît avoir été anciennement, au temps des Chasseurs et des "déesses-mères", une Géante chasseresse

 

Parmi ces très anciennes lectures qui semblent issues d'une culture de chasseurs cueilleurs et peuvent remonter au paléolithique, se détache l'interprétation qui voit dans la vaste silhouette :

  • Une grande Peau de bête, animal dépecé dont le triangle des Hyades est la tête détachée du corps. (mythe béotien de la "Naissance d'Orion", corroboré par une interprétation amazonienne identique). D'où l'interprétation en...
  • Tunique de peau, tunique porteuse de Vie et de Mort

 

La constellation du grand chien

Elle dessine, appuyée sur deux étoiles écartées, une ligne oblique qui monte de l'horizon vers Orion, et se termine par Sirius, le phare stellaire blanc-bleuté le plus remarquable du ciel entier. On y vit un animal dressé sur ses pattes arrières dont Sirius constitue, bien logiquement, la "tête".

Par son éclat exceptionnel et sa position au pied du grand alignement, au bord de la Voie Lactée, Sirius, tête du Chien d'étoiles, l'Astro Kuôn grec, le Tien Gou ou Bai Kouan chinois,  s'érige, dans tout l'hémisphère nord, en repère saisonnier sans rival.

L'Inde garde les traces d'un Ours, Riksha, maître du royaume de la nuit que parcourt la "Vierge lumineuse" conductrice des âmes. Riksha est détenteur du joyau le plus brillant du ciel, la Syamantaka : or Syama est un des noms de Sirius. Cette silhouette d'Ours redressé, gardien du Flot des âmes, qui correspond assez bien aux lignes de la constellation, peut être une des clefs de l'apparition de l'image de l'Ours dans bon nombre de mythes et de cultes européens (Atalante, Artemis Brauron, etc.), en accord avec l'hibernation saisonnière si remarquable de l'ours qui s'endort en Automne pour s'éveiller à la Pleine Lune voisine de l'Equinoxe de Printemps.

L’ours se manifeste comme un signal ambiguë, à la fois porteur  de passage par la mort et riche d'espoir en la renaissance de la Vie : à travers la tradition orale, sa silhouette paraît se confondre avec celle de l'ancienne déesse-mère qui a présidé aux origines de la tribu ou du clan et aux grands rites saisonniers, telle la rencontre avec les âmes à la Pleine Lune voisine de l'Equinoxe d'Automne (danses de transe d'automne, saison du Passage des Ames).

 

Le grand alignement
 
Caractéristique remarquable du secteur scintillant, une grande ligne droite, monte en diagonale de Sirius à Aldebaran, marqué en son centre par les Trois Etoiles d'Orion, et pointé sur le zodiaque où passe la lune.

Le Bâton aux trois étoiles, le "Bâton de Jacob". Ce long bâton signal de cérémonies cycliques (le Kal-Aur-Ops, bâton d'Orion) reste partout symbole de renaissance et de passage à travers la mort

Dans la tradition populaire le bâton étoilé restera le bâton qui "frappe trois coups" pour annoncer l'instant du drame rituel, bâton magique, bâton de l'envol vers l'invisible et symbole d'autorité supérieure.

Toujours évocateur de passage à travers la mort et par là de guérison, il sera le...

La Monture céleste, L'alignement qui s'élance du talon Sirius à la tête triangulaire Hyades, est chevauché par Orion.

Si la tête triangulaire et la ligne en S sont interprétées en tête et encolure de quadrupède, la monture du Géant devient...

  • Le Coursier du ciel. C'est en Inde un daim, monture du Maître des vents et des tempêtes.. C'est en Europe et au Moyen-Orient, un équidé : onagre, âne sauvage, cheval (Asw, Ass, Asinus, Ahsan) galopeur de l'orage, porteur de foudre et passeur des âmes. Il emporte l'officiant du rite ou le mourant vers l'Au-Delà dans l'exaltation de la transe ou dans la mort.

On peut voir en cette image d'équidé symbole de passage dans l'Au-delà une des clefs de l'art rupestre

 

Une des lectures les plus prestigieuses, construite sur le grand alignement et englobant les Hyades, Orion et le Grand Chien, qui apparaît à travers les mythes en rapport avec le voyage des âmes et sur les objets funéraires (peintures étrusques), nous montre le...

  • Navire céleste à voile noire. Les lignes du Grand Chien dessinent sa poupe et sa rame gouvernail, le trapèze d'Orion est sa voile couleur de nuit, la tête en triangle des Hyades posée sur le S de la "mantela", forme sa figure de proue, tête de Sanglier, de Taureau ou de Dragon, figure réputée "annonciatrice", dotée du don de prophétie. Elle est en effet signal de rites sacrificiels (mort) et hiérogamiques (nuptialité, naissance).

 

 

Les figures dessinées dans la nuit par les étoiles,
figures "dramatiques" par nature

 

Elles évoquent le destin des "âmes", la vie, la mort, et les rites sacrificiels


L'image que nous avons gardée sur nos cartes du ciel du groupe Orion-Taureau nous montre un Hercule guerrier brandissant une massue et se couvrant d'une peau-manteau-bouclier pour affronter un Taureau qui le fixe d'un oeil inquiétant. Cette lecture "dramatisante" des constellations, qui paraît remonter au plus lointain passé (voir la fameuse peinture au Bison de Lascaux), signe le rapport étroit qui relie images mythiques, observation des étoiles-repères et rites saisonniers de passage par la mort.

 

La "remontée" saisonnière du grand secteur céleste étincelant semble avoir été vue, dans tout l'hémisphère nord, comme la réapparition (grec : apocalypse, la "sortie de cachette") du domaine sidéral jusque là "invisible" (grec : Adès), le domaine "d'en dessous" (latin : Inferi, les Enfers) où transitent les principes de vie, les "âmes" des morts, pour rejoindre la Voie Lactée.


La Voie Lactée


Toute étude des dénominations de la Voie Lactée montre le rôle éminent dans les cultures très anciennes, vraisemblablement élaborées dans la préhistoire, :de la Nébuleuse conçue comme un tournoiement d'énergie créatrice d'où est issue la Vie sur la Terre.

 

La richesse de ce répertoire d'images montre l'importance - si totalement oubliée de nos jours en Occident - dans la pensée ancienne, de la Galaxie à laquelle nous appartenons, ressentie comme puissance cosmique émettrice de Vie.

Ces appellations font entrevoir des rassemblements cycliques et des pèlerinages terrestres au temps du grand nomadisme des Chasseurs/Premiers Pasteurs .

Ces lieux apparaissent dans la vénération religieuse comme des points de contact Ciel/Terre : lieux de présence choisis par les forces célestes. Ils manifestent la conscience, dans la pensée religieuse, de. l'identité du feu souterrain qui jaillit dans le volcanisme et du feu qui brille dans les étoiles.

 

Des lieux sacrés conçus en miroir du ciel

Typique de ce concept est la définition romaine (héritée des Etrusques transmetteurs d'une culture venue d'Orient) du "templum" : le mot a désigné d'abord un "rectangle dessiné dans le ciel" avant de désigner le monument terrestre destiné à être la demeure des images sacrées. La démarche religieuse s'exprime ici clairement : le Temple sera, à l'imitation d'Orion et de ses Trois Rois, un rectangle abritant une triade de figures sacrées, que l'on s'efforcera d'orienter selon le mouvement des constellations, c'est-à-dire sur un axe Est-Ouest, Orient-Couchant.

Ce même concept implique une topographie sacrée privilégiant des lieux de rassemblement dont le relief et les éléments peuvent évoquer par leur disposition l'ensemble du secteur céleste Hyades/Orion/ ChienSirius/Gémeaux/VoieLactée.

 

Les figurations gigantesques dessinées au sol, en miroir des constellations-repères saisonnières (exemple : le grand cheval de craie du "Dragon Hill", Uffington, U.K.) paraissent ainsi conçues pour être vues du ciel et signaler aux énergies vitales (les "âmes") en voyage vers les réincarnations printanières, le lieu où le groupe humain les attend religieusement. Dans le choix et l'inauguration du lieu sacré, le moment saisonnier de la "Lune au Taureau" se manifeste quasiment partout comme un moment privilégié. Légendes et images en témoignent en Egypte, en Béotie (Cadmos), à Troie etc.: ce sera le bovin errant marqué d'une lune blanche qui désignera l'emplacement du lieu saint. Le rite de fondation se calque ainsi fidèlement sur la séquence mythique qui, elle-même, interprète et dramatise le tableau sidéral.

 

 

 

Lever héliaque
La première réapparition d'une constellation saisonnière, qui avait disparu depuis des mois, la fait surgir à l'Orient, l'horizon Est, à la fin de la nuit. C'est l'endroit où le soleil va se lever. Bientôt les premières lueurs émanées du soleil envahissent l'horizon qu'elles colorent de nuances délicates : c'est l'aurore "aux doigts de rose". Dans cette lumière, les points brillants de la constellation se fondent et disparaissent : c'est le "lever héliaque", le lever dans le soleil de cette constellation.

Lever nocturne
Cette constellation va rester "enlevée", invisible dans le jour, pendant des mois, Puis, remontant peu à peu le cours des heures, elle finira par échapper à la lumière solaire qui nous empêche de la voir : un soir, enfin, elle se lèvera à la tombée du jour. Ce sera son lever vespéral ou lever nocturne. Nous pourrons la voir graviter dans le ciel sombre pendant la nuit entière ; elle sera alors le tableau d'étoiles qui marque, qui "signe" une saison.

Une saison toute différente de celle qui a vu son lever héliaque, une saison caractérisée par une météorologie, par un aspect de la nature et des ressources qu'elle offre aux humains, par des occupations de survie, tout différents voire opposés. Si bien que la même constellation va être vue et interprétée différemment.
Conçu vraisemblablement vers - 4000, le mythe de la "Naissance d'Orion" transmis par la Béotie le montre bien : vue lors de son lever héliaque en automne, à la saison des pluies, comme la "Grande Peau de Boeuf" céleste copieusement arrosée, la constellation demeure "enterrée" pendant des mois. Quand elle réapparaît au printemps, c'est la saison de toutes les renaissances : la silhouette d'étoiles est alors vue comme un bel "Enfant Géant", Oar-Iôn, Orion.

 

 

Un couple très particulier 
l'équidé et le bovin, l'âne et le boeuf


Nous avons vu l'importance dans la religiosité de la constellation qui marque l'entrée dans le secteur-signal étincelant, le triangle des Hyades marqué de l'oeil rouge Aldebaran posté sur le passage de la lune.

 

Or, dans le cas de cette figure inaugurale, l'opposition entre les deux saisons d'apparition se double, pour l'observateur, d'une opposition dans le mouvement de la figure.

  • Lors de son lever héliaque, la Tête triangulaire Hyades-Taureau apparaît après le vaste corps de l'animal qui s'étendait autrefois, selon Aratos, beaucoup plus loin, incluant les actuels Bélier et Poissons (la silhouette même du Bison de Lascaux). Ce vaste corps vient de défiler à la fin de la nuit au-dessus de l'horizon Est. L'animal céleste apparaît ainsi à reculons : le Taureau de la caverne souterraine "sort à reculons" (mythe d'Héraclès et Cacus) et la Tête retournée. Cette tête retournée marque la quasi totalité des représentations du Taureau mythique, du Bison de la grotte Cosquer (- 14 000) près de Cassis au Buffle de Lao Tseu en Chine, en passant par les images du Minotaure et du Taureau de Mithra.
  • Passent les mois, changent les saisons : lors de son lever nocturne, la même tête triangulaire à l'oeil rouge précède le grand alignement Aldebaran-Trois Rois-Sirius qui va se dévoiler progressivement. Si cet alignement, agrémenté de la mantela en encolure courbe, est interprété, comme nous l'avons vu , en Coursier céleste, le triangle à l'oeil rouge devient cette fois la tête de ce Coursier qui s'élance dans le sens direct pour parcourir la nuit de l'Orient au Couchant. Le voilà devenu tête d'Equidé, Onagre, Ane, Cheval.

 

une extraordinaire collection d'idéogrammes calendaires. On y voit figuré, dans un contexte de festivités marquées par la musique et la danse, ce Cheval dont la tête s'orne des cornes du Buffle (le Taureau qu'il a été en son lever héliaque) : un "Cheval masqué en Taureau"

 

A travers ce jeu idéographique on aperçoit deux grandes cérémonies saisonnières complémentaires, visiblement en rapport avec le passage de l'énergie vitale à travers la Mort, opérées à six mois d'intervalle.

  • La première paraît être déclenchée au lever nocturne des Hyades, elle est imprégnée de l'angoisse suscitée par la venue de l'Hiver et le danger de mort qu'il fait courir : les rites de transe et les sacrifices évoquent la course des âmes à travers la mort vers une nouvelle incarnation, la Tête étoilée évoque cette chevauchée, elle est lue en Tête d'Equidé.
  • La seconde semble avoir pour signal le retour, guetté avec ferveur, de ces mêmes Hyades entraperçues dans leur lever héliaque. La fête se déroule dans l'exaltation des nourritures retrouvées, dans la perspective de la fécondité, de la nuptialité, des heureuses naissances qui vont suivre et du lait maternel, tout ce dont les bovins nourriciers sont le symbole : le signal saisonnier devient cette fois la tête, tournée vers les humains, du Taureau ou de la Vache céleste ressurgis de leur caverne souterraine. Et les cornes du Bovin, annonciatrices de la prospérité que l'on espère

 

Course nocturne en automne, lever héliaque au printemps, voilà qui nous situe, si ces célébrations ont été conçues dans la préhistoire, vers - 26 000. Leroi-Gourhan, dans sa longue expérience de la peinture rupestre, avait eu l'intuition de la valeur idéographique du couple complémentaire Equidé-Bovin : il le supposait lié aux notions de masculinité et féminité. Notre étude nous conduit à voir dans l'association des deux images, la notation d'un ensemble de manifestations religieuses plus complexe, toujours en rapport avec la survie par la fécondité, mais où l'idée d'un trajet saisonnier des énergies vitales à travers la mort vers une réincarnation joue un rôle essentiel.

 

De fait, nous voyons encore sur les gravures représentant le Domaine des Morts, en Chine et dans l'Océan Indien, le couple de Mia Men, "Face de Cheval" et Niu Tou "Tête de Buffle", armés du Trident, conduire les âmes des défunts dans leur parcours de purification.

En Europe, l'Ane et le Boeuf apparaissent ensemble au musée de Saint Germain sur l'autel du Cernunnos celte aux yeux clos (passage par le domaine de l'Invisible). Ils viendront jusqu'à nous, christianisés, pour veiller, toujours de pair, dans la caverne-crèche, sur la naissance, au solstice d'hiver, de l'Enfant Divin.

 

 

Tous les calendriers anciens ont été lunaires à l'origine.

La lune maîtresse de calcul

La "mesure" offerte par le cycle lunaire, 28, 29 nuits, parfois 30, arrondis dans la plupart des traditions en 28, présentait à l'esprit humain un jeu de nombres particulièrement maniables.

Les phases successives divisent l'unité de l'astre (le 1) en 3 images différentes (Croissant, Pleine Lune, Croissant) ; thême de l'Unité dans la Triplicité. L'importance de ce 3 se renforce du fait que la Pleine Lune garde sa rondeur lumineuse 3 nuits de suite, de même qu'elle disparaît pendant 3 nuits. Cette disparition complète (le rond noir qui figure sur nos calendriers) succédant à la métamorphose en 3 phases, lui donne  4 apparences successives. Ces 4 apparences divisent les 28 nuits en 4 périodes de 7 (la "semaine", nombre qui, joint au nombre des étoiles de la Pléiade annonciatrice, devait devenir un nombre sacré fondamental). Ces 4 périodes de 7 pouvaient, en considérant l'avant et l'après Pleine Lune, se grouper en deux périodes de 14 (les "fortnight" conservés en Grande Bretagne).

Ajoutons qu'aux yeux des Anciens, il fallait 9 nuits de "gestation" au croissant nouveau pour qu'il atteigne sa renaissance de pleine lune (les "Nones" du calendrier romain qui précèdent la pleine visibilité des "Ides" (Vid, Id  : voir). S'ajoutant aux 9 mois solaires qui amènent d'ordinaire une grossesse à son terme, ce 9 lunaire, si riche de possibilités mathémathiques, restera considéré comme le nombre-clef de la croissance de tout embryon (le "nombre de Hèra" pour les Pythagoriciens, le nombre d'Isis en Egypte, le nombre de Gwan Yin, la "donneuse d'enfants", en Chine,  le nombre symbole de l'incarnation de l'énergie cosmique dans une créature terrestre.


Maîtresse du calcul du temps, maîtresse de pensée

Citons Mircéa Eliade (Images et Symboles):

La lune mesure le Temps. Les rythmes lunaires marquent toujours une "création" (les nouvelles lunes), suivie d'une "croissance" (la pleine lune), d'une décroissance et d'une "mort" (les trois nuits sans lune).
C'est très probablement l'image de cette éternelle naissance et mort de la lune qui a aidé à cristalliser les intuitions des premiers hommes sur la périodicité de la vie et de la mort et a dégagé par la suite le mythe de la création et de la destruction périodiques du monde...

Le symbolisme lunaire de "naissance-mort-renaissance" est manifeste dans un grand nombre de mythes et de rites.


Et encore (Le sacré et le profane) : On peut parler d'une "métaphysique de la lune"...

Cette Maîtresse de pensée se situe, dans son orbite, entre la Terre et le ciel étoilé. Position intermédiaire. Elle sera, dans la fabulation mythique l'Envoyé, le Messager (MSh, Mes, Mis :Her-Mès, Arte-Mis) délégué par la ou les puissances célestes créatrices pour apprendre aux créatures du monde "sub-lunaire" à déchiffrer l'Univers. Quand la puissance créatrice supérieure sera vue comme une matrice cosmique féminine, cet Envoyé sera masculin : Sin le Mésopotamien, Ptah l'Egyptien, maître de calcul, découvreur de toute juste proportion, Menuo le Slave. Quand, après la "bascule des religions", la puissance créatrice supérieure sera conçue comme masculine, l'astre messager  deviendra "la" lune

 

 

l'An solaire ne contient pas un nombre simple de mois lunaires : ni 12, ni 13. Il s'en faut de 11 jours (10,875) pour qu'il totalise 13 lunes. Problème.

Problème grave. Car le cycle solaire est le Cycle des Saisons, marqué par

  • un point haut, nuits courtes : Solstice d'Eté (21 Juin)
  • un point bas, nuits longues : Solstice d'Hiver (21 Décembre)

Ces deux points sont séparés par deux moments-clefs intermédiaires où la durée de la nuit est égale à celle du jour.

  • Equinoxe d'Automne (22 Septembre)
  • Equinoxe de Printemps (20 Mars)

Ce cycle des Saisons, en modifiant notre réception du rayonnement solaire, s'impose comme une donnée fondamentale de la Vie sur la Terre.

 
Quand les "lunes" vagabondent dans les saisons

La succession des "lunes" est indépendante de la succession des saisons et des métamorphoses de la Nature que cette succession implique. Le calendrier lunaire pur est "vague" : si on donne un nom inspiré d'une circonstance saisonnière (par exemple, pour un mois proche de l'Equinoxe de Printemps, la "Lune du Réveil de l'Ours"), à chacun des mois lunaires composant une série de 12, cette série sera terminée avant que l'An solaire soit achevé.

 

On devine que ce n'était guère supportable, pas plus pour les Chasseurs-collecteurs que plus tard pour les Premiers Agriculteurs. L'Humanité, dans ses activités vitales, a besoin que chaque nom de mois puisse évoquer des conditions météorologiques et des activités saisonnières (soulignées par des rites) précises et identiques chaque année.
L'Invention des premiers calendriers réharmonisant cycle lunaire et cycle solaire apparaît comme la première épopée mentale de l'humanité.

 

"Embolisme" de la Treizième Lune

Le retard pris par les cycles lunaires sur le cycle solaire étant d'un peu moins de 11 jours, au bout de trois ans (solaires), ce retard va être voisin de 30 jours. Ce sera le moment d'ajouter aux douze mois  précédents un treizième mois supplémentaire.
Par cette intercalation (grec : "embolisme"), on remet les apparitions/disparitions de la lune en accord, en "harmonie" avec les saisons (cette Harmonia deviendra un personnage mythologique).

Cette Treizième Lune est la jumelle de la précédente. Victoire de la pensée humaine. Cette union des cycles célestes qui régentent la vie des créatures terrestres réalisée par le calcul humain.

L'expérience a montré que pour parvenir à une "Harmonia" quelque peu durable, il faut ajouter deux mois lunaires supplémentaires sur un cycle de cinq ans. On mesure l'importance de ces intercalations de Treizièmes Lunes : elles imposaient le notion de cycles pluriannuels. Lesquels se devaient d'être marqués par de grandes célébrations de Fin de Cycle/Entrée dans un Temps Nouveau, marquées de pélerinages terrestres ou marins (Cycle delphique, cycle déliaque, etc) Source évidente dans la mémoire collective. d'images sacrées inoubliables.

Au cours des millénaires, une recherche tenace s'est attachée, dans chaque culture, à concevoir des cycles pluri-annuels de plus en plus précis.

 

La "Grande Année" de 19 ans

Ce cycle, en 235 lunaisons, couvre 6940 jours, alors que le soleil en parcourt 6939, 76 heures, 32 minutes. Approximation assez satisfaisante

tous les 19 ans de grands rassemblements cérémoniels (où l'on célébrait précisément le "jumelage" du cycle lunaire d'Artémis avec le cycle solaire d'Apollon)

la petite palette trouvée à l'abri Blanchard (Dordogne, Aurignacien) notait bien, comme l'avait pressenti Alexander Marschak ("The roots of Civilisation") deux mois lunaires successifs, mais que les minuscules cupules et encoches qui y sont gravées représentent avec une exactitude toute "scientifique" la succession des phases de la lune sur deux mois successifs bien particuliers : ceux qui précèdent, au Printemps, l'entrée dans un cycle de 19 ans.

En établissant ainsi que, vers - 32 000, au temps de la pierre taillée, une culture élaborée avait défini et utilisait comme une donnée de son existence collective la "Grande Année" en la faisant commencer, comme l'usage en est resté longtemps, à la Nouvelle lune de Printemps.

 

dans ces régions proches de l'Atlantique qui sont pour nous les plus riches en sanctuaires rupestres, un cérémonial de renouvellement de cycle, opéré à l'apparition de l'alignement (la Stulè : colonne et repère) couronné par la tête du Taureau et marqué en son milieu par le Géant au Trident Trois Etoiles : ce cérémonial magnifie l'adjonction d'une Treizième Lune, jumelle de la précédente (Eu-mèlos : "bon accord")

 

Mais la palette gravée de l'Abri Blanchard nous donne à penser que ce cycle si usuel avait déjà paru insuffisamment performant à certains astronomes religieux qui s'efforçaient depuis le paléolithique de trouver de meilleures solutions..
La "Grande année de 19 ans", par les prestigieux rassemblements qu'elle suscitait, fut sans doute un des éléments récurrents les plus remarquables de la vie religieuse des âges de la pierre.

 

le long et étroit couloir observatoire de cet édifice, avant son déplacement, était orienté précisément sur l'apparition à la fin de la nuit des Trois Rois d'Orion, le rayon de soleil levant succédant à cette apparition, parcourait soudain l'obscurité du temple, pour révéler tout au fond, de façon saisissante, les trois figures sacrées osiriennes.

 

Comment, en effet, le souvenir des festivités impressionnantes qui marquent les "Passages de Cycle" peut-il se transmettre dans la mémoire collective ? Sous une forme condensée : celle d'une image symbolique, image sacrée à l'origine, qui suffit à les évoquer. Cette image et le nom qu'on lui donne, résument l'ensemble des actes qui marquent la célébration saisonnière

 

Comment se construit cette image ? A partir des éléments qui ont donné le signal des festivités . Quels sont ces éléments ? Essentiellement le symbole du mois lunaire mis en relation avec la silhouette de la constellation-repère.

C'est ainsi que nous voyons apparaître et rivaliser au cours des millénaires trois grandes figures emblématiques dont l'image et le nom évoquent l'apparition de trois calendriers cycliques successifs.

Atlas : le premier (selon Diodore) calendrier "atlante"

Le Géant au genou ployé, posté au voisinage du dragon Ladon, en son "Jardin" où se dresse l' "Arbre au Serpent" marqué des "Trois Pommes d'Or", est réputé "Porteur du Ciel".
Cette image de "Porteur", c'est précisément ce que suggère son nom. Le vocable

ATL
Tel, Tol, Tal
(Tlaô, Tollo : je porte avec effort, je supporte, j'emporte)

Ce vocable engendre une riche famille de mots, qui, du profane au sacré, du "talon" (talos, talus) et au "support de balance" (tal-enton) qui pèse les âmes et leur valeur (talent), s'illustre dans les noms de Géants fabuleux, déclencheurs de festivités sacrificielles dramatiques (Talos, Tan-Talos, Tel-Amon). Une famille de noms millénaires qui fleurit particulièrement dans les Cyclades, mais qui semble avoir franchi le détroit de Behring. Atlat : désigne le "support de javelot", le propulseur aztèque, et le grand Tohil, qui fit jaillir le premier feu du frottement de sa sandale, est la divinité éponyme des Toltèques les concepteurs du calendrier astronomique le plus complexe que nous connaissions.

L 'Etolie (Grèce du Nord) a gardé trace d'une forme féminine du nom d'Atlant : Atalante. Là encore, les Trois Pommes d'Or jouent un rôle décisif : le mythe montre, dans un contexte de chasseurs lanceurs de javelots, la Chasseresse blanche imbattable à la course et tueuse de jeunes hommes, obligée de marquer un arrêt, dans son parcours sacrificiel, devant les Trois Fruits fatidiques avant d'être unie à son vainqueur, Mélaniôn ou Meleagreus, le "Chasseur Noir". La séquence peut donner une indication sur le déroulement du cérémonial de Passage de Cycle : déclenché à la Lune (le mois lunaire) qui voit paraître le Géant Chasseur nocturne aux Trois Etoiles, il fait succéder à une tuerie sacrificielle en forme de combats sélectifs une hiérogamie présage d'heureuse survie.

Ainsi l'Atl-Ant, qu'il ait forme féminine ou masculine, apparaît bien, conformément aux dires de Diodore, comme le premier "support" d'un calendrier stello-luni-solaire, digne de rester pour la postérité le symbole même du plus ancien savoir astronomique et de la connaissance de l'Univers.

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