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Collectif des 12 Singes (Al LU-SINON)


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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 16:19
• Animateur : Après t'être enfuie du monde de la prostitution nauséabonde, tu as donc fait un détour par la case « Star du X », milieu qui t'as tout autant dégouté, voire même plus ! Où en es-tu aujourd'hui dans tes choix de vie ?

• Ulla : « J'ai repris mon parcours prostitutionnel là où je l'avais laissé, mais en changeant radicalement de cibles ! J'ai en effet décidé de joindre l'utile à l'agréable en faisant œuvre sociale (encore plus que mes collègues) ».

• Comme tu le dis, tes consœurs (et confrères) font déjà du social en prenant sur elles les épanchements sexuels de clients qui ne peuvent ou ne veulent les soulager dans le cadre d'une relation classique, « préférant » un service marchand. Que fais-tu de plus, ou de mieux ?

• U : « Disons que mes compagnonnes d'infortune sont plutôt des généralistes et qu'elles prennent ce qui leur tombe sous la dent (façon de parler bien sûr, vaut mieux éviter d'y mettre les dents, au risque de railler le casque du client). Après avoir essayée différents marchés, je me suis spécialisée dans l'accompagnement (à défaut de traitement) de la pauvreté et de la misère sexuelle ! A présent, j'exerce devant des lieux stratégiques fréquentés par les socialement démunis (en termes financiers, familiaux, d'intégration professionnelle et/ou sociale, etc.). Même si je me sentais déjà utile auparavant, j'avais vraiment envie de faire plus : plutôt que de vider les bourses de clients obsédés par leur plaisir, je voulais donner de ma personne pour soulager à mon petit niveau ceux qui souffrent vraiment, ceux pour qui la vie est loin d'être une partie de plaisir ! Ça doit être mon éducation religieuse qui me pousse à cela, mais toujours est-il que je veux vraiment aider mon prochain en lui apportant en tant que pute un peu de douceur dans ce monde de brutes !!! »

• Finalement, telle une Robine des bois, l'argent que tu avais pris aux riches te permet de continuer ton activité en donnant du plaisir aux pauvres ?

• U : « Tout à fait, c'est un peu la « libido du cœur », en faisant des tarifs réduits sur des prestations qui ne le sont pas. L'idée est d'apporter écoute et soulagement à des gens que la société ne regarde plus, ou alors de travers ! Moi, je leur donne mon épaule pour qu'ils déballent ce qu'ils ont sur le cœur, puis je m'occupe de leur rendre un peu de dignité humaine en les valorisant sur les plans émotionnels, sensuels et finalement/éventuellement sexuels !!! En somme, je fais de mon mieux pour remettre ces gens dans le circuit de la vie en tablant sur un esprit serein dans un corps retâtant enfin du sein ! »

• Que dire de plus, si ce n'est que c'est une belle mission que tu t'es assignée. Respect ! Chapeau bas !!!

• U : « Merci, mais je ne le fais pas pour la gloire ! C'est tellement bon de se sentir vraiment utile, et un « Merci je me sens un autre homme, grâce à vous je reprends du poil de la bête ! » ça vaut tous les billets du monde !!! »

• Justement, as-tu un cas symptomatique à nous raconter pour que l'on comprenne bien en quoi consiste ton œuvre sociale ?

• U : « Eh bien, disons qu'il n'y a pas d'exemple type car la détresse sociale peut venir de tous les horizons, de la précarité professionnelle à la misère affective (autant sentimentale que familiale) en passant par la dévalorisation sociale. Mais je vais vous conter l'histoire d'un gars qui cumulait bon nombre de casseroles et qui s'en est sorti, un peu grâce à moi car je lui avais remis le pied à l'étrier, mais beaucoup grâce à lui car il avait retrouvé confiance en sa personne ! Il s'appelait Rémi et était sans famille depuis qu'il avait intégré l'armée, au grand dam de ses parents qui voulaient le voir reprendre leur petit magasin de province. Lui qui rêvait de grandes aventures fut servi pendant de nombreuses années à barouder autour du monde. Malheureusement pour lui, ce bon petit gars avait un cœur gros comme ça et le génocide du Rwanda l'écœura. Fâché avec sa hiérarchie qui ne voulait rien faire de spécial pour éviter le massacre des civils, il déserta les rangs et alla aider ceux qui avaient besoin de lui. Toujours est-il qu'à son retour en France il fut traduit devant un tribunal militaire et sa « grande muette de famille » lui tourna le dos, le laissant désarmé dans un monde civil indifférent à sa bravoure d'antan. N'ayant que très peu de formation si ce n'est celle du maniement des armes, il n'arrivait pas à se réinsérer dans une société qui ne voyait en lui qu'un soldat gros bras. Profondément marqué par les horreurs de la guerre civile, il ne voulait même pas sortir en soirée, histoire de s'en sortir ou du moins avoir un temps-mort ! Rejeté par les siens (naturels et adoptés), démoralisé au point de ne chercher ni un travail ni d'éventuelles fiançailles, il errait en ville comme une âme en peine, seuls les antidépresseurs le maintenant en « vie » ! Ayant horreur de voir des gens malheureux, j'allai bavarder un peu avec lui, prenant tous les deux un café pour nous réchauffer le cœur et le corps. Etalant au gré de la conversation ses désirs inhibés de retour à la société, il m'expliqua qu'il était sous tutelle médicamenteuse mais que ses antidépresseurs ne faisaient que le maintenir sous la dépendance d'un « paradis » artificiel. Poussant plus loin le questionnement, il m'avoua sans tabou que son plus grand désespoir était de se sentir « mou du bout », même s'il relativisait tout ça par le fait que de toute façon il ne parvenait pas à supporter sa situation actuelle et donc n'était pas en mesure de plaire à qui que ce soit ! Emue aux larmes par ce grand gaillard qui avait résisté aux balles mais n'attendait qu'une flèche en plein cœur de la part de Cupidon, je pris le GI Joe sous mon aile pour le conduire vers le 7è ciel. La première étape fut de lui faire comprendre qu'il n'avait plus besoin de ses béquilles pharmaceutiques, que son absence de trique devait se gérer directement auprès de l'organe sexuel par excellence, le cerveau ! Ainsi, je mis en place toute une stratégie pour le mettre à l'aise, faire comme s'il venait de me draguer et que j'étais tombée sous son charme (sachant qu'il était plutôt beau gosse, une fois rasé et habillé sans son survêt treillis). Dans une ambiance coquette et coquine, je cherchais à remettre en branle ses sensations et émotions par le biais d'une lumière tamisée aux bougies, d'une musique douce mais entraînante, de senteurs sexotiques, le tout épicé par une gestuelle sensuelle et langoureuse. Sachant qu'il avait été affaibli du chibre par ses médicaments, je pris mon temps pour lui faire monter le plaisir au cerveau puis le faire doucement descendre jusqu'à sa mécanique auparavant défectueuse. Toute en sensualité et sensibilité, je fis en sorte qu'il ait à nouveau envie et qu'il se rende compte qu'il était tout-à-fait capable de ressentir du bien, étape préalable au fait qu'il partage ce bien-être avec sa partenaire. Alors que c'était moi qui faisais le gros du travail, je sentais au fur et à mesure des préliminaires qu'il reprenait confiance en lui : ses gestes étaient de plus en plus sûrs, la tendresse faisait à nouveau son office, il prenait des devants qu'il n'aurait pas tenté il y a si peu ! La bête était seulement endormie, il suffisait de lui redonner du poil pour qu'elle se réveille !!! Suite à cela et au bonheur orgasmiquement - plutôt que pharmaceutiquement - chimique qui fit des étincelles dans sa tête, Rémi se sentit beaucoup mieux psychologiquement. Redevenant un homme dans sa partie intime (ce qu'il n'avait jamais cessé d'être, mais le sexe et le désir qui l'accompagne font partie intégrante de notre identité et de notre bien-être), il était d'autant plus d'aplomb pour se confronter au dur monde professionnel. Rassurer sur ses capacités à plaire et à faire du bien dans le travail au corps, il était remonté comme une horloge pour prouver ses aptitudes, ce qu'il fit à merveille dans son nouvel emploi de secouriste. Avec l'accord des psychologues traitant sa dépression - anciennement - chronique, il remplaça progressivement sa chimie industrielle par de nouvelles rencontres (non professionnelles) et la chimie émotionnelle induite. Il était à nouveau valorisé socialement autant que sexuellement, l'un allant avec l'autre dans son cas comme pour tant d'autres névrosés car frustrés de par leurs conditions de sous-homme psychologiquement et/ou socialement inventées ».

• Effectivement, encore une belle preuve de ton utilité sociale. Comme quoi, il suffit d'une petite pichenette pour que la confiance en soi et en les autres reparte et qu'elle alimente un cercle vertueux où tout ne peut aller que de mieux en mieux !

• U : « Exactement ! Ce n'est pas moi et mes modestes services qui vont solutionner les problèmes de précarité sociale/professionnelle//sentimentale/sexuelle, mais j'apporte ma petite pierre à l'édifice et cela peut (et doit) servir de première marche pour enfin remonter l'escalier de l'épanouissement personnel !!! »

• Bien résumé Ulla ! La démarche ne peut qu'être personnelle, mais c'est sûr que tu remets beaucoup de choses en mouvement ! Ce n'est pas tout ça, mais on va te laisser vaquer à tes saines occupations sociales.

• U : « Oui, d'autant plus qu'avec la crise, je ne chôme pas avec les chômeurs et autres précaires au bout du rouleau ! »
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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 18:22
• Animateur : C'était en fait les prémices à la renaissance et à la reconnaissance de ce métier telle que dans l'Antiquité ?

• Historienne : Comme dit plus tôt, dans l'Occident médiéval, l'Eglise toute-puissante ne jetait pas la pierre à la pécheresse, inspirée en cela par l'exemple biblique de Marie-Madeleine. Les « châteaux gaillards » fonctionnaient tout à fait officiellement. Mais ce bel équilibre fonctionnait en temps de paix car en période de conflits, viols et exactions étaient l'apanage des combattants (même les croisés). Après la « libération » de la Renaissance, la période suivante avec la Réforme et la Contre-Réforme vit un « détournement de la sexualité », un retour de balancier avec un renouveau de l'ordre moral. A la suite du Concile de Trente, l'ambiance de tolérance légale et judiciaire à l'égard de femmes qui incarnaient dans la vie sociale les figures érotico-vénales prit fin. On assista alors à une marginalisation croissante des prostituées, qui étaient à la fois cantonnées et taxées, écartées et intégrées. Même le climat de la cour des papes changea après le Concile : il n'était plus possible de mener une carrière de courtisane « honnête » et cultivée, comme celle d'Imperia/Lucrezia dont le salon avait été fréquenté par les humanistes de l'entourage du pape Jules II. Pourtant ce n'étaient pas des conduites sexuelles scandaleuses qui en faisaient, de plus en plus, un gibier d'inquisition. En fait le Saint Office s'intéressait aux incantations « magiques » (à la différence des médecins, les religieux ne s'intéressaient pas directement à leurs savoirs sur le corps - qu'elles manipulent, embellissent, parfument et soignent par la parole - et à l'usage illicite qu'elles pouvaient en faire), conjurations et oraisons « pour l'amour » qui semblaient être un savoir spécifiquement lié au métier : complexité culturelle de ce savoir (entre oral et écrit, entre manuscrit et imprimé) et lien à la performance rituelle dont les prostituées étaient reconnues comme les seules officiantes efficaces, c'était dans l'ambivalence (sociale, culturelle et symbolique) des prostituées que s'enracinait leur pouvoir d'intermédiaires. La détention supposée d'un savoir tenait, d'une part, à leur connaissance intime et secrète du corps et des manifestations physiques et mentales du désir et, d'autre part, à la position marginale et clandestine dans laquelle elles se trouvaient de plus en plus cantonnées. La prostituée pouvait donc, tout particulièrement à cette époque, incarner la figure, par ailleurs bien attestée, de « l'illettrée-savante ». De plus, l'oralité qui véhiculait les connaissances des prostituées, reposant sur l'idée d'une force non seulement des mots mais de la voix, évoquait le « chant des sirènes », métaphore qui renvoie à leur capacité merveilleuse d'attirer les hommes et de les enjôler. Vers le milieu du XVIè siècle, une série d'ordonnances déclencha le mouvement de ségrégation. En 1549 on interdit aux prostituées d'habiter certains quartiers de Rome, en 1556 de se confondre avec les « honnêtes femmes » à l'église et en 1557 de racoler pendant le Carême (cette clandestinité allait de paire avec le caractère secret de leur savoir, surtout que lire et écrire étaient des compétences d'autant plus puissantes que pour les acquérir elles s'étaient heurtées à l'interdit social ; face à la conception dominante qui voyait dans l'apprentissage de la lettre une discipline chrétienne de l'âme et du corps, émergeait donc une tout autre pratique). En 1566, Pie V, avec son projet de les confiner dans un espace qui leur soit propre, inaugura le tournant répressif de la Contre-Réforme : trois ans plus tard, on commença à circonscrire de murs et à fermer de portes leur quartier réservé, qui devint un véritable ghetto, et à cela s'ajouta le renforcement de la pression fiscale (notamment diverses taxes pour financer les travaux publics). Dans ce contexte, la fondation de refuges pour accueillir et éduquer les « repenties », pratique déjà courante à l'époque médiévale, prit une signification nouvelle par rapport à l'ambivalence ecclésiastique et normative antérieure - pour qui la prostitution était un phénomène à tolérer à l'intérieur d'une politique de contrôle social de la sexualité. Désormais le rachat pédagogique des prostituées était plus ou moins assimilé à celui des figures de l'altérité absolue, juifs et musulmans, eux-mêmes diabolisés car exclus de la grâce de Dieu. Cependant la persécution judiciaire et le projet de moralisation promus par les autorités de l'Eglise cohabitaient paradoxalement avec la liberté d'exercer des prostituées qui payaient les taxes communales, ce qui affaiblissait singulièrement les principes proclamés d'une telle politique et inaugura une longue période de double jeu. Plus mobiles, plus dissimulées et plus nombreuses, les femmes qui, entre XVIè et XVIIè siècles, se vouaient au commerce du sexe, devaient affronter les normes rigides promues par la Contre Réforme. A cause de leur métier et des pratiques irréligieuses, blasphématoires et sacrilèges qui lui étaient associées, elles devinrent un gibier d'inquisition. Les prostituées tombaient donc sous le coup de la loi inquisitoriale, mais moins parce qu'elles exerçaient un métier scandaleux (celui-ci, s'il se conformait aux règles locales, n'était pas, de fait, interdit), que parce qu'elles posséderaient des connaissances spécifiques, un corpus de textes efficaces, une compétence énonciative qui, faisant intrinsèquement partie des instruments de leur office, les plaçaient en marge du peuple chrétien. En France (depuis 1560), en Espagne (depuis 1632) et dans tous les pays protestants, la prostitution sera ainsi pourchassée (assortie d'une condamnation du proxénétisme), mais comme les actions seront plus ou moins sévères et plus ou moins persévérantes, suivant les époques, le phénomène va perdurer : il lui suffisait de s'adapter, et de se développer dans la clandestinité. La politique royale de répression commença en 1560 avec l'ordonnance d'Henri I décrétant la fermeture des bordels dans toutes les villes de France. Pour autant, le Roi-Soleil fut déniaisé fort jeune par une professionnelle, ce qui ne l'empêcha pas d'instaurer la Salpêtrière, cette abominable prison pour femmes « perdues » (pour qui ?). Lui qui aspirait à être « un parfait modèle de vertu », fut pourtant avec Henri IV le roi bourreau des cœurs par excellence (une chanson populaire chantait les amours du roi : « Laissez baiser vos femmes, les nôtres en font autant »). Sa carrière de séducteur commença d'ailleurs peu de temps après sa prise de pouvoir en 1661 avec la duchesse de La Vallière, qui fut sa première maîtresse (prendre une maîtresse, pour un souverain, ne relève pas seulement de la puissance virile magnifiée mais aussi d'une stratégie de pouvoir visant la politique tant intérieure qu'extérieure. Il eut avec elle quatre enfants, et commit un adultère simple car sa maîtresse n'était pas mariée (mais lui oui, depuis seulement un an, avec l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, sa cousine germaine, dans le cadre du traité des Pyrénées qui fixait les frontières entre la France et l'Espagne). Les choses se compliquèrent avec sa longue et prolifique liaison (1667 à 1681, huit enfants illégitimes) avec madame de Montespan, épouse du marquis du même nom. Avec elle, le roi commettait un double adultère. La faute s'accentua encore à partir de 1674, année où il séduisit la gouvernante des enfants qu'il avait eus avec la belle Athénaïs, la future madame de Maintenon (d'ailleurs choisi par celle qu'elle allait remplacer). A partir des années 1680, Louis XIV mit un terme à une longue vie de libertinage afin de s'acheter une conduite. Et ce furent les filles publiques qui firent les frais du revirement d'un monarque vieillissant sous l'influence du parti dévot et de l'austère Mme de Maintenon afin de se rapprocher d'un modèle éthique plus rigoureux. Le laxisme et la tolérance des siècles précédents disparurent à cause du « mal de Naples », la syphilis, qui progressait (la première tentative de sanitarisme dans le domaine de la prostitution remontait pourtant à 1360, avec l'établissement par Jeanne Ière, reine des Deux-Siciles, d'un bordel en Avignon où les filles étaient largement contrôlées par des médecins et une abbesse), mais aussi en raison du moralisme des protestants puis des catholiques, prônant un redressement des mœurs. Mais la fermeture des bordels et des étuves, la surveillance des cabarets et des auberges par la police conduisit les putes (du sanscrit poutri, qui signifie fille, dont le diminutif en serait pucella, et le péjoratif, putana ; il est à noter qu'il n'a été pris en mauvaise part qu'assez tardivement : quand un garde-suisse disait à Madame de Fontanges - une des maîtresses de Louis XIV - « Vous pouvez entrer, je sais que vous êtes la putain du Roi », il n'avait pas l'intention de l'offenser) à se cacher et à tomber dans la clandestinité et l'illégalité. Certains établissements existaient toujours malgré les interdictions sans cesse renouvelées (en 1619, 1635, 1644, 1667). Pour autant, la plupart des filles étaient à la merci des maquereaux (« maque » signifiait vente, métier de marchand ; de là sont venus maquignon, maquerel ou maquereau, ce dernier n'étant qu'un maquignon - vendeur de bétail au détail - de femmes) et autres ruffians (aventuriers) qui pratiquaient l'abattement de nez au rasoir afin de mater les rebelles ou les indépendantes. A Paris, pour tromper la police, elles s'habillaient comme les autres femmes, opéraient de jour et non de nuit, à proximité voire directement dans les lieux fréquentés. La grande majorité de ces fausses promeneuses, surnommées les « pierreuses » ou les « coureuses », étaient de pauvres filles venues des campagnes environnantes ou vendues par leur famille. La misère et les multiples crises du XVIIè siècle furent toujours les grandes pourvoyeuses de la prostitution, sachant que même les femmes mariées vendaient leur corps occasionnellement pour survivre. Pour éviter les rafles policières dans la rue ou les établissements clandestins, les proxénètes imaginèrent le système de call girls, ne gardant aucune fille à demeure. A la fin du XVIIè siècle, la police fut totalement débordée par toutes ces formes de prostitution, demandant même au roi la réouverture des bordeaux, plus faciles à contrôler, mais le roi refusa, préférant rester dans une logique d'enfermement, d'abord appliquée aux pauvres et mendiants à partir de 1656 avec la création des hôpitaux généraux, puis étendue aux prostituées en 1684 grâce à trois ordonnances. La première, datée du 20 avril, créa le délit de prostitution (l'ordonnance accorda au Lieutenant Général de Police à Paris des pouvoirs exceptionnels en matière de surveillance des mœurs, d'incarcération et de correction pour débauche publique et maquerellage), qui n'existait pas auparavant, et la peine de prison, qui devint avec l'enfermement dans les hôpitaux généraux une peine dégradante, souvent associée à d'autres humiliations comme la flagellation publique ou l'immersion dans une cage de fer. Les prostituées emprisonnées dans des maisons de force (maisons de correction où l'on enfermait, pour les redresser et les mettre au travail, les vagabonds, petits délinquants et les femmes condamnées qui ne pouvaient être envoyées aux galères) subissaient une peine de pénitence et de correction par le travail, la discipline et la religion. L'apparition de telles structures à l'époque moderne montre, à l'évidence, la volonté étatique de contrôler la sexualité féminine (et par extension la sexualité masculine), notamment transgressive. Au-delà de cette question singulière, l'ensemble de la société faisait les frais du « resserrement » de l'absolutisme et de l'investissement, du pouvoir royal, jusque dans le secret des chambres à coucher. A une religion qui se voulait répressive, sévère, désormais immiscée, par l'intermédiaire de ses représentants officiels, dans l'intimité de tous les sujets du Royaume, s'aggloméra une « morale » qui ne parvint pas à s'imposer à tous et à laquelle les autorités se voyaient forcées d'ajouter de véritables gardiennes, personnes physiques qui la matérialisaient, par leur travail et leur présence. Les établissements de pénitence (établis à la fin du XVIIè siècle et dans la première moitié du XVIIIè à l'initiative des municipalités et des évêchés, et confiés à des communautés de religieuses ; vingt-trois communautés étaient recensées dans le royaume de France, dont six pour la seule capitale), avaient un objectif explicite : corriger les vices et les comportements sexuels déviants dans de véritables prisons de la vertu. C'était ainsi près d'un millier de « pénitentes », « repenties », « madelonnettes » (épouses infidèles, veuves et célibataires en concubinage, femmes débauchées et prostituées) qui purgeaient des peines variées, composant d'étranges colonies de punies, ayant en commun le fait d'avoir eu des relations sexuelles hors mariage et d'être sous la surveillance de femmes qui avaient, théoriquement, fait vœu de chasteté. Luxure et chasteté féminines se retrouvaient ainsi enfermées dans une sorte d'étrange face à face, par les hommes de loi et d'Eglise. Apparues sous le règne de Louis XIV, ces institutions participaient largement à une atmosphère de « punition généralisée » visant à contraindre les corps et à les rendre plus « dociles ». D'ailleurs, les femmes ou filles débauchées étaient enfermées à la prière des familles, sur l'ordre de l'évêque, de l'intendant, du lieutenant général, du juge de police, du colonel de régiment ou du commissaire, et souvent c'était bien la délation (notamment familiale, ou de proches) qui conduisait prioritairement, bien avant les descentes spontanées de police, les prostituées aux établissements de pénitence. Déshonneur, impudicité, débauche, revenaient d'ailleurs sans cesse dans les demandes d'internement pour prostitution. L'honneur de la famille était « sali » par la présence, en ville, d'une prostituée qui porte le nom d'un lignage et qui se livre à une débauche sexuelle rémunérée, hors mariage, au mépris de la morale dominante (catholique ou protestante) et de la loi en vigueur. On comprend mieux alors que la délation familiale était un des principaux leviers d'enfermement de ces femmes transgressives. Pour autant, lors du placement d'une femme dans un établissement de « repenties », le délateur devait s'acquitter, pour son entretien matériel, d'une rente (100 à 200 livres annuelles) payée aux religieuses, de fait les catégories les moins aisées de la population étaient plus ou moins exclues de cette forme d'enfermement. Toutefois, les descentes de police compensaient certainement (par les rafles de prostituées, dont les rentes étaient alors acquittées par l'intendant) cette inégalité devant la répression. Mais, de ce fait, les prostituées (dont la police avait la charge de s'occuper) n'étaient peut-être arrêtées et incarcérées que lorsque l'intendant en avait les moyens financiers... Pour autant, par les risques sanitaires qu'elle représentait, la prostitution était la plus sévèrement réprimée des « déviances ». Les prostituées enfermées souffraient fréquemment de syphilis, ce qui pourrait laisser à penser que celles qui n'avaient pas contracté la maladie (les progrès de l'hygiène sexuelle chez les prostituées répondaient aux mêmes exigences de rentabilité : en lavant leurs organes sexuels après rapport et en utilisant des « antiseptiques » - permanganate de potasse ou eau de javel -, les filles soumises tentaient surtout de préserver leur « outil de travail ») disposaient d'une plus grande marge de manœuvre par rapport à l'enfermement, puisqu'il pouvait s'agir alors d'une simple « quarantaine » censée mettre les hommes à l'abri jusqu'à la mise en place d'un diagnostic fiable. Par contre, les femmes « contaminées » étaient sujettes à une répression systématique. Une fois enfermées sous la surveillance de deux ou trois Filles de la Sagesse, les femmes vivaient, pendant toute la première année de leur incarcération, isolées les unes des autres, dans une chambre qui leur était attribuée et dont elles ne pouvaient sortir que pour une courte promenade quotidienne. Cette pièce où elles mangeaient, dormaient et lisaient des ouvrages de piété, bien proche d'une cellule de prison, constituait l'essentiel de leur univers. Passé ce délai d'un an, qui semble correspondre à une étape de « purification mentale et corporelle » (ce qui peut expliquer qu'il corresponde chronologiquement au temps du noviciat chez les religieuses de la Sagesse), les femmes retournaient à une vie communautaire de type conventuel : assistance aux offices religieux, apprentissage du travail manuel, oraison, repas pris, en commun, au réfectoire... L'objectif était bien sûr de les transformer en religieuses, dans le sens de la sauvegarde des âmes perdues et du retour des pécheresses au sein de l'Eglise. Elles devaient avant tout expier leur crime envers le mariage, la famille et l'ordre public car elles attaquaient les bonnes mœurs et la tranquillité publique, en risquant de contaminer la société par l'exemple de leur débauche mais aussi, et surtout, par leurs infections sexuellement transmissibles. Jugées à plus de cent dans le tribunal, sous les huées du public, les prostituées devaient écouter la sentence à genoux pendant qu'on leur tondait les cheveux, puis on les envoyait en maison de force en charrette découverte sous les insultes et crachats de la population. Il existait également des maisons de correction où des filles débauchées étaient envoyées là par leur famille (grâce à la seconde ordonnance royale de 1684), permettant aux parents pauvres de faire enfermer dans les hôpitaux généraux leurs enfants « libertins, débauchés ou paresseux » pour y être corrigés par le travail et la religion (les débauchés masculins étaient incarcérés à l'Hôpital Général, et une certaine « élite sociale » à la prison Sainte-Pélagie à partir de 1684). Pour se débarrasser de ces marginales, elles étaient quelques fois déportées dans les colonies du Mississippi ou des Antilles (à partir de 1663 pour envoyer des blanches en Martinique, Guadeloupe et Saint-Domingue), chargées de force sur des navires marchands, mais cela donnait une mauvaise image de la monarchie et de la piètre considération qu'elle portait à ses colonies. Pour autant, grâce à une ordonnance de 1719 permettant la relégation et la transportation pénale, de nombreuses filles de joie furent recrutées de force et déportées. Mais cette déportation cessa en 1730 à cause des plaintes des colons soulignant la difficulté d'intégration des condamnées. Cette logique répressive s'accompagna d'autres ordonnances plus dures encore (mars 1685), interdisant aux prostituées d'approcher les soldats du roi (pour soulager la souffrance physique et psychologique des militaires à la caserne, ou l'horreur de la bataille), sous peine de nez et d'oreilles coupés. Sûrement qu'il se souvenait des problèmes qu'avait rencontré Jeanne d'Arc en son temps : vu la réputation sulfureuse qui s'attachait aux femmes escortant les troupes, Jeanne la Pucelle (pour ne pas être prise pour une prostituée, sachant que les Anglais la traitaient de « ribaude », ou plus poétiquement, de « putain des armagnacs ») dut faire le ménage dans son camp et donc « ordonna que tous les gens de guerre se confessassent et se missent en état d'être en la grâce de Dieu ; elle leur fit ôter leurs fillettes et laisser tout le bagage ; puis ils se mirent tous en chemin pour aller à Orléans ». Cela dit, périodiquement, elle devait faire le ménage dans son camp, car les filles, à peine chassées, revenaient proposer leurs services. Si bien qu'un jour, à Saint-Denis, au retour du sacre du roi, poursuivant une jeune prostituée l'épée à la main, elle brisa même son épée dans cette poursuite. S'agissant de l'épée miraculeuse découverte à Sainte-Catherine de Fierbois, tout le monde, à commencer par le roi, vit dans cette arme rompue le présage des futurs désastres. Que l'épée se soit brisée au contact du péché, ou que Jeanne ait péché elle-même par colère et orgueil, toujours est-il qu'il était sans doute plus facile de bouter les Anglais hors de France que les prostituées hors des armées royales (qu'elle aurait peut-être dû laisser faire, histoire d'éviter que son compagnon - d'armes - Gilles de Rais, qualifié de « Barbe bleue » nantais, ne violente sexuellement et physiquement puis n'assassine nombre de jeunes enfants et jeunes gens) ! Mais parallèlement à la répression, Louis XIV soutint des initiatives privées de refuges (différents donc des prisons de pénitence) créés par des prostituées repenties sous l'égide de communautés religieuses, pour aider les filles à changer de vie à travers l'expiation. A la fin du règne de Louis XIV, la politique répressive fut moins aveugle, tendant à distinguer différents degrés de prostitution (publique ou secrète) et à s'adapter au type de prostituée (professionnelle ou occasionnelle). Cette évolution aboutit à la déclaration royale du 27 juillet 1713, tenant de mettre un terme aux abus des rafles policières en distinguant deux types de délits, et donc deux traitement différents : le premier, celui de « débauche publique et vie scandaleuse » n'entraînait que des amendes ou des bannissements avec confiscation de biens au profit des hôpitaux généraux, le second, de « maquerellage, prostitution publique » entraînait une peine afflictive avec un procès. Ce dernier délit donnait aux accusées un minimum de garanties juridiques nouvelles par rapport aux ordonnances de 1684 : les dénonciateurs devaient prêter serment devant la justice, les poursuites policières devaient s'appuyer sur des preuves, les prostituées pouvaient faire appel. Mais malgré une législation répressive, une police aux pouvoirs discrétionnaires, la prostitution ne recula pas après la mort de Louis XIV, au contraire, elle explosa au XVIIIè siècle, notamment à Paris où l'on aurait compté 25 000 prostituées. Une des peines les plus fréquemment infligées aux criminels sous l'Ancien Régime, notamment aux femmes délinquantes, était le bannissement. C'est à dire l'exclusion, publiquement prononcée, hors de la communauté et de ses solidarités protectrices. Mais au cours du XVIIIè siècle, les juges réalisèrent combien ces bannissements étaient préjudiciables car ils projetaient plus avant les délinquants dans le monde des « sans-racines ». Dès lors, l'enfermement apparut comme le moyen le plus sûr de protéger le groupe. Après la période plus libérale de la Régence (« où l'on fit tout sauf pénitence » comme nous le dit Voltaire), la logique d'enfermement du Roi-Soleil fut reprise par ses successeurs, en dépit de son échec patent.

• Animateur : Le siècle des Lumières, la chute de l'ancien régime, les révolutionnaires puis les parlementaires bourgeois, firent-ils évoluer les choses ?

• Historienne : Avant la Révolution, la société dans son ensemble était alors caractérisée par la violence sexuelle. Dans la ville d'Ancien Régime (comme au début du XIXè siècle), la destinée d'une femme seule, sans appartenance, était souvent celle de la déchéance. Livrée aux appétits sexuels d'un maître entreprenant ou d'une bande de jeunes revendiquant une virilité toute neuve, solitaire et abandonnée des réseaux traditionnels (parentèles, amis, village), exclue des solidarités reconstituées, cette femme de personne devenait rapidement celle de tous, une femme publique. A partir de la seconde moitié du XVIIIè siècle, la corruption accentuée des mœurs devint un véritable leitmotiv : « Paris, capitale du royaume, l'est aussi du libertinage ». En 1769, le nombre de filles publiques était estimé à 25 000. Au bas de l'échelle il y avait les cabarets, les marchands de vin, certains lieux de passage (tels les débouchés du Pont-Neuf - et ses fameux amants -, de la rue Saint-Denis ...), la proximité des casernes et postes de garde, des marchés (place Maubert) et de quelques églises. D'une manière générale, les lieux de plaisir et de loisirs étaient des lieux de racolage : les prostituées s'aggloméraient autour des salles de spectacle (l'Opéra, « ce marché aux putains », la Comédie Française : les uns et les autres furent déplacés à plusieurs reprises, mais la prostitution survécut à chaque changement), les foires, les grands boulevards, lieux de promenades devenus « lieux de foire permanente », les jardins des Tuileries et du Luxembourg, les Champs-Elysées... Il y avait aussi les « maisons de débauche », les boutiques, les appartements ou simples chambres, toujours tenus par une maquerelle. Le quartier du Louvre venait en tête, suivi des rues de vieille tradition bordelière et à proximité des couvents, communautés d'hommes et écoles de la rive gauche. Le périmètre restait assez restreint, se limitant au cœur du vieux Paris de la prostitution. À Paris, débauche et prostitution étaient, comme partout, cantonnées dans certains quartiers (rues Putigny, du Hurleur, Tire-Boudin, Trousse-Vache, dont les noms rappellent la vocation depuis le Moyen-âge) autour de la rue St-Denis. Parmi les quartiers de prostitution, on remarque la nette prédominance de la rive droite, avec des implantations bien précises dans deux types de zones. La première était une zone pauvre, sordide, de basse prostitution, dans les vieux quartiers centraux d'habitation dense et de travail intense. Là, un certain nombre de rues formaient de véritables îlots réservés, foyers traditionnels de la débauche (quartiers les plus chauds, les plus sordides et criminogènes), où la prostitution était vraiment intégrée au tissu urbain. Par exemple, dans le quartier du Marais, une rue au joli nom bien trompeur, la rue du Petit-Musc (qui en porta un autre avant que la morale bourgeoise ne s'en offusquât), était au XIVè siècle une petite artère où les prostituées exerçaient leur métier, d'où son nom d'alors, la Pute-y-muse (« y cherche son inspiration/inspirateur »). Peu avant la Révolution, il y eut un déplacement des noyaux « chauds » en faveur de l'axe de la rue Saint-Honoré et autour du Palais-Royal (lieu de débauche le plus célèbre de toute l'Europe d'alors). C'est là que se trouvaient alors bon nombre de rues que Saint Louis avait déjà assignées aux prostituées, d'autres proverbialement vouées à la prostitution. Mais plus on se rapprochait du Palais-Royal, plus forte était la densité des arrestations, notamment sur la place du Louvre. Le jardin Égalité (de l'ex Palais-Royal) était en fait le « jardin-lupanar », le lieu où se tenait le grand marché de la chair : là, depuis neuf heures du soir jusqu'au milieu de la nuit, des centaines de filles de douze à quarante ans recrutaient, l'œil effronté, l'éventail en jeu, et faisaient étal de leurs appas, de leurs mines, de leurs toilettes. Elles rôdaient dans les allées, en sœurs promeneuses ; elles emplissaient les galeries en faisant leur quartier général des fameux « promenoirs en bois ». En 1781, le duc de Chartres, par besoin d'argent, avait fait abattre les arbres du Palais-Royal dont il était le propriétaire (le Palais-Royal avait été donné par Louis XIV à son frère) pour les remplacer par des galeries de bois et des boutiques ; la galerie du sud, appelée « camp des Tartares », était alors devenu un lieu de racolage. Les deux allées des promenoirs étaient une foire riante et continuelle : « deux à deux et se donnant le bras, les libertins fendaient, riant et folâtrant, la cohue des prostituées, dont les unes traînaient à leurs côtés une vieille ou une servante, dont beaucoup se pavanaient, et marchaient seules, dans les insolences de leur jeunesse pourrie » (dixit les frères Goncourt). La Révolution ne fit que découronner le front des filles de ces chapeaux chargés de plumes et de fleurs, les faisant plus simples en leur mise (au lieu de ces robes traînantes, « vrais balais du Palais-Royal » dont elles s'enharnachaient naguère), portant désormais des caracos simples, et leurs cheveux noués avec un ruban bleu. A l'ouest du Palais-Royal, en direction de la périphérie, la clientèle de la prostitution devenait plus huppée. On y trouvait les « petites maisons galantes » de la périphérie (pied de la Butte Montmartre, Bercy, Passy), faites pour le secret et devenant souvent des lieux de « standing » réservés à une clientèle de choix. Les « petites maisons » voulaient la discrétion, l'éloignement et un « calme champêtre », contrairement aux « maisons de débauche », aux bordels, qui eux recherchaient la proximité commode. Sur la rive gauche, quartier d'étudiants, de religieux, de commerçants et de loisirs, la prostitution était moins présente et moins diffuse. La rue de Mâcon était déjà une des rues réservées sous Louis XI, où la prostitution était intimement mêlée aux autres activités, un autre foyer étant autour de la place Maubert (près de la Sorbonne) jusqu'à la Seine, quartier de pauvres et de gueux où régnait la violence populaire. Ce quartier fut d'ailleurs le théâtre de la « guerre des cocardes » qui opposa en septembre 1793 les femmes révolutionnaires aux femmes du marché de la place Maubert. Face à l'obligation de porter la cocarde tricolore (sans précision de sexe), les femmes (notamment prostituées) réclamaient que cette obligation (symbole de citoyenneté) s'étende aux femmes. Le député Amar, au nom du comité de Sûreté générale, fit un compte-rendu des troubles qui jetaient la suspicion sur les intentions de femmes « soi-disant révolutionnaires » dont certaines avaient pu être égarées (nombre de femmes ouvrières criminelles et/ou prostituées essayèrent, lors des troubles et révoltes urbaines, de jouer un rôle, d'intervenir dans la politique et le gouvernement de la ville) et beaucoup « conduites par la malveillance » afin de provoquer des troubles dans Paris, au moment où se préparait le procès des Girondins. L'affaire devint alors une bataille de rue, entre les partisans du port de la cocarde obligatoire et les autres. Aux portes de Saint Denis, on menaçait les femmes qui la portaient, et à la Halle (haut lieu de prostitution, constellation se densifiant en direction de la rue Saint-Honoré), on menaçait de poignarder celles qui n'en n'avaient pas. En effet, comme souvent en période révolutionnaire, les prostituées mettaient leur métier entre parenthèses afin de se battre aux côtés des autres citoyens pour revendiquer leurs droits et ainsi aspirer à un changement de leur situation (soit par une reconnaissance de leur métier, soit - le plus souvent - par une remise à plat social qui ferait qu'elles n'auraient plus besoin d'être des esclaves du sexe pour des raisons économiques liées à un régime politico-économico-social déchu). A la périphérie du Paris ancien, étaient utilisés les jardins et guinguettes de la rive droite et sur la rive gauche les estaminets de la plaine de Grenelle : « Le vin, dont les droits étaient moins élevés que ceux de Paris en-deçà des Barrières, y coulait à bon marché et on y voyait la joie en guenilles faire danser la misère ». Aux environs plus lointains, étaient les abords de casernes (Saint-Denis), les cabarets ou les champs de Montmartre, et les carrières de Belleville. Au-delà des lieux, il est à noter que de 1765 à 1790, une place de plus en plus grande fut prise par les jeunes de moins de 25 ans. La plupart étaient célibataires (même si les parisiennes d'origine étaient plus jeunes, l'âge moyen des prostituées, 26 ans, était aussi celui du célibat féminin à la fin du XVIIIè siècle). Beaucoup des filles avaient une profession (ou en avaient eu une), menée de pair avec une prostitution clandestine ou d'appoint : le métier faisait partie intégrante de l'identité de la parisienne des milieux populaires (pour la femme du peuple, le problème ne se posait pas nécessairement en termes d'alternatives, l'un n'excluant pas l'autre, même de façon durable), sachant que les prostituées professionnelles notoires représentaient moins de 1%. Parmi les prostituées arrêtées, moins d'un tiers étaient originaires de Paris et de sa proche banlieue. L'aire de recrutement des immigrants était presque entièrement située au nord de la ligne approximative Saint-Malo-Genève, la ligne « Maggiolo », coupure culturelle et économique entre les deux moitiés de la France. Les gros foyers d'émigration féminine étaient les villes importantes et les bourgades moyennes, notamment dans les régions de Normandie, de l'Orléanais, de Champagne et de Picardie, principalement à cause de la crise du textile touchant ces provinces à la fin de l'Ancien Régime. La Bourgogne, la Franche-Comté et l'Alsace n'envoyaient guère de filles (pour autant, les villes de garnison et la mouvance de l'armée vers Paris expliquent les 7,5% de filles originaires de Lorraine). Le poids du déracinement est ici indéniable même si l'itinéraire qui mène à la prostitution ne passe pas seulement par la migration ; du moins en province, le monde des prostituées n'était pas encore celui des vagabondes ou des étrangères (les deux tiers des filles dijonnaises étaient nées dans la ville ou les campagnes proches ; elles résidaient pour la plupart depuis plus d'un an dans la cité, seules 15% d'entre elles ne faisaient que passer ou suivaient des compagnons d'aventure). L'éloignement familial, la disparition du père ou de la mère les avaient rendues tôt vulnérables. De même, la prostituée déracinée incarne le type même de la victime du fait de son déficit d'insertion sociale et des caractéristiques liées à son appartenance sexuelle. Cette femme était toute désignée pour devenir la proie d'une bande criminelle. Dans une société où la femme était pure ou publique, où la morale dominante était matrimoniale, être une célibataire affirmée (catins est d'ailleurs l'abréviation populaire de Catherine, qui dérive du grec « pur », la catherinette étant une femme de plus de 25 ans et toujours pas mariée ; au masculin, il s'agit d'un bassin qui reçoit le métal fondu) ou demeurer trop longtemps veuve faisait naître rapidement la suspicion et le mépris (le statut socio-économique de la veuve rendait sa situation inconfortable et parfois désespérée, ainsi l'étape de la prostitution pouvait succéder à celle de la mendicité ; il en était de même pour les femmes mariées délaissées, les unes et les autres représentant 6% des prostituées arrêtées). A jamais souillée, rendue psychologiquement et physiquement vulnérable, cette femme, deux fois victime, ne pouvait plus espérer rejoindre la communauté des habitants. Son seul échappatoire restait de s'intégrer au groupe interlope des exclus. Les solidarités reconstituées semblent, en définitive, apparaître comme une des ultimes réponses collectives et informelles aux dérèglements de la rue qui tendait à la fin de l'Ancien Régime à devenir l'espace de parcours privilégié des organisations criminogènes. A l'opposé de ceux pour lesquels la ville s'imposait comme un cadre définitif, équilibré et structurant de leur existence, de nombreuses provinciales migrantes voyaient la ville comme un espace étranger et hostile, et de fait allaient s'acheminer de manière heurtée vers des solidarités délictuelles transitoires. Ainsi la violence précède-t-elle souvent et naturellement la prostitution, c'est-à-dire l'insertion dans un nouvel espace de solidarités (celui des marginaux), tout en devenant l'ennemi déclaré d'un autre réseau d'entraide, et de protection, celui du voisinage. Les déviantes évoluaient en effet sous le regard de la communauté puisque la rue était leur espace de mouvement. Ainsi le phénomène prostitutionnel n'épargnait aucun lieu de la ville, s'insérait dans l'entrelacs de l'habitat privé, des cabarets, des recoins de porte... Cette visibilité du crime qui se diluait dans l'espace de vie suscitait des sentiments de rejet, de dégoût, de réprobation et de honte qui se déversaient au fil des témoignages du voisinage. Les femmes, qui constituent plus des trois-quarts des déposantes, étaient unanimes pour déclarer leur répulsion devant l'indécence de ces pécheresses et les rapports honteux qu'elles entretenaient avec des hommes de la plus basse extraction. De tout temps, le monde prostitutionnel cristallise de nombreux fantasmes, fonctionne tel un exutoire de toutes les tentations de la société, et, de fait, est enserré dans un système de mise en visibilité absolue auquel il n'y a aucun échappatoire. Le voisinage s'accorde ainsi pour condamner à l'unisson cette sexualité dévastatrice qui s'affiche impunément et que l'on traque au-delà de toute intimité. En effet, seule une minorité de libertines se trouvait en pension (maison close), alors que la plupart d'entre elles habitait à l'extérieur, au contraire d'ailleurs, de ce que connaîtra le XIXè siècle. En dépit de cela, les réseaux prostitutionnels s'organisèrent, se structurant et rationalisant le commerce de la chair. Les femmes non pensionnaires formaient certainement l'essentiel du bataillon mobilisable tandis que lors des moments d'influence, en fonction de certaines demandes ou selon les goûts des clients, les maquerelles allaient quérir des prostituées occasionnelles (il existait ainsi des réseaux performants de prostitution, entre différentes villes provençales). Les plus jeunes des filles publiques étaient résidentes, car non seulement elles étaient visées en priorité par les rafles, mais représentaient également les joyaux valorisant la collection d'un établissement qui s'enorgueillit auprès de sa clientèle de la jeunesse et de la fraîcheur de ces « tendrons ». Pour autant, les bordels n'étaient que très rarement des maisons fermées, puisque les filles venaient s'y débaucher puis repartaient. Dans ces maisons, clairement reconnues par tous comme des bordels publics, allaient des hommes et des femmes (ainsi que des étrangères, à la région voire au pays) de tout état. Etait alors objet de répression et non seulement de réprobation morale, religieuse ou sociale, tout crime contre les mœurs, tout « mauvais commerce » (« une union charnelle illégitime entre deux personnes de sexe différent », l'homosexualité étant encore plus sévèrement punie) : débauche, prostitution, libertinage, adultère, concubinage ou proxénétisme. Malgré un accroissement exceptionnel des moyens de répression policière, il y eut cependant recrudescence de la prostitution, exceptionnelle elle aussi par ses formes et son ampleur. S'il est vrai que la seconde moitié du XVIIIè siècle vit déferler la vague des prostituées d'occasion, des demi-vertus, il n'en demeure pas moins que le proxénétisme étendit son pouvoir, tendant ainsi à modifier et à codifier non seulement la prostitution professionnelle mais également le milieu des filles débauchées. Dans ce monde de l'amour vénal particulièrement sensible à la hiérarchie des conditions et des fortunes, le rang de la femme débauchée (de la courtisane de luxe à la prostituée de bas étage, la « pierreuse »), c'est-à-dire son pouvoir social, n'était pas sans effet sur la puissance du charme. Les prostituées provenaient des milieux miséreux, mais il y avait aussi une prostitution de luxe. La prostituée était appelée « fille du monde » (fille à tout le monde), alors que sur le « haut du pavé », le « peuple galant » englobait les demoiselles de spectacle, les femmes entretenues, les « courtisanes de bon ton ». C'est surtout dans le Paris du XVIIIè siècle que se déployait le petit monde des « courtisanes de haut vol », qui recevaient des cadeaux somptueux de « princes, seigneurs, fermiers généraux, étrangers cousus d'or » en échange de leurs charmes. Un fait frappe d'emblée : la répression réservait un sort inégal aux deux sexes. La réprobation visait essentiellement la débauche féminine, soit la prostitution, les « liaisons illicites » (les poursuites pour « vie débauchée » recouvraient souvent un concubinage qui était puni comme un délit, mais la seconde moitié du XVIIIè siècle vit cette répression se réduire) ou le proxénétisme. Lorsqu'il y avait « délit contre les bonnes mœurs et la chasteté », la femme était toujours la première coupable : les femmes seules, éternelles suspectes et dont le statut juridique était celui de la non-appartenance à elles-mêmes, se voyaient refuser l'état de sujets. L'intérêt que leur portait la police était fonction de leurs bonnes fortunes, c'est-à-dire de leurs amants. Ceux-ci pouvaient se voir inquiétés, mais pour se soustraire à une quelconque peine, il leur suffisait d'accuser la fille de « publique » ou de notoirement débauchée. Toutefois, la surveillance d'hommes « sujets à la police » (individus suspects, étrangers, libertins et fils de famille, « débauchés d'un libertinage outré » - tel le marquis de Sade - de prêtres débauchés ...) existait, mais leur poursuite était moins sévère. Le maquerellage, surtout féminin, « commerce regardé comme abominable », était passible de répression sévère, mais pouvait aussi jouir d'une certaine impunité lorsque les « matrones » des maisons acceptaient d'être des agents de renseignement de la police, ou lorsque la clientèle était faite de grands noms de l'aristocratie, de la bourgeoisie ou même de la noblesse de robe. À la veille de la Révolution française, on évalue à 30 000 les simples prostituées de Paris et à 10 000 les prostituées de luxe, ce qui est une preuve de l'échec des mesures de répression (pour mesurer l'ampleur du phénomène, si la proportion de prostituées était la même aujourd'hui - environ 13 % des femmes -, on aurait pour Paris intra-muros une population de plus de 100 000 prostituées). La Révolution française vit les femmes (notamment prostituées, du fait même de leur « statut » d'exclues des exclus du Tiers-Etat) intervenir directement, parfois avec force et conviction, dans l'action. Avant même la prise de la Bastille, action mémorable à laquelle elles ne manquèrent pas de participer, elles étaient déjà directement engagées dans l'action : on les vit aux journées des Tuileries, le 7 juin 1788, manifester contre l'exil des parlementaires, elles intervinrent dans les violentes manifestations pour la subsistance au printemps 1789. Le mouvement des idées durant le dix-septième siècle et surtout durant tout le dix-huitième siècle, posait l'éducation des femmes comme une condition indispensable à leur sortie de l'état de dépendance où les mœurs les avaient confinées jusque-là. Pour eux, il était préférable de faire le pari de la culture féminine, au risque de la préciosité, plutôt que celui de l'ignorance imbécile qui conduirait immanquablement à des catastrophes pour les femmes elles-mêmes comme pour la société à laquelle elles appartiennent. Pour l'immense majorité des femmes, la soumission absolue restait le lot quotidien. On pouvait donc s'attendre à ce que les révolutionnaires de quatre-vingt neuf soient reconnaissants aux femmes et leur accordent immédiatement ce droit à l'instruction qu'elles réclamaient de manière explicite, ainsi que les droits civils et politiques auxquels les plus engagées aspiraient légitimement. Dans la réalité du droit et des mœurs, c'est exactement l'inverse qui s'est produit. Loin d'en instituer les conditions de leur libération, la Révolution a conduit à enfermer les femmes dans leur rôle domestique, rendant ce dernier le plus étroit et le plus clos possible, les soumettant au pouvoir masculin absolu des pères ou des maris. De fait, en cas de problème, il ne leur restait plus que la mendicité, et, en dernier recours, la prostitution. Paris était justement un vaste théâtre de prostitution, auquel les cahiers de doléances des trois ordres, fait exceptionnel, consacrèrent un passage. Dès 1789, les 60 000 cahiers de doléances des diverses assemblées électorales, quoique rédigées en quasi-totalité par des hommes, n'oubliaient pas les revendications féminines, dont prioritairement l'ignorance où était maintenues les femmes, la misère tant physique que morale qui les frappait, la dépendance économique qui les réduisait à l'état d'esclaves (« Sire, nous demandons à être éclairées, à posséder des emplois, non pour usurper l'autorité des hommes, mais pour en être plus estimées, pour que nous ayons les moyens de vivre à l'abri de l'infortune »). Si les Cahiers de doléances restèrent timides pour ce qui touche aux mesures économiques, ils abordaient néanmoins la question de la mendicité féminine et de la prostitution, proposant, au-delà des bureaux ordinaires de charité, la création d'ateliers visant à donner aux femmes en difficulté le moyen de gagner honnêtement leur vie. Bien que les femmes pratiquaient déjà un métier (mais sans droit et sans liberté), ces cahiers demandaient pour la femme le droit de jouir de ses biens propres sans avoir à en rendre compte à son mari, celui de travailler librement afin de gagner sa vie et de prendre ses affaires en main. Il fallait en urgence aux femmes des garanties juridiques assurant leur « honnêteté » et leur sécurité (les carrières artistiques étaient habituellement considérées comme le paravent d'activités galantes et les menus travaux, le plus souvent clandestins, tenus par des hommes installés qui n'hésitaient pas à exploiter des femmes sans ressource). De la loi, elles n'obtiendront que bien peu de choses, les citoyens décidant seuls des lois visant à maintenir ces pseudocitoyennes en état de sujétion (état de celui qui est soumis à un pouvoir, à une domination). La contradiction entre leur rôle économique, social et leur statut civil et civique devint éclatante. Ainsi, la réaction générale masculine qui a accompagné la Révolution à partir de 1793-1794, tant dans le domaine du droit que des mœurs, a traduit une pensée profondément réactionnaire telle qu'on est en droit de considérer le XIXè siècle qui a suivi comme en régression par rapport à l'Ancien Régime, à tout le moins du point de vue de l'aspiration des femmes à l'instruction et à l'exercice des droits civiques. Pour montrer toute l'ampleur de leurs désillusions (tant sociales qu'économiques), à la fin de la Révolution, les prostituées s'affichèrent nues à leurs fenêtres et ne les fermaient même pas lors des activités de leur métier.
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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 20:33
• Animateur : Avec toutes ces traditions ancestrales, comment le christianisme naissant a-t-il envisagé les choses du sexe, payant ?

• Historienne : En 326, l'empereur (futur chrétien) Constantin se contenta d'édicter une loi qui spécifiait que les servantes de taverne pouvaient rendre certains services à leurs clients en toute légalité, sachant que la même prestation serait tenue pour un adultère si c'était la patronne qui l'assurait. Le premier empereur chrétien savait de quoi il parlait : sa mère, la future Sainte Hélène, avait été tenancière d'une gargote avant d'épouser le général Constance Chlore. Par contre, la prostitution masculine fut interdite vers le milieu du IIIè siècle, l'empereur chrétien Théodose le Grand établissant en 394 que les hommes se prostituant dans les bordels de la ville seraient brûlés vifs en place publique, puis au Vè siècle il ordonna d'envoyer en exil tous les pères, époux, ou maîtres qui prostituaient leurs filles, femmes ou esclaves, mais il n'a pas créé une véritable loi. Cette répression, étendue aux souteneurs, s'explique soit par l'extension du phénomène avec la chute de l'empire romain soit sous l'influence du christianisme. Toutefois, en 438, le code de l'empereur Théodose II entérina l'existence légale des prostituées et de leurs souteneurs. Par la suite, la tradition chrétienne considéra la prostitution comme un moindre mal. Les Pères de l'Église en témoignent, tel Augustin d'Hippone au IVè siècle qui estimait qu'elle était naturelle et permettait de protéger les femmes honorables et les jeunes filles du désir des hommes. La prostitution était d'ailleurs jugée tellement naturelle que, pour plusieurs théologiens, il était préférable qu'une femme y pousse son mari plutôt que de consentir à certains rapports sexuels considérés, eux, comme de graves péchés. En effet, virulente à l'égard des proxénètes, l'Eglise était beaucoup plus hésitante vis-à-vis des prostituées car si la Bible évoque à plusieurs reprises les « femmes de mauvaise vie », celles-ci ne sont pas dépeintes en termes uniquement négatifs. Si Saint Paul s'est formellement élevé contre leur fréquentation, Salomon rendit ouvertement hommage au cœur de mère des deux courtisanes venues vers lui pour trancher une complexe affaire de fils nouveau-né, et Jésus salua la foi de Marie-Madeleine venue lui laver les pieds de ses larmes et les essuyer de ses cheveux (elle était sa meilleure amie, ils s'embrassaient sur la bouche, elle l'accompagna jusqu'à la croix, fut la première à vouloir l'embaumer au matin et elle vit donc la première le Ressuscité). Entre l'impureté méprisée de leur métier et les hautes compétences symboliques qui vont avec, il y avait toujours cette ambivalence, base du principe même du statut de ces femmes : elles étaient à la fois exclues, vouées à l'errance surveillée et à la clandestinité, et parfaitement insérées dans l'économie générale de la sexualité et des échanges, autant comme une ressource pour les cités que pour l'accompagnement obligé des cours et des armées. Cette contradiction essentielle qui les définit a été en quelque sorte traduite dans l'espace avec les projets de cantonnements de leurs activités sur les bords de la ville (d'où le terme de bordel) et dans des quartiers réservés. Autant de mesures qui concrétisent leur dualité sociale. En conséquence, tout en réprouvant la profession, les évêques hésitaient à condamner les femmes qui la pratiquaient, autorisant au IVè siècle les prostituées à recevoir le baptême (les hauts fonctionnaires de l'empire romain n'avaient pas le droit de le demander car ils faisaient usage de la peine de mort), n'invitant les miséreuses qui se vendaient par nécessité qu'à jeûner quelques semaines pour expier leur péché là où les femmes aisées qui trompaient leur mari par concupiscences étaient soumises à une dure discipline. Pour éviter que les veuves et les orphelines n'en vinrent à ces tristes extrémités, les évêques et les pieuses aristocrates donnèrent des pensions ou fondèrent des institutions.

• Animateur : Devenus maîtres de terres en voie de christianisation, quelle fut l'attitude des Barbares face à ce phénomène sociétal ?

• Historienne : Dans les sociétés germaniques, le mariage permet d'apaiser les tensions entre clans. Afin de ne pas insulter leur épouse, mais surtout leur belle-famille, les hommes évitaient donc les « mauvaises fréquentations » (au risque que sa belle-famille se venge, les armes à la main), sauf qu'ils avaient aussi des concubines. Ainsi, les Vandales, venus de la région du Rhin moyen, qui parvinrent en Afrique et s'emparèrent de Carthage en 440, découvrirent avec stupeur une ville où chaque rue comptait au moins un lupanar. Horrifiés, ils interdirent immédiatement la prostitution et condamnèrent les prostituées à se marier. Pour rappel, selon la loi salique, l'homme qui traitait une femme libre de prostituée devait payer une amende de 1800 deniers, là où le meurtre d'un esclave ne coûtait que 1200 deniers. Pour ces tribus, la prostitution représentait une malédiction à combattre. Théodoric Ier fut le premier à user de violence dans ce domaine. En effet, il parait que les proxénètes étaient jugés très sévèrement, car ils étaient passibles de la peine de mort pour avoir commis un tel crime. En 506, le roi wisigoth Alaric II proposa à ses sujets une nouvelle édition du code théodosien, modifiant le texte de façon à éliminer toute loi autorisant la prostitution. En effet, ce code prévoyait pour la première fois que les femmes de petites vertus étaient aussi coupable que les proxénètes et qu'elles étaient justiciables du fouet. Mais face à cette pudeur des barbares, on ne doit pas cacher la situation d'un monde où la prostitution restait largement pratiquée. Toutefois, la double influence du christianisme et de la législation germanique contribua à faire lentement évoluer les esprits : pour convaincre les paysans d'abandonner leurs cultes païens, des prédicateurs leur expliquaient que leurs déesses étaient jadis de simple prostituée et à ce titre digne du plans grand mépris. La figure de la femme vénale devint alors un repoussoir culturel absolu, même si à partir du VIè siècle des clercs traduisirent des textes grecs démontrant que des prostituées peuvent même prétendre à la sainteté, elles qui peuvent pécher longtemps à de nombreuses reprises et pourtant être pardonnées lorsqu'elles finissent par se repentir. Mais c'est bien à l'époque carolingienne (avec le rêve carolingien de Rénovation de l'Empire Romain) que l'on voit apparaître le souci d'améliorer la société, à la lecture d'Augustin, et donc les premières lois interdisant explicitement l'amour tarifé. Les réformateurs de ce temps entamèrent une sorte de longue marche vers la cité de Dieu qu'ils entendaient réaliser sur terre. Leur combat avait pour champ principal l'union des sexes, et il devait reléguer aux marges de la société un pouvoir féminin jusque là dominant dans les groupes claniques païens (les gentilices : groupes de familles portant un nom en commun) absorbés par l'Empire déchu, le but étant d'assurer l'alliance d'un groupe de clercs réformateurs et d'une noblesse germano-chrétienne. Malgré le fait que tous les chefs francs avaient des harems byzantins (ou des gynécées grecques où y vivaient leurs concubines), la prostitution pour le commun des mortels n'était aucunement tolérée. Pour autant, lorsque Louis le Pieux succéda à Charlemagne en 814, sa première mesure fut de chasser toutes les prostituées du palais, qu'elles avaient investi pendant les dernières années du règne du vieil empereur. En 820, il édicta un capitulaire précisant que « tout homme chez qui des prostituées auraient été trouvées devra les porter jusqu'à la place du marché où elles seraient fouettées et, en cas de refus de sa part, il sera fouetté avec elles ». En fait, les prostituées étaient perçues comme de très graves criminels, passibles de 300 coups de fouets, soit le nombre de coups de fouets le plus élevé mentionnés dans le « Code Alaric », en plus de voir leur chevelure coupée. L'humiliation publique des souteneurs semblait alors la meilleure façon de lutter contre le phénomène. En cas de récidive, la loi était intransigeante, et la criminelle était vendue au marché des esclaves. Malgré de telles mesures, Louis le Pieux n'a pu enrayer la prostitution, même si pendant cette époque la prostitution était un phénomène rare étant donné que la société franque était majoritairement rurale, et que la prostitution est un phénomène essentiellement urbain (toutefois, des sœurs vivant au couvent avaient été trouvées coupables de se livrer à de telles activités pour augmenter leur revenus). La législation carolingienne n'a sans doute pas été appliquée, mais elle a contribué à faire des prostituées des exclues, privées de protection légale. Au IXè siècle, la liste des péchés commença à gagner en sévérité et les prostituées furent traitées à l'égal des femmes adultères et soumises à trois ans de pénitence. Cherchant une nouvelle Eve, qui aurait également commis la faute mais qui aurait été pardonnée, les théologiens précisèrent le personnage de Marie-Madeleine (dont les Evangiles ne disent que peu de choses, sinon qu'elle a été libérée des sept démons) sous les traits d'une prostituée : la pécheresse repentie, vêtue de ses seuls cheveux, devint ainsi une figure majeure en Occident (Adam et Eve avaient provoqué la chute, Jésus et Marie-Madeleine en couple - comme compagnons de route - prodiguaient le salut). Pour autant, sans vouloir éradiquer la prostitution, le haut Moyen-âge contribua à la confiner dans la sphère de la marginalité, de l'illégalité, du secret. Dans les années 850, l'archevêque de Reims (menant une enquête sur la moralité des prêtres de sa paroisse) découvrit l'existence de demeures particulières avec de petites portes suspectes situées près des églises. Les prostituées avaient toujours été socialement dévalorisées, mais l'homme de l'Antiquité pouvait les fréquenter sans craindre pour sa réputation. Vers l'an mil, le client, honteux et inquiet, préférait cultiver le secret. En se fermant aux yeux du monde, le lupanar devint une maison close !

• Animateur : Oui, mais justement, ce n'est pas parce qu'on ne voit pas que cela n'existe pas/plus !

• Historienne : En effet ! Si les hommes qui s'élançaient à la conquête de Jérusalem à la fin du XIè siècle se présentaient avant tout comme des pèlerins accomplissant une pénitence, entre deux combats, ils succombaient facilement aux plaisirs sexuels, ne pouvant garder leur chasteté virginale dans ces parties d'Orient chaudes et stimulant la chair, bien que les prédicateurs (qui diffusaient la réforme géorgienne) rappelaient aux fidèles combien le péché de la chair offense le regard de Dieu. Ainsi, même si des milliers d'épouses ont suivi leurs maris, il existait des bordels en activité dans les camps, qui seront fermés afin de plaire à Dieu et attirer ses bonnes grâces (nécessaires pour la victoire vu l'infériorité numérique des chrétiens), révélant au passage leur existence, soigneusement tue jusque-là. De nombreux soldats, mais aussi des moins, et leurs ribaudes, furent promenés nus et fouettés en public, châtiment de l'adultère également appliqué à l'encontre des hommes surpris au bordel. Un siècle plus tard, malgré l'injonction du pape Clément III (1187-1191) que les expéditions ne comportent aucune femme, à l'exception des lavandières au-dessus de tout soupçon (ses femmes indispensables aux armées en route ayant bien souvent plusieurs cordes à leur arc), les conseils pontificaux ne furent pas écoutés et de très nombreuses femmes suivirent, tant pour se battre pour leur foi que pour rendre heureux en amour les malheureux aux combats. On pourrait penser que l'Orient luxurieux des harems méprisait la basse prostitution occidentale (pour autant, les villes musulmanes étaient au cœur d'un échange humain incessant, aussi, elles étaient structurées pour accueillir des gens en quête de plaisir éphémère et passager), mais il n'en était rien, surtout après avoir eu écho des excès de ces dévergondées de fesses-pâles. Notamment, les Mamelouks (esclaves militaires turcs asservis par les Arabes) n'hésitèrent pas à désarmer et déserter, voire à renier l'islam, pour goûter les plaisirs de la chair chez les chrétiens ; d'autres, conciliant mieux l'aiguillon du désir et celui de la religion, opéraient de nuit des razzias et capturaient de belles filles publiques. Toujours est-il que lorsque le nouvel évêque de Saint-Jean-d'Acre arriva à son poste en 1216, il découvrit avec horreur une nouvelle Babylone, où les courtisanes abondaient, payant des loyers élevés tant à des laïques qu'à des prêtres et moines. Plus tard, Saint Louis menant la septième croisade en 1248 et étant très pieux, aucune folle femme ne partit avec l'expédition. Mais sitôt qu'il fut emprisonné, des navires occidentaux ravitaillèrent les camps, des bordels fleurissant dans toutes les villes conquises. Les ribaudes courant après les croisés faisaient quelque peu désordre dans la quête du paradis en Terre sainte, mais là encore, la sagesse des Trois Singes (ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire) a fait son office, le repos du très chrétien guerrier valant bien une escort-girl, même vilipendée par la « sainte » Eglise. Pour autant, cet ordre moral que le roi cherchait à imposer en Orient, il l'appliqua également à son propre royaume par une série d'ordonnances, restées sans effet ! Ainsi, dans la cité des papes même on disait qu'on ne pouvait traverser le fameux pont sans rencontrer deux moines, deux ânes et deux putains. Les filles de joie, fillettes de vie, folles femmes, satisfaisaient un besoin social que les législations royales, princières et municipales n'ont jamais pu abolir, les tentatives répétées de Louis IX s'étant soldées par un échec. L'ordonnance de 1254 décréta l'expulsion des femmes de mauvaise vie de toutes les villes du royaume, bannies, se voyant confisquer tous leurs biens (jusqu'à leurs vêtements), mais suite à cette dure répression, la prostitution clandestine remplaça les maisons de débauches ouvertes à tous. Les hommes s'en plaignants furent nombreux, argumentant que depuis la publication de l'édit, il était difficile pour eux de protéger la vertu de leurs femmes et de leurs filles contre les assauts de violence que canalisaient autrefois les bordels (il n'est d'ailleurs pas anodin que deux femmes furent entourées de vénération à cette époque : Marie, mère de Jésus d'une part, et d'autre part les trois personnages féminins du récit évangélique alors confondus sous le nom de Marie-Madeleine ; la putain publique au secours de la vierge domestique). Sa décision ayant eu du mal à être appliquée strictement, les ordonnances suivantes furent relativement plus tolérantes. Ce trouvant devant l'échec cinglant de sa politique intransigeante, il décida d'ouvrir un centre de réadaptation et de reclassement, le « Couvent des filles-Dieu », poursuivie sous le règne de Charles V. En 1256, l'expulsion des « folles de leurs corps et autres fillettes communes » fut à nouveau décrétée, mais une clause précisa qu'il s'agissait surtout de les chasser des quartiers bourgeois, des églises, couvents et cimetières, pour les repousser « hors les murs », les mettre au ban de la société, en banlieue. Les échecs de cette prohibition révèlent un nouveau regard social porté sur la prostitution, un nouveau décret ayant rétabli la prostitution, à condition que différentes règles soient suivies. Etant donné que Paris (ville septentrionale) n'avait pas intégré, comme les villes méridionales, la prostitution dans ses institutions urbaines, Saint Louis accorda comme privilège aux pauvres lingères de Paris d'établir leurs étals près du cimetière des Innocents, face aux murs des Halles, moyen de restreindre la prostitution puisqu'une lingère honnête ne pouvait qu'être très pauvre (un surcroît de ressources ne pouvait être que le « fruit d'un commerce honteux et condamnable »). Que la prostitution, liée à l'insuffisance des ressources, se soit développée avec les crises est certain, ce qui a sans doute alimenté une constante suspicion à l'égard du travail des femmes : l'atelier et la boutique tenus par des femmes serviraient de façade à un commerce moins honorable (un texte de 1420 mentionne que les maquerelles « tiennent des échoppes de denrées et de métier », ce qui leur permettait d'accueillir jour et nuit une clientèle spéciale). De la fin du XIIIè au XVè siècle, les autorités admirent que cette pratique, profondément ancrée dans la société, était impossible à éradiquer : bien que la prostitution fût l'objet d'une réprobation générale, les fillettes trouvaient leur place dans la communauté (mais tout de même maintenues dans des quartiers spécifiques de la ville). Cette attitude de relâchement, que de nombreux politiciens préconisaient également, montre que la prostitution ne scandalisait pas la population en général. Alors que jusqu'au XIIè siècle l'Eglise condamnait strictement la fornication, c'est-à-dire tout forme de sexualité en-dehors du mariage, dès la fin du XIIIè siècle la morale s'accorda davantage à la réalité et reconnut les besoins sexuels des jeunes hommes. L'affirmation de la virilité entraînant fréquemment un déchaînement de violence et se traduisant par des viols collectifs commis sur des femmes isolées ou faibles, réputées communes, les autorités encouragèrent l'essor d'une prostitution officielle. Ainsi, à la fin du Moyen-âge, la prostitution apparut aux yeux de certains notables comme une thérapie sociale, voire une pédagogie de la bonne conjugalité (Thomas d'Aquin au XIIIè siècle jugeait qu'elle était nécessaire à la société comme les toilettes à une maison : « cela sent mauvais, mais sans elle(s), c'est partout dans la maison que cela sentirait mauvais »). Les filles publiques se dressèrent alors en gardiennes de la moralité (bien qu'une femme s'étant adonnée à de tels actes devait se soumettre à une pénitence de six années, alors que son partenaire ne devait jeûner que pendant dix jours) : chargées de défendre l'ordre collectif, elles luttaient contre l'adultère et juraient de dénoncer les contrevenants aux commandements du mariage, se montrant des plus actives dans la chasse aux filles secrètes et aux épouses dépravées, qu'elles menaient au tribunal ! Partant donc du postulat que les lupanars représentent un dérivatif à la violence sexuelle, les autorités au pire toléraient la prostitution, au mieux l'organisaient. Étant donné que le Grand Conseil de 1358 avait mentionné que « les pécheresses sont absolument nécessaires à la Terra », on assista à un effort d'institutionnalisation de la prostitution visant à tirer profit de ce commerce, mais surtout de le restreindre à certaines zones de la ville. A Paris, ces lieux restaient stables et correspondaient à ceux définis par Saint Louis. Une ordonnance de 1367 du prévôt Hugues Aubriot fixa d'ailleurs les rues où les ribaudes pouvaient exercer. Pourtant, en 1387, un procès se déroula au Parlement afin d'en chasser les prostituées, mais en vain, car les sentences reconnurent que « de tous temps » il y avait eu « femmes de vie ». A la Court-Robert, le prince Louis d'Anjou, agacé par ce mauvais voisinage, tenta lui aussi de chasser les pécheresses. Mais même racoler aux porches des églises n'effrayait pas les filles de vie, comme le prouve la liste des délinquants appréhendés par les marguilliers et les sergents du chapitre de Notre-Dame. Sur l'île de la Cité (celle de Notre-Dame justement), la rue de Glatigny resta le cœur de la prostitution parisienne, le fameux Val d'amour, fermé plus tard par François Ier. Au cœur des cités méridionales, les maisons de fillettes, les châteaux gaillards et autres maisons lupanardes devinrent des institutions municipales, entretenues et inspectées par les consuls, tandis qu'au Nord, plus méfiantes, les villes cantonnaient dans quelques rues les mères maquerelles et leurs pensionnaires. Pour les grandes villes telles que Lyon ou Arles, vu les besoins de la population, un quartier entier fut affecté à cette activité. Les filles communes « gagnaient leur aventure » sur les places, dans les rues et les tavernes des quartiers autorisés, mais elles devaient obligatoirement ramener le client dans le prostibulum publicum pour la passe. Edifiés avec les deniers publics, ces institutions étaient baillées à ferme à un tenancier (souvent une femme, surnommée l'abbesse), détenteur officiel d'un monopole, chargé du recrutement des futures besogneuses et du strict respect des règles intérieures (interdiction du blasphème et des jeux). Essentiel à la bonne renommée de la maison, le tenancier servait aussi d'agent de renseignement, très utile aux autorités. A la fin du XVè siècle, la figure féminine de l'abbesse (souvent fille commune ou ancienne prostituée reconvertie en honnête épouse) disparut au profit d'officiers de justice qui reprirent la direction. Les pouvoirs publics ne parvinrent pourtant pas à interdire les autres formes de prostitution, leurs institutions affrontant une intense concurrence : les tavernes, hôtels, bordes et étuves privées offraient une prostitution notoire et, de fait, souvent tolérée. Les étuves notamment constituaient des lieux de débauches célèbres, mais tous les bains publics ne pouvaient arborer l'enseigne de la luxure et du stupre, des règlements contraignants interdisant l'accueil des prostituées et précisant systématiquement les jours et heures réservés à chaque sexe. Finalement, la marge entre prostitution tolérée et prostitution prohibée était assez floue, les municipalités (ainsi que les religieux grâce aux loyers, à condition que les filles exercent par nécessité et non par vice et plaisir) profitant de ce commerce et s'enrichissant en prélevant des taxes sur les maisons publics ou en mettant les fillettes à l'amende. Mais il existait également des prostituées entretenues au sein même des palais royaux et princiers (recrutées par le roi des ribauds, un officier chargé de maintenir l'ordre au sein de ces palais, ou de surveiller les marginaux d'une ville), à disposition des puissants, locaux ou de passage. A l'image des princes, certains bourgeois souhaitèrent également entretenir pour leur confort quelques prostituées : Charles V puis Charles VI accordèrent ainsi aux puissants banquiers lombards le droit d'entretenir à domicile quelques femmes. A la campagne, les filles allaient de village en village en fonction des marchés, moissons ou vendanges. Seule l'enseigne permettait d'identifier la maison de passe, mais dans les rues les prostituées devaient rester tête nue, à une époque où il était impensable de sortir sans une coiffe. De fait, à la fin du Moyen-âge, la prostitution eut droit de cité : acceptée et légalisée, elle devint même une profession à part entière et toutes les grandes villes possédaient leur quartier réservé à cet effet. La borde (désignant une cabane de planches en ancien français) devint le bordel (ou bordeau), et prit le sens de lieu de débauche au Moyen-âge, les prostituées n'ayant alors le droit d'exercer leur activité que dans des cabanes, à l'écart des lieux habités. D'ailleurs, en langue d'oc, Bordeaux et bordel est un seul et même mot, bordèu, signifiant une maison isolée. Même si le nom Bordeaux provient du nom latin de la ville (Burdigala), étant donné que son port s'est développé du fait du vin mais surtout par la traite des noirs (plaque tournante la plus importante pour le commerce des esclaves), la ville était bien la capitale de la débauche par le vin et l'exploitation humaine (sachant que les marins trouvaient dans tout port bon nombre de prostituées pour leur faire traverser d'autres tourmentes que celles maritimes).
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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 20:19
• Animateur : Je me tourne à présent vers notre historienne de service. « Couvrez ce sein que je ne saurais voir » disait Tartuffe de Molière : la société, comme les faux dévots, n'aime guère regarder ce qui dérange, pas plus les formes attirantes que les charmes tarifés ! On les appelle filles de joie, filles à soldats, filles publiques, filles soumises, pierreuses (exerçant près des vieilles pierres, en ruines), lorettes (femmes légères qui habitaient les rues avoisinant l'église Notre-Dame-de-Lorette, dans le 9è arrondissement de Paris, ce quartier à peine achevé en 1820 était peuplé de demi-mondaines pour simuler la population qui manquait, à charge pour elles d'essuyer les plâtres encore frais grâce aux flammes de leurs amants), marmites, hétaïres, radeuses/radasses (un rade étant un comptoir), écrémeuses, gagneuses, catins, péripatéticiennes, horizontales, grues (qui faisaient justement le pied de grue en attendant le client), boucanières (femmes d'une vie aussi désordonnée que pouvait l'être celle des boucaniers, ouvriers travaillant dans une usine où l'on fume le poisson, en particulier le hareng), paillasses (du nom de la grande enveloppe de toile, ordinairement remplie de paille, dont on garnissait un lit), morues, gotons (diminutif populaire de Margoton ou Marguerite, signifiant le plus souvent une fille de ferme ou de cuisine mal tenue), pouffiasses, amazones, professionnelles, tapins (qui bat/tape le tambour, par extension qui racole), fleurs de macadam, belles de nuit, asphalteuses, marchandes d'amour, gourgandine (du radical de gourer - « (se) tromper » - et de l'ancien provençal gandir, « s'esquiver »), turfeuses (de l'anglais « turf » : motte de gazon, plus ou moins maudit), ménesses (argot de femme, décliné de men, comme pour un gonze et une gonzesse) ou gagneuses... ces filles légèrement vêtues qui racolent les passants à l'angle des rues. Pouvez-nous nous dresser un tableau chronologique du plus vieux métier du monde, tant au niveau des pratiques que du comportement social vis-à-vis de ce métier peu ordinaire ?

• Historienne : La prostitution n'est pas « le plus vieux métier du monde » ! Elle n'a pas été présente, loin s'en faut, dans toutes les sociétés humaines (tout comme elle n'est pas intemporelle, car elle a même disparu lors de moments historiques révolutionnaires ou dans certains modes de vie communautaires qui ne réprimaient pas la sexualité). Dans les sociétés protohistoriques comme dans les sociétés primitives et les sociétés traditionnelles, la prostitution n'existait pas. En effet, la liberté des échanges sexuels, encore pratiquée dans certains groupes ethniques, montre que l'idée même de prostitution est restée étrangère à de nombreuses populations. Jusque dans son plaisir solitaire, le plaisir de l'individu des sociétés anciennes ne pouvait jamais être le plaisir d'un individu unique, puisque l'individu n'existait que dans son rapport à la communauté humaine. Cependant, avec la naissance des premières formes organisées de spiritualité, il pouvait déjà exister des femmes « maraboutes » vivant dans des demeures qui regroupaient des filles spirituelles et se livrant à l'exercice de la prostitution sacrée (parfois même toutes les femmes d'une tribu étaient concernées par cette pratique qui apparaît alors comme une survivance de rites d'initiation sexuelle). Dès la période historique, la prostitution exista, sous forme de prostitution sacrée puis de service sexuel vénal (certains pensent d'ailleurs que c'est la naissance du mariage institutionnalisé par l'état et la religion, à la place des alliances matrimoniales claniques, qui a incité le phénomène de prostitution, l'amour collectivisé ou tarifé permettant d'échapper au couple à visée essentiellement patrimoniale/propriétaire). Avec la formation des Etats-empires mésopotamiens, c'est-à-dire avec la mise en mouvement de la valeur comme puissance autonomisée par la domination d'une classe des maîtres sur une classe populaire, le plaisir était lié à la puissance de l'Etat et aux manifestations de cette puissance dans les cérémonies publiques et les réjouissances collectives à la gloire de l'aristocratie. La prostitution sacrée était, à l'origine, liée aux cultes de la fécondité, le point de départ étant à la fois religieux et familial : les cultes de la déesse-amante, présents dans toutes les sociétés anciennes, avaient pour rite essentiel l'union sexuelle des hommes avec des prostituées sacrées. Au départ, seuls les prêtresses et les prêtres de la divinité devaient s'accoupler, afin de provoquer la fertilité des terres et l'abondance du gibier, mais rapidement des groupes de femmes et d'hommes liés aux sanctuaires apparurent et s'unissaient aux prêtresses et aux prêtres, puis aux fidèles, afin de ressourcer la force génitale des fidèles masculins et pour que cette force étende ses effets positifs à la fertilité des troupeaux et des sols. Les premières femmes à avoir été consacrées à la prostitution sacrée pour honorer la déesse de la fertilité, Inanna à Sumer, devenue Ishtar pour les Babyloniens, étaient les femmes stériles ; ne pouvant assurer la procréation au sein d'une famille avec un seul homme, elles trouvaient une place dans la société en servant la déesse, devenant les épouses de tous. De même, les prostitués masculins apparaissent avoir été à l'origine ceux qui, par malformation naturelle ou par accident, ne pouvaient pas davantage assurer la continuité de l'espèce ; eux aussi trouvaient ainsi, au service de la déesse, une place dans la société (ayant également un rôle dans les liturgies publiques et privées d'Inanna et Doumouzi - son compagnon berger, image du roi avec son troupeau de fidèles -, mais cette prostitution semble avoir eu un caractère plus marginal et plus sordide). En Mésopotamie, les prostituées étaient nombreuses et leurs appellations diverses indiquaient leur allégeance à un dieu ou leur spécialité. Elles étaient attachées à l'un ou l'autre temple et y exerçaient leur art au bénéfice de la divinité qui les rétribuait. Il existait ainsi une homologie entre l'actrice rituelle et la prostituée qui, en l'occurrence, concilie l'impureté méprisée de son métier et les hautes compétences symboliques qui vont avec, la pauvreté de ces compétences culturelles et les pouvoirs qu'elle est capable de conquérir. C'est en tant que telles que les prostituées sacrées se trouvaient en affinité avec les vierges et les dieux, personnages transitifs, entre deux états, entre deux mondes, et susceptibles à ce titre d'assurer des médiations spécifiques. En effet, la vierge a une position neutre, hors du commerce sexuel donc asexuée en quelque façon, qui en fait une médiatrice religieuse centrale dans un monde social où la séparation des rôles masculins et féminins était très rigide. En jouant la vierge, la prostituée sacrée faisait sans doute écho à cette homologie et, en même temps, comme elle donnait corps à un être double (la putain vierge) elle en dévoilait le principe, le ferment : la vierge comme la prostituée nie les valeurs du groupe tout en les fondant (la fécondité pour l'une, la pureté pour l'autre). La prostituée sacrée était ainsi une médiatrice capable de veiller sur des passages, de capter et détourner vers le groupe social des influences cosmiques. Le noyau de l'action rituelle consistait alors à traverser les frontières et singulièrement la moins perceptible et la plus décisive, celle qui sépare les mondes visible et invisible : le fait de se dénuder, emblématique s'il en est du métier de prostituée, prenait le sens d'un dédoublement, d'un passage dans l'au-delà et d'une substitution avec l'entité invoquée. Sortir de son corps, à l'instant du rite et aussi en rêve, permettait à l'officiante d'assurer le lien entre des espaces et des êtres distincts et séparés. « Curatives », ces « femmes sans hommes » avaient un statut ambigu dans la mesure où elles oscillaient entre les catégories du féminin et du masculin, de l'humain et du divin, de l'impur et du pur : elles visaient à obtenir un bénéfice immédiat au moyen de rituels, lesquels, par les chants, la musique et la danse, permettaient de communiquer avec les dieux. Ces bayadères (femmes dont la profession était de danser devant les temples en Inde) étaient ainsi consacrées autant au culte des dieux qu'à la volupté des croyants, l'un nourrissant l'autre. Le Code d'Hammourabi, notamment la loi 181, citait une hiérarchie des prostituées sacrées sans faire ouvertement référence à une rémunération par les fidèles. Mais, très vite, on voit que les offrandes aux dieux furent remplacées par le paiement de ces personnes, et, en beaucoup de lieux, la prostitution du personnel religieux servit à alimenter le trésor du sanctuaire. Concrètement, des fonctionnaires de certains temples géraient des maisons de prostitution, et la déesse Inanna possédait ainsi des cabarets, des débits de boisson et des lupanars : « Sise à la porte du cabaret, je suis la prostituée experte du pénis ! ». Se détachant peu à peu de sa fonction religieuse (la « prostituée sacrée » comme vestale - prêtresse dédiée à Vesta, déesse du foyer à Rome, continuatrice d'une très ancienne tradition, le maintien du feu commun perpétuellement allumé, sauf qu'elle devait rester vierge, car en cas de relations sexuelles sacrilèges, un crime qualifié d'incestus, la vestale était enterrée vivante ou brûlée vive - et comme exorciste de la menace que les femmes faisaient peser sur la communauté abstraite de la religion), elle apparaît comme « marché » dans les sociétés où l'État, aux mains d'une classe sociale dominante (une aristocratie, une oligarchie, une théocratie), exerce sa puissance et sa tutelle sur le reste de la société. Il faut que le rapport marchand urbain se soit autonomisé comme espace d'échange de valeur pour que « le commerce » sexuel s'y rattache. Les empires-États mésopotamiens, non seulement permirent, mais établirent la prostitution comme catalyseur d'urbanisation et opérateur de la circulation de la valeur (à la place du système économique clanique basé sur le don et le contre-don, on instaura par ce biais la notion d'échange marchand propice aux sociétés étatiques). La prostitution devint une affaire d'argent et l'on quitta le domaine du « sacré ». Ces comportements se monnayaient : les sanctuaires s'enrichissaient des sommes payées par les fidèles désirant accomplir le rite, de même que les chefs de famille rentabilisaient le prêt des femmes qui étaient leur propriété. Les responsables des États, à Babylone comme dans tout le Moyen-Orient, ne laissèrent pas échapper cette source de revenus, et se mirent à créer leurs propres maisons de prostitution. Les prostituées se multiplièrent autour des temples, dans les rues et dans les tavernes. Ainsi, Ourouk, la ville d'Inanna, était renommée aussi bien pour les diverses catégories de femmes dont les activités étaient partiellement ou intégralement vouées à la prostitution que pour les diverses variétés d'invertis et de travestis, les deux associées ès qualités aux cultes locaux. Nanaya, autre déesse d'Ourouk, était clairement associée à l'érotisme et à la sexualité tarifée : « Si je suis droite contre le mur, c'est un sicle ; si je me penche, c'est un sicle et demi ». Toutefois, il ne manquait pas de péripatéticiennes qui travaillaient en indépendantes dans les rues, le long des quais ou à l'ombre des murailles. Les prostitué(e)s avaient en commun avec les humains consacrés aux dieux qu'ils échappaient au cadre familial et à ses règles sexuelles, mais le mariage ne leur était pas interdit, même si c'était une union que désapprouvait l' « homme sage » (il déconseillait d'ailleurs tout autant tout mariage avec une femme rencontrée lors de fêtes et spécialement parée à cette occasion). Pourtant, l'importance sociale et le rôle positif de la prostitution apparaissent bien dans l'Epopée de Gilgamesh où une femme, appelée « Epanouie », séduisit Enkidou, et, de brute sauvage qu'il était, en fit un homme ! Enkidou, à l'approche de la mort, maudit la prostituée qui l'avait arraché à l'innocence de sa vie première, puis, prenant en compte le bien qu'elle lui avait somme toute apporté, revint sur sa malédiction. Pour la Bible, les femmes mésopotamiennes aux mœurs dévoyées et les despotes efféminés étaient la négation même de la différence entre les sexes et donc la négation de la société et de la civilisation. Les fondateurs de la religion hébraïque voulurent rejeter le culte des idoles qui se manifestait, notamment, par la prostitution sacrée : ils furent donc amenés à proscrire toute prostitution sacrée pour les « filles d'Israël ». Mais les textes montrent le peu d'efficacité des interdictions car des prostitués, hommes et femmes, liés au Temple, sont évoqués de multiples fois, à propos du fils de Salomon ou du roi Josias, par exemple (le roi Josias, vers -630 « ordonna de retirer du sanctuaire de Yahvé tous les objets de culte qui avaient été faits pour Baal, pour Ashéra et pour toute l'armé du ciel. Il démolit la demeure des prostituées sacrées, qui était dans le temple de Yahvé »). La prostitution vénale existait aussi (évoquant la prostitution, le livre d'Ezéchiel précise dans un langage très cru comment la femme dite de mauvaise vie « raffolait d'amants dont le membre viril égalait celui d'un âne et la décharge celle d'un cheval »), les hommes avaient facilement recours aux prostituées et n'étaient accompagnés d'aucun jugement moral négatif (les livres de sagesse répètent à qui mieux mieux le conseil d'éviter celles qui vous prendront dans leurs filets pour vous dépouiller de tous vos biens, mais les recommandations sont du domaine de la prudence, non du respect des personnes, et la prostituée est un personnage bien présent dans le monde de la Bible) : dans ces sociétés, la sexualité était un comportement humain, comparable aux autres recherches de plaisir, donc tout à fait normal. La prostitution ordinaire était interdite aux femmes du peuple hébreu, mais autorisée pour les étrangères (finalement, même les juives la pratiquaient, presque légalement). En fait, cette interdiction fonctionnait grâce à un tour de passe-passe, car n'était pas appelée « prostituée » la femme que son père prêtait contre de l'argent, mais seulement la femme qui était sous l'autorité d'un homme et qui, sans son approbation, vendait ou donnait ses charmes. C'était le détournement du bien d'un chef de famille qui était interdit, pas le commerce sexuel, et, au Moyen-Orient, un père pouvait monnayer les services de sa fille dès que celle-ci avait trois ans. La Bible montre de fait que les hommes avaient facilement recours aux prostituées. En Egypte, la prostitution était pratiquée sur les bords du Nil, mais elle était condamnée moralement puisqu'on attendait même d'un veuf de longue date qu'il évite ce genre de fréquentations. Pour autant, les maisons closes existaient (représentations d'accouplements collectifs sur papyrus ou tessons de poterie). Par contre, il n'y avait pas de prostitution sacrée, les relations (même intimes) entre une prêtresse et une divinité s'effectuant dans le cadre d'une relation symbolique de couple légitime. En somme, dans de nombreuses sociétés archaïques, la prostitution n'était pas mal vue et représentait pour les femmes de condition libre une source de revenus pour se constituer une dot et accéder ainsi au mariage qui était un statut recherché (ce fut par exemple le cas dans la société étrusque, où les femmes avaient pourtant des droits importants, à la grande indignation des Grecs qui reprochèrent de ce fait aux Étrusques la légèreté des mœurs de leurs femmes - en plus de leurs pouvoirs et de leur « autonomie »).

• Animateur : Qu'en était-il justement des civilisations grecques et romaines, fortement influencées par leurs prédécesseurs orientaux ?

• Historienne : Dans ces sociétés esclavagistes, seul le plaisir des maîtres existait, car il était le seul à contribuer à la puissance de l'Etat. L'esclave concourait d'ailleurs à intensifier ce plaisir. Il n'était pas condamnable, ni même répréhensible, de vendre des êtres humains : son enfant, garçon ou fille, sa mère, sa sœur, voire soi-même. Avec l'esclavage, le commerce des humains générait la recherche de personnes à prostituer : guerres, rapts, razzias de pirates et de bandes organisées fournissaient un abondant personnel aux proxénètes et à tous les amateurs dans l'ensemble du bassin méditerranéen. Dès la petite enfance on pouvait être rentable pour son propriétaire, et souvent celui-ci consacrait temps et argent afin de parfaire les qualités sociales et les compétences érotiques de ses protégés dans l'espoir d'un profit maximum (des hommes ou des femmes de bonne famille tiraient même profit de la beauté de leurs esclaves en les prostituant dans un coin isolé de leur domicile). L'histoire des plaisirs de la chair (manger, boire et faire l'amour) dans la démocratique Athènes est une étude de la jouissance des sens que procure aux hommes de la cité le marché des corps et de la table (sur les vases attiques du -Vè siècle, la représentation des ménades - ivres en permanence, jouant du tambourin et chantant la joie de chasser les chèvres -, les adoratrices et nourrices de Dionysos - dieu de l'extase et de tous les sucs vitaux dont le sperme, il est celui qui permet à ses fidèles de dépasser la mort -, est très proche de celles des courtisanes vouées au culte d'Aphrodite - déesse dérivée de la sumérienne Inanna, elle symbolise tant le plaisir de la chair que l'amour spirituel, pure et chaste dans sa beauté ; les femmes étaient tant ses victimes que ses instruments destinés aux hommes car, elle-même mariée à Héphaïstos, elle eut de multiples aventures extraconjugales). Le banquet athénien de l'époque classique, le lieu par excellence des plaisirs de la chair, avait recours à des « professionnels » des deux sexes. Les épouses et les filles de citoyens étant par leur statut exclues des festivités de l'andrôn, il était dans l'ordre des choses que les femmes admises à partager la couche des dîneurs et à contribuer à leurs divertissements soient exclusivement des « professionnelles », pornai (prostituées) ou hetairai (compagnes) rétribuées d'une façon ou d'une autre, pour leurs prestations. Rappelons tout de suite que l'érotisme masculin est à aborder dans la sphère de la consommation vénale de partenaires féminins ou masculins : l'hétérosexualité n'était pas uniquement confinée à la reproduction de l'oikos (la maison) et de la polis (la cité) et l'homosexualité masculine était aussi concernée par le marché du sexe. Même si la liaison de l'éraste, l'adulte, et de l'éromène, le pais (« l'enfant » qui n'a pas encore de poil au menton), ne relevait pas du marché des corps, mais de la paideia, de l'éducation, des adolescents apparaissent en grand nombre dans l'iconographie du banquet où ils faisaient les échansons (chargés de servir à boire aux personnages de haut rang) et le service de la table, et ils étaient, bien plus souvent que des éromènes (amants), des « professionnels » venus du marché du sexe. De leur côté, les femmes qui accompagnaient les hommes en société (fermée aux femmes honnêtes) et qui avaient reçu à cette fin une certaine éducation - dont étaient privées les femmes en général - étaient dites « compagnes ». Ces hétaïres (courtisanes de luxe) étaient de riches affranchies ou des étrangères qui faisaient, librement, commerce de leur corps. Elles circulaient librement et menaient une vie indépendante, contrairement aux femmes mariées, mais elles n'obtenaient jamais le statut de citoyennes. Comme disait un contemporain : « Les hétaïres nous les avons pour le plaisir, les concubines pour les soins de tous les jours, les épouses pour avoir des enfants légitimes (pour perpétuer le nom et recueillir le patrimoine du père) et garder fidèlement le foyer ». Les femmes étaient donc classées dans la société non par les critères sociaux, mais par leur rôle sexuel. Ainsi, dans le monde des plaisirs, à Athènes comme ailleurs, la hiérarchie des professionnelles a toujours un grand nombre d'échelons, ainsi la distinction entre pornai et hetairai devient obsolète. Ce sont toutes des prostituées. Toutefois, la première différence, essentielle, porte sur le mode de rétribution des prestations. La pornê était payée en argent par ses clients (souvent représentés sur les vases la bourse à la main !), l'hetaira recevait des cadeaux de ses hetairoi (compagnons) et de ses philoi (amis). Dans le premier cas, il y avait échange anonyme de marchandises : ce que vendait la pornê, son corps, son sexe, accessoirement ses talents artistiques, était une marchandise et elle était, elle-même, une marchandise. Cette dernière était tarifée, qu'il s'agisse de la personne (il y a des professionnelles nommées « une obole », « deux drachmes ») ou du type de passes demandées par le client, la kubda, la pénétration anale, ayant le prix standard le moins élevé. Dans le second cas, des cadeaux étaient échangés entre des personnes liées entre elles par la philia, un terme qui dit moins la relation sentimentale que l'appartenance à un groupe engagé dans des liens de réciprocité. Aux dons de ses philoi qui assuraient son entretien, l'hetaira répondait par un contre don. Le contenu et le montant du don et du contre don étaient à la discrétion des donateurs. Une hetaira n'avait pas les mêmes exigences et les mêmes gracieusetés vis à vis de tous ses philoi. Elle avait, en revanche, intérêt à ce que soit respecté ce mode de rétributions de ses prestations et à déployer toute une stratégie pour garder l'amitié hors du marché, car il y allait de son rang. Aussi, lorsqu'elle acceptait de se faire payer en argent, et que sa position dans le monde des plaisirs lui permettait de le faire, elle exigeait des sommes fabuleuses (mille drachmes pour une nuit) ce qui ne faisait qu'accroître son prestige et confirmer sa place dans la hiérarchie. Le deuxième paramètre à considérer est la nature et la durée des services demandés. Dans tous les cas, la copulation faisait partie du jeu, mais elle pouvait être associée à d'autres prestations comme le chant, la danse ou la conversation, voire des soins divers. La location pouvait être opérée par un ou plusieurs clients et sa durée pouvait aller de la simple soirée à celle d'un ensemble de festivités. Entre la pornê qui était payée à la passe et qui devait accepter tous les clients et l'hetaira qui avait un nombre restreint de philoi assidus et qui devait être « séduite » pour accorder ses faveurs, l'échelle était longue et ses degrés bien flottants. Le troisième paramètre à considérer lorsqu'il s'agit de distinguer la pornê de l'hetaira était « l'économie du regard ». A Athènes, la réclusion dans l'espace privé était le signe d'un statut (et même d'un rang social) : l'Athénienne, la fille / épouse / mère de citoyen, était dissimulée à tous les regards, à l'abri de ses vêtements et des murs de l'oikos de son père puis de son mari. L'espace de l'hetaira oscillait entre ces deux extrêmes qu'étaient l'espace public de la pornê et l'espace privé de l'épouse. La pornê était exposée aux regards de tous : son corps était dénudé (pour l'exhibition du bordel puis lors de ses prestations de musicienne et de danseuse) ; elle n'était pas rattachée à un oikos et partageait la promiscuité du bordel. L'hetaira avait une résidence personnelle, mais ce n'était pas une recluse enfermée dans la maison. Elle n'exhibait pas son corps ; au contraire, lorsqu'elle sortait, elle le couvrait pour en garder toute sa valeur. Lorsqu'une hetaira était prise comme concubine (pallakê), elle perdait son ambivalence : elle devenait une « femme de l'intérieur », traitée comme une épouse et astreinte au même comportement. L'opposition hetaira / pornê a donc été mise en place en Grèce archaïque, pendant la période où les banquets aristocratiques constituaient « une anti-cité » avec ses propres règles et ses propres conventions. Alors que la cité adoptait le système monétaire, l'anti-cité aristocratique le refusait et entendait garder l'organisation de ses plaisirs hors du marché. Situer les échanges entre l'hetaira et ses hetairoi dans le champ du don et du contre don relèverait donc plus du politique que de l'économique. Selon le droit athénien, l'homme libre qui se prostituait (dans une relation homosexuelle, comme prostitué ou comme courtisan/amant) perdait la capacité d'exercer une fonction publique et de fréquenter les lieux publics (tout comme celui qui avait frappé ou négligé ses parents, celui qui n'avait pas pris part aux expéditions militaires ou avait jeté son bouclier, celui qui avait dévoré les biens de ses parents ou tout autre héritage), la violation de ces interdits étant punie de mort. La raison de ces règles se trouve dans le rôle social que jouait la pédérastie. On déduisait en outre de la prostitution d'un homme, l'engloutissement de son héritage, notamment par une insatiable soif des plaisirs et les dépenses que génère l'absence de maîtrise de soi. La passion de la bonne chair (opsophagia), des joueuses d'aulos, des courtisanes et du jeu, amène à accepter de s'installer chez son amant pour jouir de tout cela gratuitement et toucher un misthos, devenant de fait un courtisan hetairikos. Ce genre de citoyen était considéré comme un prostitué parce qu'il faisait commerce de son corps et comme un « efféminé » parce qu'il était insatiable dans sa quête des plaisirs. Ce qu'on lui reprochait n'était pas son comportement sexuel mais sa situation de dépendance vis-à-vis des amants chez lesquels il s'était installé, une situation qui était celle d'une femme vis-à-vis de son mari, entretenu par autrui parce que son corps ne lui appartenait plus et parce qu'il avait perdu toute liberté de parler et d'agir. Ainsi, la métamorphose d'un amant devenant homme après avoir été femme n'a rien de sexuel, elle est simplement dû à un changement de situation économique et de position sociale : après avoir été entretenu par un amant, le prostitué/courtisan devient à son tour suffisamment riche pour entretenir à son tour un amant. Mais un hetairikos citoyen qui impose à son amant des dépenses considérables dans la vie privée doit nécessairement le payer de retour dans la vie publique. Comme le « parasite » (le asumbolos, qui ne paye pas son écot) avec son « sponsor », l'hetairikos entretient avec son amant une relation de dépendance politique, ailleurs on dirait de clientèle. Cela aboutit dans tous les cas à la même conclusion : comme l'avait prévu le législateur, la prise de parole d'un débauché qui s'est vendu à ses amants ne peut rien apporter de bon à la communauté. Parallèlement à cela, la prostitution féminine n'était pas punie, car elle remplissait une fonction socialement utile (rempart contre l'adultère). L'offre et la vente des corps se déroulaient dans des lieux publics, rigoureusement séparés de l'espace privé de l'oikos (la maison) et considérés comme des zones de commercialisation, des espaces magiques qui transforment les humains en produits. C'étaient évidemment les rues de la cité où les épouses, « les femmes mariées selon les règles » et soucieuses de leur réputation, ne s'aventuraient que par nécessité et cachées sous un épais manteau. C'était là que déambulaient en revanche, s'offrant à tous les regards, des troupeaux de péripatéticiennes (prostituée qui arpente le trottoir, par allusion plaisante au verbe grec signifiant se promener, qui inspira les péripatéticiens, les partisans de la doctrine d'Aristote qui apprenaient en marchant et en regardant la vie autour d'eux) : gephuris (fille des ponts), dromas (coureuse), peripolas (vagabonde)... Les murs, les portes, les places et le port de la cité étaient particulièrement fréquentés. Il semble que le quartier du Céramique avec sa porte (le Dipylon), son cimetière et ses jardins était un haut lieu du commerce du sexe. Parmi les racoleuses de l'espace public, les auletrides, les joueuses d'aulos (une sorte de hautbois), étaient les moins chères et les plus méprisées même si certaines d'entre elles parvinrent à s'élever dans la hiérarchie de la prostitution. Elles pouvaient en effet être distinguées dans des « écoles de musique », sans doute sans grande qualité artistique, mais très prisées par un public masculin assidu. Les rues d'Athènes étaient dures : les bagarres pour se procurer une professionnelle étaient très fréquentes et les dîneurs se disputaient particulièrement les « musiciennes » indispensables à leur fête. Pour canaliser les pulsions naturelles des jeunes gens et protéger les femmes mariées, Solon (le grand démocrate) fit l'acquisition de femmes esclaves, les installa dans différents quartiers de la cité (près des remparts ou dans les quartiers populeux) pour les offrir à tout le monde dans le cadre d'établissements municipaux (même si très vite purent s'ouvrir des établissements privés, soumis à autorisation et redevables de taxes). Protégées par les autorités, les maisons publiques versaient en échange une redevance, le pornikon. Avec cette taxe, Solon fit construire un temple à Aphrodite Pandémos (l'Aphrodite commune à tous ; au-delà de ça, la prostitution sacrée était pratiquée auprès de certains temples et à leur profit), patronne des plaisirs tarifés. Pour que l'ordre public soit respecté, les astynomoi, les dix magistrats qui en étaient chargés, devaient veiller à l'application de la loi : les joueuses d'aulos et autres musiciennes ne devaient pas profiter de la compétition dont elles étaient l'objet pour faire monter les prix. En effet, le prix forfaitaire pour une nuit ne devait pas dépasser deux drachmes et si des hommes se disputaient la même professionnelle, cette dernière était tirée au sort sans être consultée. Celui qui payait plus était passible d'une eisangélie, une action judiciaire qui concernait les délits politiques. Dans une cité démocratique, le marché du sexe devait être ouvert à tous, sans distinction de fortune ! Ainsi, le bordel était un « lieu public » où se pratiquait légalement le commerce du sexe féminin. Le terme normal pour le désigner depuis Solon est ergasterion, atelier (non pas que du sexe, car il était aussi un atelier de filature et de tissage ce qui doublait sa rentabilité). Des hommes (et des femmes) sont quelquefois décrits comme « assis dans un oikêma », une stalle (siège de théâtre, mais aussi espace limité par des cloisons, notamment réservé à un cheval dans une écurie) individuelle dont la porte s'ouvre directement sur la rue, ce qui laisserait supposer qu'il s'agissait d'une institution légèrement différente de celle du bordel (mais que la porte soit modestement fermée ou ouverte pour un « show », la profession de l'occupant ne faisait pour le passant aucun doute). La forme la plus dépréciée de prostitution était celle que pratiquaient les femmes en se vendant au bord des routes ou dans les bordels. C'était notamment le cas des pornai, des prostituées de basse condition. Ce nom vient du verbe « vendre », car les prostituées étaient au départ des esclaves achetées sur le marché par des proxénètes femmes et installées dans de petites cellules qu'un simple rideau fermait pendant la passe. Pour autant, les esclaves pouvaient espérer (pour certaines d'entre elles, les plus belles et talentueuses) changer de statut, passer de la condition d'esclave à celle d'affranchie : c'était alors pour une prostituée accéder à la propriété, propriété de son corps, propriété de ses biens et propriété de ses enfants qu'elle pouvait désormais garder si elle le désirait. Comme en Grèce, la prostitution (du latin « prostituere » : mettre devant, exposer au public) était tolérée à Rome tout en faisant l'objet d'une réprobation sociale. Pour autant Caton l'Ancien (homme de la République pourtant réputé pour sa sévérité), disait à des mâles sortant du lupanar : « Bravo ! Courage ! C'est ici que les jeunes gens doivent descendre, plutôt que de pilonner les épouses des autres » (à Rome, les dicterions - lupanars - étaient considérés comme lieux d'asile et, par la suite, reconnus inviolables ; dans leur enceinte, les hommes mariés ne pouvaient y être accusés d'adultère, un père ne pouvait y chercher son fils pas plus que le créancier poursuivre son débiteur) ; de même, après la morosité du règne augustéen, les mœurs se libérèrent brutalement pendant les premières années du règne de Tibère et on vit même un sénatus-consulte de 19 se plaindre, entre autres « déviances », qu'aucune fille libre de moins de 20 ans n'avait le droit de se prostituer contre un salaire. La prostitution, très fréquente et totalement admise (rejetée certes, mais tolérée quand même) puisqu'aucun homme ne se cachait pour aller au bordel, était peu onéreuse. A Rome, les professionnels (femmes ou hommes) se rencontraient dans les lieux publics tels que les forums, les portiques, les théâtres, les auberges et bien sûr les lupanars (du mot « louve », le surnom des prostituées ; leurs chambres étaient ordinairement construites sous terre et voutées, fornix, d'où est dérivé le mot fornication). Les maisons closes étaient encadrées par l'Etat au nom de l'intérêt public (pour éviter que les jeunes gens ne se ruent sur les femmes mariées). Au-delà des créatures aussi vénales qu'affolantes qu'étaient les courtisanes de comédie, ou encore ces figures de « demi-mondaines » (que célébraient les poètes), sans parler des princesses impériales (comme Julie ou Messaline, dont les historiens anciens dénonçaient à plaisir les incartades sexuelles la nuit dans Rome), les hommes eux-mêmes étaient accusés de se prostituer comme César et son ami Mamurra dont Catulle prétend qu'ils disputaient leurs clients aux filles des rues. Toutes ces figures peuplent la Rome imaginaire de nos contemporains, dont ils font volontiers une société orgiaque et « décadente ». Toutefois, le mot de prostitution renvoie tantôt au commerce réel des corps tantôt à des pratiques sexuelles transgressives par rapport aux normes de la société romaine. Les rapports économiques à Rome, en effet, comme dans bien des sociétés traditionnelles, pouvaient relever soit du don et du contre-don, soit de l'échange marchand. Dans le premier cas les services sexuels étaient inclus à Rome dans des relations de clientèle (il s'agissait d'un officium, d'un « devoir », de l'affranchi(e) à son ancien maître), dans l'autre il s'agissait d'une véritable prostitution, d'un commerce monnayé. À cela s'ajoutait une autre situation économique : celle de l'esclave qui était une marchandise et dont le corps était à la disposition de son maître (les lois condamnant les maîtres qui prostituaient leurs esclaves étaient si peu efficaces qu'elles furent souvent reproclamées du Ier au IVè siècle). La prostitution ainsi définie (limitée aux seuls échanges marchands des corps) pouvait être le fait soit d'esclaves, loués par leur maître, soit d'affranchi(e)s, soit d'hommes et de femmes libres car nés libres (ceux que les Romains appellent ingenui), des ingénu(e)s qui vendaient leurs prestations sexuelles. En fait les seul(e)s prostitué(e)s dont le droit et la morale se souciaient étaient les ingénus, faisant commerce de leurs corps de façon ouverte et notable. En effet, d'une façon générale l'impudicitia volontaire et en particulier la prostitution, ne pouvait déshonorer qu'un homme ou une femme susceptibles d'être honorables, ce que n'étaient pas les affranchi(e)s. Finalement la prostitution au sens strict était à Rome quantitativement moins importante que dans nos sociétés égalitaires et démocratiques. Et elle n'était problématique que pour les prostitué(e)s ingénu(e)s. Puisque des corps serviles, ou affranchis, masculins et féminins étaient disponibles en grand nombre, aussi bien dans les demeures des hommes libres que dans les maisons de prostitution, comment se fait-il que des femmes nées libres aient renoncé à leurs privilèges et statut de matrones ? Comment se fait-il aussi que la société ait institutionnalisé ce renoncement en prévoyant d'enregistrer officiellement ces prostituées d'origine libre ? La réponse à cette question tient à la place et la nature des loisirs (otium) voluptueux dans la vie romaine et au coût des plaisirs qu'ils imposaient. C'est pourquoi penser la prostitution romaine doit se faire d'abord en termes de dépenses somptuaires. D'ailleurs les Romains ne censuraient jamais l'usage des prostitué(e)s proprement dit(e)s pour des raisons morales mais prétextaient toujours de raisons économiques : payer des prostitué(e)s menaçait les patrimoines comme toutes les autres dépenses en argent destinées aux plaisirs de l'otium (trop d'hommes libres donnèrent tous leurs biens à une courtisane au point que le droit interdit les legs en leurs directions). Malgré le blâme moral adressé aux prodigues excessifs, les dépenses destinées aux plaisirs de l'otium et en particulier l'argent payé aux prostitué(e)s étaient à Rome une nécessité culturelle, la culture du plaisir étant constitutive de l'otium. En effet, il était convenu au sein de la culture romaine que les jeunes hommes non mariés pouvaient et devaient s'adonner aux divers plaisirs associés au banquet : le vin, la bonne chair et les filles (ou les garçons). Ces plaisirs juvéniles n'avaient pas lieu, en général, dans la maison du père mais dans les maisons de prostitution à cause de leur caractère exceptionnel et excessif. Un ou une esclave assez joli(e) pour n'être qu'un objet de plaisirs coûtait trop cher pour être présent(e) dans de nombreuses maisons, et les multiplier menait à la ruine. C'est pourquoi la cité avait besoin de prostitué(e)s pour ses plaisirs. Ainsi à côté de la population servile toujours sexuellement disponible, les Romains faisaient appel à des prostitué(e)s libres afin de donner une dimension somptuaire, luxueuse, indispensable aux plaisirs raffinés qui constituait ce pôle indispensable de la vie civilisée qu'était l'otium urbanum, les loisirs de la ville. Les prostitué(e)s appartenaient donc à la population urbaine et étaient des composantes indispensables à la civilisation telle que la concevaient les Romains, au même titre que le vin, la musique, la cuisine, les parfums et tous les autres plaisirs du banquet. La prostitution était donc une pratique non pas sexuellement mais culturellement nécessaire à Rome. Le système symbolique de Rome servait à représenter l'érotisme des corps libres, féminins et masculins. Alors que la cité marquait d'infamie ces hommes et ces femmes nés libres se livrant à la prostitution (les privant du droit d'hériter aussi bien que de porter plainte pour viol ou insultes, créant ainsi une catégorie inférieure de citoyens), ils exerçaient une fonction précise. Ces « parias » de la société romaine, toujours « efféminés », servaient à marquer les marges de l'humanité civilisée dans la continuité, à définir les hommes, libres et adultes et donc « masculins », par ce qu'ils ne sont pas mais ce qu'ils pourraient par malheur être, devenir des « efféminés » ou leur équivalent, des prostituées libres. Les prostitué(e)s libres assumaient donc une fonction symbolique qui était d'être l'autre du soldat comme l'acteur est l'autre de l'orateur. Un épisode du mythe de Romulus et Rémus est associé à ce rituel : les jeunes Luperques reproduiraient les deux jumeaux, guerriers et bergers nomades, avant la fondation de la Ville, élevés sur un Palatin encore sauvage par une prostituée, lupa (Accia Laurentia, à qui la beauté de ses formes et la voracité de son appétit charnel avaient attiré cette qualification de la part de ses voisins), compagne d'un berger, après avoir été allaités bébés par une véritable lupa-louve. Le loup figure la vertu militaire, le corps sacré du jeune soldat, la louve incarne le corps prostitué de l'un ou l'autre sexe. Que la louve soit devenue l'animal emblématique de Rome montre comment était centrale la figure de la prostitution (féminine ou masculine indifféremment) à Rome : elle structurait l'espace féminin et urbain, en s'opposant à la matrone domestique, et l'espace masculin de la guerre en s'opposant au soldat (d'ailleurs, une fois par an, les femmes de la noblesse romaine étaient obligées de s'offrir au premier venu pour le prix qu'ils décidaient ; de même, bien que les filles publiques portaient une toge ouverte sur le devant et une mitre jaunes, couleur de la honte et de la folie, leurs chaussures étaient rouges jusqu'à ce qu'Adrien réservât cette dernière couleur aux seuls empereurs - sous l'aspect du pourpre, couleur très chère car issue du coquillage murex). L'empire byzantin, héritier de Rome, continua longtemps de tolérer les formes les plus visibles de prostitution (il faut rappeler que dans le domaine familial, l'usage oriental d'offrir les esclaves de la maison aux hôtes de passage était un gage d'hospitalité), puisqu'il existait même à Constantinople un théâtre appelé Pornas où l'on donnait des spectacles débridés. Ainsi, Théodora (508-548), élevée dans un porneion (une maison de prostitution) puis membre d'un groupe de comédiens légers, usa de ses charmes pour s'élever dans la société, obtenant même en 524 l'abrogation de la loi qui interdisait à un patricien de se marier avec une actrice (elle étant plus qu'à fond dans son rôle de courtisane ... d'infanterie). Elle devint ainsi la femme du futur empereur Justinien et influença alors la vie politique pendant plus de vingt ans, poussant son mari à diriger l'Etat d'une main de fer. Mais elle n'oublia pas son passé, car en matière de prostitution, son grand empereur de mari fut très innovateur. Il stipula en 531 dans son Corpus Juris Civilis que tous les proxénètes tels les souteneurs et les maquerelles (de macalrellus : dans les anciennes comédies à Rome, les proxénètes de la débauche portaient des habits bigarrés ; ce nom n'a été donné à l'un de nos poissons de mer - maquereau - que parce qu'il est bariolé de plusieurs couleurs sur le dos) seraient punies sévèrement s'ils étaient trouvés coupable de pratiquer ces métiers. Pour la première fois, une loi s'attaquait aux problèmes de la prostitution par ces racines. Par le fait même, les lois interdisant aux ex-prostituées de se marier furent également abolies. Mais ce code de loi ne faisait pas allusion aux prostituées elles-mêmes. En fait, cette loi visait essentiellement à faire sortir les prostituées des maisons closes. Afin de réussir son projet, il devait évidemment faire plus, c'est pourquoi il mit sur pied le premier centre de réadaptation sociale, nommé Metanoia qui voulait dire se repentir. Mais malgré ces efforts considérables, le programme fut un échec. De quoi confirmer la réputation de Byzance, cette cité du vice et de la perversion.
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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 18:23
• Animateur : Pour obtenir des aliments ou la protection des mâles, les femelles gorille, babouin, chimpanzé ou bonobo développent d'incroyables stratégies de séduction, mais peut-on pour autant parler de prostitution ?

• Ethologue : Pour qu'il y ait prostitution, il faut du désir ou des frustrations tournées en désirs, des individus acceptant de louer leur corps pour une relation limitée, un contrat et une monnaie d'échange. Pour d'autres espèces que l'humain, on parlera plutôt d'échanges sexuels contre un avantage attendu ou négocié. Premier point, il ne peut y avoir échange d'un service sexuel contre un avantage si les femelles ne sont réceptives que lors de leurs rares périodes d'ovulation. Deuxième point, si une femelle est en œstrus et copule avec des mâles différents, elle n'en tire aucun avantage, si ce n'est la tolérance et parfois la protection de ceux-ci pour son ou ses jeunes. Ainsi, pour qu'il y ait prostitution des femelles, il faut que celles-ci aient des périodes de réceptivités sexuelles étendues autour de l'ovulation, qu'elles suscitent du désir qui ne soit pas soulevé par les seules phéromones, qu'elles aient conscience de ce désir chez les partenaires potentiels, que ces derniers acceptent de céder un avantage contre une relation sexuelle. Si un jeune adulte babouin courtise une femelle en se montrant attentionné envers elle (même envers son enfant, dont il n'est pas le géniteur), lui offre une jeune antilope, lui rend service en lui cherchant des poux sur la tête, au fil des mois il en fait une amie, puis une partenaire sexuelle privilégiée. Il ne s'agit évidemment pas de prostitution, mais d'un ensemble de comportements complexes avec des anticipations, des échanges d'attention et d'affects, des services. Les singes à la réputation de lubricité solidement établie, tels les gorilles chantés par Georges Brassens, s'avèrent aussi sages que modestes sur les choses du sexe, les copulations étant sollicitées par les femelles sans recherche d'un avantage quelconque. Ce qui importe, c'est d'être sous la protection d'un mâle qui défend le groupe. Chez les bonobos, ces singes érotomanes, il n'y a pas de négociation sexe contre nourriture ou sexe et intrigues de pouvoir comme chez les chimpanzés, bref d'échange contre un avantage (il arrive qu'une femelle bonobo se donne pour obtenir de la nourriture ou un objet convoité, mais on doit plutôt parler de bonnes mœurs). Par contre, plus surprenant, les pingouins sont une espèce souvent citée pour ces pratiques d'échanges de bons procédés. En l'état des connaissances, seuls les chimpanzés affichent des comportements s'apparentant à de la prostitution. Faut-il rappeler que nous partageons 99% de notre génome avec eux ??? Les femelles chimpanzés présentent une assez longue période de réceptivité sexuelle autour de leurs périodes de fécondation. Elles profitent alors de leur attractivité pour jouir de relations sexuelles avec plusieurs mâles et selon la tolérance du mâle dominant. Elles sont conscientes de l'envie qu'elles suscitent et s'en servent pour échanger leurs faveurs, pour obtenir des nourritures prisées auprès des mâles. Il existe ainsi des négociations « sexe contre nourriture », par exemple entre une femelle particulièrement appréciée et un mâle numéro deux très entreprenant : cette femelle est poursuivie de ses assiduités par ce mâle « secondaire » d'autant plus séduisant qu'il détient deux noix de coco, qu'elle finit par obtenir contre plusieurs copulations. Une autre fois, c'est le mâle dominant qui accapare beaucoup de nourriture. La même femelle se présente devant lui, le mâle numéro un lui proposant un tiers de ses réserves, ce qu'elle refuse. Il en propose le double, elle refuse toujours. Il finit par tout offrir et il obtient ce qu'il désirait. On voit bien ici que les autres animaux savent ce qu'ils veulent et ce qu'ils valent, qu'ils connaissent le sentiment d'injustice et qu'ils négocient donc dur pour arriver à un accord correct (même si ici la femelle a été particulièrement gourmande, mais quand on aime - ou qu'on veut faire du sexe à tout prix - on ne compte pas, on ne va pas pinailler pour « si peu »). Les chimpanzés éprouvent donc du désir sexuel et du désir gourmand ; ils sont capables de comprendre l'autre et ses attentes. Non seulement ils attribuent de l'importance à ses menus plaisirs, mais ils savent les évaluer pour négocier des échanges sexe contre nourriture. Mais les jeux du sexe interviennent aussi dans les intrigues de la politique. Le sexe intervient ainsi dans des marchandages subtils au sein des coalitions de mâles chimpanzé, un mâle dominant permettant à un second qui le soutient fidèlement d'accéder de façon privilégiée aux femelles réceptives, tout en empêchant les autres de le faire.
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25 juin 2008 3 25 /06 /juin /2008 17:27
  • À vingt-deux ans, après ton expérience traumatisante avec cette fragile gamine, tu as été quelque peu rassasié dans ton appétit vorace ! Malheureusement, ta « sexpérimentation » – comme tu le dirais toi-même – du "sexe faible" mais mûr à point, a de nouveau été un casse-tête émotionnel et sentimental !
  • F : « Tout à fait Thierry !!! C’est le moins qu’on puisse dire ! Pour autant, j’ai vécu une très belle parenthèse enchantée juste avant de replonger dans les tourments affectifs, non plus en tant que bourreau, mais cette fois-ci comme victime ! Pour situer cet entre-deux crises, j’ai vécu deux ans d’abstinence (putain, deux ans !), mes souvenirs hantés par le cauchemar de ma relation « elle m’aime, moi non plus » et sa fin tragique m’ayant complètement coupés la trique ! J’aimais toujours fréquenter des femmes, mais je n’éprouvais plus le moindre désir envers elles, aussi charmantes fussent-elles ! Toutefois, le processus « d’elle de la tentation » se remit en branle lorsque mon coloc et moi fûmes invités par nos deux voisines à un énième apéro estival. Alors que tous les quatre nous nous entendions bien mais sans être les meilleurs amis du monde, le stress de la journée de ces deux infirmières recommandait un massage … en tout bien tout honneur, sans aucune arrière-pensée, cela va sans dire ! Commençant par masser la rondouillette pas très belle pendant que mon coloc s’occupait de la mignonne « un peu coincée », je me rappelais que ma patiente avait les plus beaux seins que j’avais jamais vus (elle m’avait demandé un jour à la plage si elle pouvait se mettre seins-nus, ce pour quoi j’était contre … tout contre grrr, enfin, je n’avais pas mon mot à dire, c’était ses seins après tout). Malheureusement, je n’en verrais rien, les donzelles gardant le haut même si cela ne facilitait pas les gestes bien placés. Après un certain temps, il y eu échange de partenaire. Je continuai sur ma lancée, mais l’Éros se révélait à nouveau à moi, preuve que c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas ! Pris dans la sensualité du massage, mes sens de retour à l’éveil, je me surpris à prolonger mes gestes relaxants à l’orée des parties charnues et sensibles du haut de la belle, juste sous les seins, sur leurs côtés, mais jamais sans être sexplicite puisque je quittai la zone rapidement pour me concentrer sur des zones tout autant réceptives (base du cou, long des mains et intérieur du coude) mais plus neutres (quoique !). Finalement, emmenée par le bien que je lui faisais, cette fille sérieuse ouvrit la cage aux lolos, tout en restant bien sur le ventre pour ne rien montrer mais en facilitant mes déplacements autant apaisants que sexcitants ! Après quelques ultimes manœuvres, de plus en plus ciblées et rapprochées, n’en pouvant plus, la belle ingé-nue (euh, infirmière et seulement torse-nue : personne abordant les sensations érotisantes sans qu’aucune perception personnelle de transgression de l’ordre moral ne vienne altérer) se retourna et m’offrit ses lèvres labiales avant que nous nous éclipsions et qu’elle me donne ses lèvres génitales, après avoir usée de ses lèvres sur mes parties ! Après ce que j’avais vécu auparavant, je lui indiquai (après quelques jours tout de même) qu’elle ne devait pas attendre d’amour de ma part, que je la respectais mais que nous n’étions pas fait pour être ensemble, ce qu’elle admit également même si elle avait des débuts de sentiments plus forts à mon égard. Cette parenthèse enchantée fut magnifique, car nous nous fréquentions comme des potes (même pas comme des amis), et qu’il n’y avait aucune intrusion de l’un dans la vie et les activités de l’autre ! Je ne l’appelais jamais pour la gaudriole, elle me proposait de passer après son boulot, on discutait gentiment pendant un bout de temps, puis au moment de partir on se sautait mutuellement dessus ! »
  • Une très belle amitié sexuelle en somme ! Justement ce que tu cherchais avec Véronica mais qui ne fut pas possible étant donné ses sentiments réellement amoureux à ton égard !
  • F : « Exactement ! Sauf qu’après Véronica et notre relation "elle m’aime, moi non plus" puis cette histoire "on s’intéresse, on s’aime non plus", je suis tombé dans une relation "je l’aime, elle non plus", où il ne s’agissait même pas d’amitié sexuelle ni même sensuelle, mais platonique (enfin presque) avec beaucoup de sentiments refoulés ! Cécilia était une femme rencontrée lors d’une soirée chez des amis, mais avec qui je n’avais quasi pas parlé le soir-même ! Notre première vraie rencontre fut donc une session piscine : notre ami commun, par lequel j’avais été invité à cette soirée, était surveillant de baignade dans une piscine municipale et nous ouvrit ses portes pour une séance nocturne ! Ce fut une sacrée entrée en matière que de la voir en maillot de bain deux pièces dans cette piscine que pour nous. Pour autant, berbère étant plutôt attiré par les femmes au teint de lait taillées pour la compétition avec petit cul et gros seins, je ne regardais pas à mâle en voyant cette perle des Antilles chocolat noir, un peu fat mama bouteille d’Orangina au gros cul et petits seins : elle était quand même mignonne, mais elle ne correspondait pas à mes canons esthétiques ! Une autre fois, notre ami semblant avoir des vues sur elle (qui n’en n’aurait pas), m’invita à les rejoindre dans un bar. Je préférai les laisser seuls plutôt que d’avoir à tenir la chandelle pendant que monsieur la courtisait avec ses bons mots. Plusieurs soirées eurent lieu et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes … Mon pote semblant avoir "lâché l’affaire", le contact passant plutôt bien entre nous, je décidai de tenter ma chance en entrant véritablement dans une "phase de séduction". Si je mets des bémols, ce n’est pas que j’y allais à reculons, disons plutôt que, comme elle ne correspondait pas à mes critères de satisfaction physique, c’était plus mon cerveau qui voulait que mon sexe, chose nouvelle pour moi ! Surtout que mon pote me prit à part en fin de soirée pour me dire que ce n’était pas très amical de ma part de « marcher sur ses platebandes ». Telles n’étaient évidemment pas mes intentions, mais il est vrai que je me montrai un peu plus entreprenant (sans faire le dragueur lourdingue à la Aldo Maccione). Sans pour autant être comme un jeune coq voulant "s’accaparer" la "poule number one", je lui répliquai que c’était pas à nous de définir celui qui devait se mettre en avant (et donc de facto "laisser le champ libre" à l’autre), mais au contraire que nous devions donner le meilleur de nous-mêmes et que c’est bel et bien elle qui "disposerait" de nos "propositions" (un peu indécentes, mais seulement, éventuellement, dans un second temps). Bref, tout ça pour dire que même si nous n’étions pas dans une guéguerre de cours de collège (nous avions passé l’âge et notre amitié compte plus que tout), un "concours de séduction" était lancé, mais de manière larvée, en douceur et dans le Respect de toutes les parties prenantes. Bien que le contact passait bien entre nous, je considérais à ce moment-là notre peut-être hypothétique relation comme avant tout sensuelle (pour ne pas dire sexuelle – ah si merde je l’ai dit –, car en plus d’être très sympathique je fus finalement attiré par sa grâce des îles). Après une soirée toujours aussi arrosée, sans (presque) aucune arrière-pensée, je m’endormis à ses côtés sur le canapé après que tout le monde soit parti. Un peu plus tard dans la nuit elle alla se coucher dans son lit. Lorsque je repartis chez moi dans le courant de la journée (le réveil et la matinée s’étant très bien passés alors que j’aime bien être chez moi pour larver après ce genre de soirée alcoolisée, et ne pas devoir remettre une certaine forme de masque social avec la tête en vrac), je fus quasi "soulagé" qu’il ne se soit rien passé : si sur le coup ça m’aurait évidemment plu, le lendemain j’aurais eu peur des changements. Non pas que j’étais devenu sentimentaliste, mais le drame de Véronica m’avait affecté quand même (car je ne pouvais pas me dire que je n’y étais pas un peu pour quelque chose dans son suicide suite à son rejet de possible mère) et surtout là ça engageait aussi mes relations avec mon pote (même s’il avait finalement abandonné) et d’autres amis qui l’appréciaient beaucoup ! En somme, je n’avais pas le droit de tout gâcher, comme trop souvent, juste pour un coup de bite, aussi bon soit-il (ce dont je pouvais en plus douter car j’avais pas flashé sur elle de prime abord) !!! Mais la prise de tête « j’y vais ou j’y vais pas » a vraiment commencé à une soirée après avoir dansé ensemble de manière très sensuelle : je fus très retourné et en rentrant chez moi je savais pas trop ce que je devais faire (d’autant plus qu’elle me proposait de revenir la rejoindre après avoir ramené mon pote). Les excellentes soirées passant, une certaine affinité, puis complicité, se créant entre nous (tel épris qui voulait juste prendre), je décidai plus facilement d’accepter ses invitations à dormir chez elle, même si je savais (ou du moins me semblait savoir) qu’elles étaient pures et vierges de toute interprétation indécente (même si quelque part j’espérais quelles ne le soit pas). La première fois qu’elle m’accorda l’honneur de passer toute la nuit à ses côtés sur le canapé, je fus heureux en même temps que tiraillé par mes pulsions face à son attractivité sensuelle. De plus, montaient en moi de nombreux tourments quant à savoir ce que je devais faire (ou plutôt si je devais faire quoi que ce soit d’un peu entreprenant), sachant qu’elle était avec quelqu’un (mais il était loin et ça semblait sentir le gaz) et que je voulais pas non plus abîmer notre amitié – plus ou moins réellement – naissante (dans le sens où elle avait déjà commencé auparavant mais elle rentrait là dans une autre dimension de l’affect et plus de simples potes de beuverie). En conclusion, de par mes expériences passées, je me tâtais pour savoir si je devais entamer une procédure de séduction active vraiment intensive (connaissant assez bien les ficelles pour parvenir à mes fins), sachant qu’il y aurait de toute façon des conséquences entre nous et même avec les autres. Si je voulais obtenir ses orifices ce serait sans artifice : je voulais l’avoir à la régulière ! Bref, la Respectant, je ne voulais pas abuser d’elle (même consentante, en tout cas sur le coup – notamment par le biais de l’alcool) pour mon simple bon plaisir sensuel/sexuel, même si l’amitié/affection était là mais ne pouvait nullement être qualifiée d’amour (à mon corps défendant pour une fois, cela ne se commandant pas). Finalement, je décidai de ne pas attenter à son corps : je proposais, elle disposait !!! Plutôt que de prendre les devants et d’avoir à assumer la responsabilité de ce qui aurait pu enjouer nos sens (mais éventuellement provoquer au réveil une crise amicale entre moi et beaucoup de personnes, bien sûr elle la première), même si cela me titillait, je décidai de faire montre de beaucoup d’affection (non feinte, loin de là) mais de lui laisser le choix et les opérations du premier geste "déplacé" (mais attendu "comme le messie"). Étant sûr de notre plus que bon relationnel, mais très incertain sur ce qui se cachait concrètement derrière (peur de la manipulation des hormones, notamment de la testostérone, les hommes – et surtout moi le premier – pensant très et trop souvent avec leur bite), je laissais le temps faire son œuvre et mon charme agir en la "corrompant" lentement mais "sûrement" (c’est une expression ; un plan est une liste de choses qui n’arrivent pas comme prévues). Ainsi, à quelques reprises, nous étions tendrement enlacés dans notre sommeil léger et nos caresses plus ou moins mutuelles me mettaient en émoi. Cependant, même si je n’attendais que ça, conformément à mes engagements de Respect envers elle, je ne fis rien, si ce n’est attendre qu’éventuellement, peut-être, l’envie et la fougue s’emparent de ses sens et qu’elle se "jette" sur moi.
  • Étais-tu en train de virer de bord, de devenir sentimentaliste, voire même amoureux ???
  • F : « Force est de constater que oui : je tombai petit à petit fou amoureux de cette femme de trente ans qui m’apporta beaucoup, notamment sur la notion d’amour, qui se révéla enfin à moi, grâce à elle ! Je m’en rendis compte lors d’une énième soirée ! Au début, je restai insensible au fait que d’entrée de jeu elle dansa avec des keums de la table d’à côté : qui étais-je pour juger ce qu’elle faisait, pas son amoureux, juste un bon pote qui avait des vues sur elle. Mais dont ces personnes ne faisaient pas de concurrence directe puisqu’il ne s’agissait que d’une danse avant de bouger ailleurs ! Par contre, les grammes "aidant" (de son côté comme du mien), je sentis, au fur et à mesure, une forme de jalousie assez mal placée monter en moi quand elle se mit à "chauffer" des gars (même si il n’y avait pas de "mauvaises" intentions, juste le plaisir de savoir que l’on provoque du désir et de l’émoi chez autrui). D’un côté il y avait mon aspect pote qui lui disait de faire gaffe car les mecs sont des porcs et qu’on ne joue pas impunément avec ses attributs et sa sensualité face à des mâles en rut (et à plusieurs moments ce fut "tendu" pour elle, harcelée de tous les côtés par des hommes chauds comme la braise : je me disais qu’elle était grande, que je l’avais avertie et qu’au-delà de ça je n’étais qu’un simple pote donc je n’avais pas trop mon mot à dire par rapport à sa conduite), de l’autre mon affection pour elle me mettait mal à l’aise face à cette pseudo "concurrence". À un moment, vu qu’elle venait souvent me voir après ses escapades, un gars s’approcha de moi me demandant si j’étais avec elle ou pas, et que si je l’« emballais pas » (selon ses propres termes) lui le ferait avec grand plaisir (tu m’étonnes). Je lui dis que nous étions juste potes et qu’il n’avait qu’à essayer (espérant que de son côté à elle ça n’accrocherait pas), mais au fond de moi je savais que cela me faisait chier. Mais bon ! Je n’avais bien évidemment pas mon mot à dire !!! Pour autant, pour "marquer mon territoire" et faire dégager ces crevards, cela ne m’empêcha pas de lui faire à deux reprises un mini baiser, première fois où je me lâchai un peu par rapport à ça (il fallait pas abuser des bonnes choses, enfin si, mais pas trop dans le cas présent, malgré l’envie qui ne manquait pas). Le lendemain, je me sentis super à l’aise, pouvant parler tranquillement et franchement, comme avec une super copine (même s’il y avait toujours cette "ambition" affective). Je restai toutefois perplexe d’autant plus qu’en reparlant de la veille, elle m’avoua que lorsque je l’avais "kissée", cela ne lui avait pas déplu (ni pour, ni contre, bien au contraire, du moins officiellement : elle le permit car elle le "voulait" bien, mais l’alcool fausse beaucoup de chose, notamment la mémoire et l’appréciation du lendemain concernant la veille). Je me voyais donc emprisonné dans mon dilemme de ne rien forcer, d’autant plus que son copain revenait bientôt ! Pour autant, nos nuits ensembles devenaient des plus sensuelles (comme la nuit câline où ma main s’égara sur ses fesses, mais toujours tout en finesse, me ressaisissant quand je sentais qu’elle n’ "accrochait" pas) : j’avais des coups de chaud face à cette tiédasse qui ne faisait rien pour refroidir mes ardeurs [1]. En outre, nos discussions m’interpellaient sur la nature de sa relation avec son "chéri", non par curiosité mal placée, mais plutôt que je me demandais si elle n’était pas dans une forme de servitude volontaire : lorsque malencontreusement mes oreilles entendaient ce qu’elles n’étaient pas censées écouter (alors que je me mettais toujours à distance ou me distrayais en faisant autre chose), ou que je percevais ce qu’elle disait, ça n’avait pas l’air d’être la fête tous les jours. Du coup, j’avais de plus en plus envie de nous, qui plus est pour de bonnes raisons, mais cela posait également de nouvelles questions sur l’"est-ce opportun et bien raisonnable ? " d’une telle "aventure" : je tergiversais donc sur « Alors ? Tu veux ou tu veux pas ? Si tu veux c’est bien, si tu veux pas tant pis, "j’en ferai pas une maladie" (quoique) ! Alors, tu veux ou tu veux pas ??? » !!! Pour éviter de trop se prendre la tête chacun de son côté, nous avons discuté de tout ceci en nous demandant : « qu’est ce qui nous arrive ? ». Je lui expliquai (avec elle je n’avais pas de gêne à exprimer mes sentiments, que j’avais trop souvent dissimulés ou refoulés d’ailleurs) pour ma part que je ressentais quelque chose de fort mais en même temps d’assez inqualifiable envers sa personne (et en deuxième lieu son corps, comme quoi l’ordre des "priorités" avait changé, même si déjà avant je l’appréciais beaucoup, mais là c’était autre chose que de l’affection simple). De son côté, il m’était évident que pour une large part elle avait plus besoin et envie de présence humaine qu’autre chose, de par sa situation amoureuse officielle du moment. Pour autant, à peine cette mise au point faite, nous nous retrouvâmes à nouveau tendrement enlacés, moi un peu raide comme un piquet (au niveau global du corps j’entends) pour ne plus l’influencer sensuellement, et elle me disant que je sentais bon (au-delà du déo) et que j’avais la peau et les mains douces. Nous passâmes la nuit ainsi, mais ne pouvant tenir je décidai d’écourter mon insomnie à ses côtés : si on m’avait dit qu’un jour je laisserai tranquillement dormir une très charmante demoiselle en petite tenue dans son lit, dans lequel j’étais convié, je ne l’aurais pas cru ! Preuve que je la Respectais énormément, non pas que je sois un prédateur sexuel (enfin … no comment), mais simplement un homme avec ses tentations et pulsions qui faussent le raisonnement ! Un brin plus tard, plus à jeun, nous avons remis toutes ces ambiguïtés sur le plateau. Je lui expliquai que pour ma part les choses étaient loin d’être évidentes mais que je savais un peu plus où je voulais aller, et avec elle qui plus est. Pour moi, même sans savoir exactement où cela nous mènerait, je voulais être son compagnon de route, préférant avoir des remords si cela ne marchait éventuellement pas (mais qui sait ce que peut donner ce que l’on ne tente pas) plutôt que d’avoir les regrets de ne pas avoir essayé et de ne jamais savoir à côté de quoi exactement je serais passé. Malheureusement, pour elle les choses étaient moins favorables au nous, estimant que nous nous ressemblions trop (et alors ? je vois pas où est le problème, si tant est que ce fut le cas) et qu’elle n’avait pas « la boule au ventre amoureuse ». Cette fois une décision "claire et définitive" fut prise à son initiative, approuvée par elle et concédée par moi ! Cependant, encore une fois, elle avait un certain discours, qu’elle ne s’appliquait pas toujours à elle-même : après avoir mis tout ça sur le tapis et avoir mis au point les choses à ne plus faire et à faire dorénavant, elle blottit à nouveau des plus tendrement sa tête au creux de mon épaule et me caressa (de manière super soft, mais quand même). De mon côté, la décision ayant été prise par ses soins, je me devais de la Respecter (même si cela m’embêtait, d’autant plus qu’elle faisait pas grand-chose pour calmer ce trouble "jeu"). Je tentai avec plus ou moins d’envie et de convictions (plutôt moins d’ailleurs, mais bon) de mettre un peu d’espace entre nous, jusqu’au moment où elle dit que ce serait la dernière nuit où nous dormirions ensemble (sage décision, malheureuse de mon point de vue mais c’était la sienne et je me devais de la Respecter) et qu’ainsi nous avions un peu le droit d’en profiter… tendrement mais sans ambigüité, allez comprendre dans ce contexte ! Pour preuve, à quelques reprises, je sentis (elle, se mettant sur moi, puis en soupirant des plus fortement, avant de basculer vers sa place un brin distante mais pas tant que ça : il y avait un flagrant non-respect des distances de sécurité amicales/amoureuses) qu’elle n’était pas si sûre que ça de ses choix (du moins c’est ce que je voulais croire, car l’on ne voit que ce que l’on veut bien voir). D’autant qu’elle m’avait clairement indiqué que dans sa situation amoureuse actuelle elle ne voulait avoir qu’une petite histoire sans amour avec un gars lambda. Je fus "choqué" (même si bon nombre de mecs réagissent pareil pour sortir plus vite d’une histoire douloureuse, les filles sont loin d’être prudes mais ce n’est pas une raison) mais je n’ai pas à juger : chacun fait ce qu’il lui plaît, plaît, et est bien heureusement libre de son corps. C’est juste que j’enviais et jalousais déjà l’heureux veinard que je n’avais pu (ou su, sûrement les deux) être, même si je voulais pas que notre non-histoire me transforme en gros con jaloux, aigri d’avoir été éconduit. Je voulais pas me laisser retourner le cerveau par quelqu’une (si intéressante et charmante soit-elle) mais c’était déjà trop tard et toute cette histoire m’avait déjà mis la tête en vrac : je subissais quand même le contrecoup d’un Amour que j’avais mis du temps à accepter (pour être sûr de ne pas agir par manipulation hormonale et lui faire par conséquent du mal, ce que je ne voulais absolument pas) ! Elle avait dit non, il fallait que j’apprenne à vivre avec (même si c’était pas la fin du monde, ça me faisait bien chier quand même, mais bon ainsi va la vie) ! Après tous ces tohu-bohus [2], une vraie pause relationnelle s’imposait pour vite tourner la page et repartir comme en 40 (presque comme si de rien n’était) ! Je m’imposai donc une sorte de silence volontaire de "sors-moi de la tête" pour essayer de switcher ma façon de la concevoir en la percevant comme une simple copine ! Lorsqu’elle invita mes potes pour boire un verre et faire une sortie, je me tâtai pour savoir si je voulais être seul avec elle (pour me prouver qu’il n’y aurait pas de malentendu sur l’état nouveau de notre relation) ou "noyé" dans le groupe pour pouvoir plus facilement l’esquiver si je sentais le malaise venir (à mon niveau). Finalement, mes potes n’étant pas dispo, je vins chez elle non pas avec une certaine appréhension, mais avec quelque chose d’indéfinissable qui s’en approche assez. Je voulais pas être chez elle, lieu chargé de mémoire, mais plutôt sur un terrain neutre. Toutefois, après un début plus ou moins hésitant, je fus rassuré de voir que finalement c’était pas si difficile de changer d’état d’esprit la concernant. Résultat, nous avons tellement bien discuté (comme d’hab), que je n’ai pas vu la nuit passer. Tant mieux, ça voulait dire que j’avais réussi mon examen de passage à une seconde vie entre nous. Même durant un massage, j’avais aucune arrière-pensée (enfin j’étais pas de marbre non plus, les massages étant une "arme" de sensualité, mais je me faisais pas du tout de film, si bien que je dégrafai son soutien-gorge sans saliver) : je croyais que le cap était définitivement passé et la page belle et bien tournée ! Mais c’était plus facile à dire qu’à faire !!! Malheureusement (même si cela me faisait plaisir, mais sachant très bien que ça allait me perturber par la suite), l’alcool "aidant" (et comme d’hab en regardant un film que tous les deux), elle se remit dans le creux de mon épaule et elle prit mes mains en les baladant sur son corps suave. À la fin du film, et vu l’heure plus qu’avancée, j’acceptai à contrecœur mais de manière entendue, qu’elle aille dormir dans son lit (ce qui était normal au vu du contrat du sommeil séparé, même si avec l’alcool les câlins étaient revenus, à son initiative). D’ailleurs, je pris un peu mal le fait qu’elle me dise deux fois bonne nuit, une fois dans le salon et l’autre à partir de son lit dans lequel je n’étais (bien "naturellement", plutôt contractuellement) pas convié. Le lendemain, ses rires devant un autre film me firent réaliser que cet après-midi là serait un test pour savoir si la fin de la soirée avait été un accident, un relâchement des engagements pris. Malheureusement oui c’était un accident, un certain laisser-aller ! Voulant partir mais pas dans ces conditions de frustration émotionnelle, je voulais discuter pour la énième fois avec elle pour dire tout ce que je ressentais, sans vouloir la mettre mal à l’aise mais juste pour qu’elle se rende bien compte de ce qui se tramait en moi, à mon insu (et loin d’être à l’insu de mon plein gré). À plusieurs reprises, je me vis avancé de manière stratégique mon bras en espérant qu’elle s’en saisisse, mais rien ne vint. Du coup, n’ayant pu lui parler de tous mes tracas, je partis "fâché" envers moi, non envers elle (quoique, stop le yoyo du « [moi] je t’aime, moi non plus [elle m’appréciant "seulement"] », surtout avec les grammes de l’alcool). En guise de conclusion, je lui écrivis pour la remercier de m’avoir ouvert le cœur et de m’avoir fait ressentir la sensation planante d’être amoureux (pour la première fois puisqu’auparavant je tenais plutôt le rôle du bon pote avec qui on fait du sexe). Je lui imposai également quelques règles strictes que je serais le premier à appliquer et à lui rappeler : ne plus jamais être seuls ensemble (surtout en mâtant des films), toujours être entourés de gens x ou y, histoire que je puisse discuter avec d’autres quand je sentirais que la pression est trop forte, ne plus avoir d’attitude ambiguë (même si elle n’en avait qu’en fin de soirée, en mâtant des films justement) ! En Amour il n’y a pas de juste milieu, ou alors sous la forme d’amitié sexuelle mais ce n’est pas du tout ce que je voulais (même si ce serait super sympa, mais dans le cas qui nous intéresse y avait pas moyen, c’était "tout" ou rien – non voulu mais subi avec plus ou moins de consentement selon les jours) ! Finalement, je trouvais cette histoire très enrichissante (autant que "blessante"), car elle m’aura appris beaucoup de choses sur mes capacités et limites. Il fallait juste que le temps fasse son œuvre et gomme le reste de mes sentiments amoureux à son égard : j’avais mis du temps à les accepter, j’espérais qu’il en faudrait pas autant pour les atténuer en les transformant en pure et simple amitié. Pour que cette histoire serve de leçon (à tous les deux), je lui indiquai qu’elle ne devait pas être consciente des troubles (voire dégâts) qu’elle pouvait provoquer auprès de la gente masculine (en tout cas j’espère bien qu’elle le faisait pas exprès, sinon je la qualifierais volontiers de succube [3] de l’enfer, tentatrice démoniaque) : soit elle n’imaginait même pas les dégâts qu’elle pouvait provoquer auprès des mâles par son attractivité sensuelle naturelle (elle avait un certain sex-appeal, basé sur ses nombreux charmes, autant physiques que relationnels), soit elle en usait et abusait pour se réconforter sur sa sensualité auprès de cibles les plus faciles d’accès (proies faciles car célibataires, plus ou moins avec problématiques sexuelles). Toujours est-il qu’elle avait de réelles capacités d’envoûtement par le simple fait d’être gentille, attentive aux problématiques d’autrui, en espérant qu’il n’y ait pas de calcul derrière de séduire juste pour le fun, sans considération pour la solitude sexuelle ou le manque d’affect que tout un chacun peut ressentir à un moment ou à un autre. Au moins ceci m’aura servi de leçon puisque j’avais eu des tendances à agir de la sorte, séduisant pour mon bon plaisir (sexuel dans mon cas). À présent je savais ce que pouvaient ressentir des personnes qui ont d’autres sentiments que le simple rapport sexuel, même s’il était toujours consenti par l’autre (j’étais quand même pas un violeur en utilisant la manière douce de la persuasion extérieure, même si j’avais déjà chauffé en laissant l’autre prendre la décision d’aller plus loin, la personne ayant été assez préparée pour se dire qu’elle se devait d’y aller). Fondamentalement, je pense qu’au tout début tous les deux nous étions en manque et demandeurs d’affection, ce qui a fait que nous passions des soirées très arrosées pour se lâcher, puis très câlines devant un film voire au lit afin de combler un besoin inassouvi de présence chaleureuse voire sensuelle. Par la suite, mes opinions amicales évoluant au fur et à mesure de nos nuitées et bons délires vers le côté sentimental puis amoureux de la force, elle comprit qu’elle avait mis le doigt dans un engrenage "dangereux" et elle tenta de rectifier le tir en mettant le point sur les i sur ses pensées intimes à mon égard. Pour autant, sitôt la morale faite, soit son manque de chaleur humaine voire peut-être déjà son besoin de moi, fit que les engagements pris furent allégrement bafoués ! »
  • Si mes sources, les tiennes d’ailleurs, sont exactes, cet imbroglio versatile n’a pour autant duré "que" deux mois, au moins après les choses étaient claires ! Enfin…
  • F : « Enfin non comme tu le sais !!! Disons qu’ensuite ça s’est tassé pendant encore deux mois, même si on continuait, avec tout le groupe, à souvent se fréquenter ! Mais un soir où justement on lui avait "fait la morale" avec mon pote pour lui dire d’écouter les anciens qui sont déjà passés par des histoires de couple compliquées et s’enrichir de leurs expériences pour ne pas faire les mêmes erreurs et éviter de se laisser enfermer dans un cercle vicieux sans fin où l’on croit que ça ira mieux demain, le geste tant espéré mais inattendu à ce moment précis arriva ! En fait, on buvait (encore tu me diras) souvent un coup ensemble, en trio, et souvent son gars appelait pour prendre des nouvelles et ça partait la plupart du temps en live car lui était loin et se méfiait du côté très social et trop sociable de sa copine (sachant qu’il l’avait trompée dès le début, il avait peur qu’elle en fasse de même alors que leur situation "amoureuse" s’enlisait, pour ne pas dire pire ; il appréhendait d’avoir à dire « Je t’ai trompée, tu as failli me tromper, on s’est trompés tous les deux ») ! Toujours est-il que ce fameux soir il appela à nouveau et comme d’hab ça lui avait foutu le moral en l’air, plus bas que terre !!! Mon pote et moi lui avons donc redit pour la énième fois qu’il fallait qu’elle arrête de s’en prendre plein la gueule pour pas un rond, car il n’y avait aucune raison ! Ensuite, on s’est rendu chez mon pote, et on s’est gentiment couchés – mais bien cramés comme d’hab – à trois dans son lit deux places ! Après quelques minutes de silence, demandant à voir l’état de suçage de ma pastille pour sentir bon de la bouche (l’ami des pécheurs/pêcheurs pour ne pas la citer), lorsque je la lui montrai du bout de la langue elle sauta sur mon appendice lingual et le suçota goulument !!! S’en suivi de beaux échanges de salives et roulages de pelles ! Le matin, quand mon pote partit pour son taf, on resta seuls ! Je ne voulais rien faire de spécial, attendant de voir s’il y avait confirmation de la veille ou si comme d’hab c’était uniquement dû à l’alcool ! À un moment elle se mit, toute seule, sur moi et me dit que non, ce n’était pas raisonnable, et même dangereux à tout dire ! J’eus à peine un mini baiser de bonjour puis ce fut l’heure de partir pour elle ! Il y avait pas de quoi sauter aux anges, mais j’étais content… tout en attendant anxieusement la suite des évènements et qu’elle parle de tout ceci avec elle-même avant de trop me réjouir ! D’ailleurs, "je sais pourquoi", j’avais un mauvais pressentiment ! Et ça a pas loupé : à peine quelques temps après être rentré chez moi je reçus un mail (ce qui déjà est super élégant, comme quoi il y a pas que les mecs qui peuvent être goujats) m’annonçant bien évidemment qu’elle s’était emballée à m’embrasser et que maximum deux semaines plus tard elle aurait choisi et tranché son embarras entre son gars et moi ! Le soir-même elle m’appela pour me dire qu’elle avait fait une erreur car elle voulait tout tenter avec lui, limite pour être définitivement sûre et certaine que décidément ça ne le faisait plus et avoir du coup la conscience tranquille en pouvant dire « on a tout essayé » (après la ixième rupture-"réconciliation" ; d’ailleurs, quelques semaines plus tard, elle cassa "définitivement" avec lui) ! Je suis pas là pour juger, chacun fait comme il veut et gère comme il peut. Sauf qu’elle connaissait mes sentiments mais ça l’a pas empêchée de rouvrir mes chakras senti-mentaux après les avoir mis en quarantaine. Au départ, elle n’était tout simplement pas amoureuse de moi (ce que je comprends, ça ne se commande pas), puis un mois plus tard elle laissait entendre que les choses avaient changées dans son affection amicale envers moi (d’une, sûrement parce qu’elle se rendait – enfin – compte que son histoire officielle ne changerait pas du tout au tout pour revenir au conte de fée du début – puisque les choses et les gens évoluent mais ne changent pas, de deux parce qu’il y avait eu des situations ou des mots – lesquels ? je ne sais toujours pas exactement ce qui l’a fait changer de point de vue à mon/notre sujet – qui la laissaient envisager une possibilité/opportunité de petit plus de monsieur plus qui fait basculer d’ami à "amant"). Je sais bien que c’est "facile" de juger/critiquer à froid avec le recul, sachant qu’elle affirmait qu’à ce moment-là elle ne savait vraiment pas avec qui faire quoi ! Mais sachant ce qu’il en était de mon côté après être monté progressivement (sur des semaines ou plutôt mois) en sentiments amicaux, puis affectifs, puis amoureux de par ses attitudes plus qu’ambigües en mâtant des films et dormant ensemble chez elle de manière beaucoup trop câline pour de « simples potes » (mon statut de l’époque), après en avoir discuté maintes et maintes fois pour éviter tout malentendu à venir et fixer des règles pour ne faire du mal ou mettre mal à l’aise personne, dans le doute elle aurait dû s’abstenir ! Puisque rien n’était tranché de son côté dans son histoire officielle et qu’entre nous on "jouait" à "je t’aime, moi non plus !", "un jour c’est oui, un jour c’est peut-être, puis non pas question, enfin quoique, pourquoi pas c’est à voir, non il ne faut pas parce que (...???...)", si elle ne voulait pas me faire de mal ou me laisser de faux espoirs (après le 6è ciel, le 36è dessous arrive vite, car plus on monte, plus dure sera la chute), elle aurait dû/pu attendre quelques temps que les choses soient claires comme de l’eau de roche pour agir ou non, mais après avoir fait un choix clair et net et avoir pensé aux conséquences (pour toutes les trois parties/personnes en présence). Après la nuit magique chez mon pote puis la douche froide du matin par mail, je m’étais promis d’avoir "compris" / "accepté" son choix et de ne plus revenir là-dessus. Malheureusement pour moi, il m’était pas chose plus difficile que ça ! Pourtant, quand elle partit un peu plus tard une semaine à Lyon, mes pensées étaient plus ou moins redevenues pures. Il n’a fallu "que" cette superbe semaine passée ensemble en "toute innocence" des sens pour que le naturel, chassé à grandes peines, revienne au galop ! Un soir encore éméchés, nous étions allés nous poser dans un parc et je n’avais bizarrement aucune fulmination du cerveau : j’étais avec elle, on était bourrés, il faisait bon, basta, pas d’arrière-pensée ou questionnement à deux balles. Tout a commencé à se réveiller (dans un mélange confusion des sens et barrière morale/protection psychologique) alors que nous jouions, à son initiative, à nous bagarrer, effectuant des prises de judo en s’immobilisant au sol. C’était mignon tout plein, on se chamaillait gentiment, mais à force de la plaquer au sol et, la tenant les mains derrière la tête avec vue plongeante sur son décolleté, la sentant sous mon contrôle par la force (ce qui ne me plaisait guère, tout comme concernant l’alcool, sachant qu’elle m’avait souvent dis qu’il fallait qu’on arrête de boire ensemble car cela lui tournait autant la tête que le cœur), je devais résister pour pas succomber à mes pulsions autant bestiales qu’humainement refoulées pour le "bien" de tout le monde. C’est bien pour cela que je la relâchai rapidement, prenant mes distances pour calmer mes nerfs et lui demandant sans cesse d’arrêter ce petit jeu, qui pouvait tourner mâle à tout moment. Lorsque enfin nous nous posâmes gentiment, tranquillement, toute émoustillée par l’action et l’énergie dégagée, je sentis bien qu’elle était très câline, mais je ne voulais rien relever pour ne pas mettre les pieds dans le plat (une crampe n’est jamais agréable à encaisser) et encore moins influencer quoi que ce soit qu’elle pourrait éventuellement regretter le centième de seconde suivant. Alors que j’attendais rien de spécial même si je m’attendais à tout mais surtout rapidement pour que cette situation délicate ne tire pas en longueur et nous replonge dans le malaise, elle me ventousa la bouche de la manière la plus délicieuse qui soit. Me disant qu’elle m’aimait beaucoup (en insistant bien sur la valeur de ce mot car avant c’était « je t’adore »), que l’alcool n’y était pour rien, et qu’à présent on ne devait plus se voir, elle partit comme une furie. Je la rattrapai et lui claquai la bise, à défaut de mieux mais je voulais pas la troubler davantage alors que c’était pas l’envie qui manquait (autant de l’embrasser pour en profiter encore un peu, que de la troubler mais plutôt dans le bon sens du terme, pas dans celui de tentateur du mâle qui fait du mal par là où ça passe). Je ne voulais pas que la nuit se finisse comme ça, sur une si belle note gâchée par un départ précipité et en colère ou énervé. Bizarrement, même si j’ai eu du mal à dormir après notre longue discussion téléphonique de débriefing, j’avais pris cela comme ça venait et ne me masturbait pas plus que ça l’esprit sur la signification de ce geste. Je l’appréciai même à sa juste valeur, sachant qu’il était issu d’une journée fort sympathique qui était censée se solder par une division. Je ne regrettais quelques jours plus tard que le fait – contrairement à ce qu’elle avait mentionné lors de la première "incartade" buccale –, qu’elle m’ait à nouveau embrassé sans que les choses soient des plus claires pour elle. Alors que moi je refoulais encore et toujours mes sentiments pour ne pas être intrusif et tentateur au-delà du "raisonnable" (où le situer d’ailleurs celui-là ?), je vis à nouveau ses incertitudes lutter contre ses passions dans un duel "mort subite" mais avec des vies éternelles (normalement dès que l’un a marqué un point, le match s’arrête et il est déclaré vainqueur, mais là le match se rejouait sans cesse, au gré des rencontres/retrouvailles et des circonstances). Elle me disait qu’elle ne voulait pas me faire de mal, ça tombait bien, je ne souhaitais pour ma part que lui faire du bien ».
  • Concrètement, elle t’appréciait beaucoup mais n’était pas capable de qualifier ses sentiments, hésitant sans cesse entre amitié profonde et affection plus ou moins amoureuse ?
  • F : « Oui, je crois bien que c’était ça le fond du problème, avec en plus son gars qui voulait pas lâcher l’affaire et qui revenait sans arrêt à la charge en rampant ! En fait, c’était comme si elle était mariée avec lui et que j’étais dans le rôle ingrat de l’amant à qui l’on dit sans cesse qu’on va quitter l’autre parce que ça ne marche plus (alors que c’est pas faute d’avoir essayé, encore et encore) pour tenter une histoire qui paraît plus enjouée (forcément, car c’est l’ouverture d’un nouveau cycle, tout nouveau tout beau tout propre). Que l’on sache pas quoi faire concernant une relation de longue date, ça se comprend dix fois, même si des fois il faut savoir prendre au bon moment des décisions douloureuses sur le coup (car on sait ce qu’on quitte mais pas vers quoi l’on va) mais qui sont indispensables (quand on voit que manifestement ça ne tourne plus rond) pour progresser et s’ouvrir à de nouveaux horizons ! Mais ça c’était son problème, il n’y avait qu’elle qui pouvait gérer (comme elle croyait que ce serait le mieux) sa vie de couple. Si j’avais pas été la troisième roue du carrosse, la tierce personne payant les pots cassés de ses hésitations incessantes, j’aurais estimé que chacun est libre de faire les erreurs de son choix mais qu’il était dommage pour elle qu’elle perde son temps, en s’enfermant d’elle-même dans une prison loin d’être dorée et pourtant sans chaîne ! Après tout c’est comme ça qu’on apprend et il faut bien que jeunesse fasse ses propres erreurs pour les éviter par la suite (mais autant écouter les conseils des anciens, qui savent, car tout le monde est déjà passé par là). Mais étant partie prenante, même si membre invisible, son histoire officielle me regardait (un peu) car j’étais comme un remplaçant sélectionné pour rester la plupart du temps sur le banc de touche, même s’il croyait à plusieurs reprises qu’il allait pouvoir jouer quand le joueur principal commencerait à se fatiguer : à chaque fois l’entraîneuse me demandait de m’échauffer pour entrer sur le terrain, mais finalement elle préférait garder son joueur numéro un fatigué car il avait toujours joué tous les matchs. Je disais que la chose la plus rationnelle était de m’essayer pour pouvoir juger sur pièce et parler de ce qu’elle connaissait afin de faire un choix conscient et éclairé, mais s’il m’était plus facile de considérer monsieur comme un affreux jojo qui la maintenait sous sa coupe (mais être prise ça se débranche) et moi comme le chevalier blanc qui volait au secours de son innocence, je devais admettre que leurs liens étaient forts (en espérant qu’ils soient purs de toute aliénation du sens critique). Pour autant, elle restait surtout avec lui parce que ça faisait quatre ans qu’ils étaient ensemble, malgré le fait qu’ils avaient cassé x fois en peu de temps (bien sûr sans compter les prises de tête téléphoniques à devoir s’expliquer/se justifier sur tout et n’importe quoi et soupirer comme ce n’est pas permis juste après), parce que c’était une question d’habitude et que c’était plus "facile" comme ça (même si les solutions de facilité à un moment peuvent devenir problématiques plus tard et encore plus difficile à s’en extraire) ! À force de vouloir se ménager la chèvre et le chou, d’avoir choisi de ne pas choisir (tout cet immobilisme conservateur est un non-choix qui conduit à la négation du besoin naturel d’aller de l’avant et de progresser/évoluer vers une meilleure situation, entraînant fatalement un décalage avec ses aspirations donc à terme une insatisfaction chronique), elle avait déjà perdu le chou. Sans être devin, je pouvais déjà lui prédire (même si je me réjouis pas du malheur des autres) que tôt ou tard (j’espérais pour elle plutôt tôt, histoire de ne pas perdre encore du temps dans une relation moribonde où plus le temps passant engendrait malaise et mal-être, rendant ainsi la situation plus difficile à gérer et y ajoutant des cicatrices plus profondes) elle perdrait aussi la chèvre (tout le monde fait l’erreur d’espérer des lendemains qui chantent alors que souvent ça se finit en douche froide) ! D’ailleurs, la rupture de son couple officiel serait sûrement plus douloureuse encore que si elle avait fait le choix délicat de ne plus laisser leur relation pourrir sur place en y mettant un terme (franc mais pacifique car d’un commun accord) tant qu’il en était encore temps : quand on repousse sans cesse la prise de décision parce qu’on veut pas voir que c’est plus possible, les malentendus et les rancunes s’entassent, rendant toute séparation "à l’amiable" de plus en plus hypothétique et de toute façon difficile. Résultat des courses : plus de chou, plus de chèvre, et à chaque fois beaucoup de douleurs inutiles qui auraient pu être "facilement" évitées ! Si j’avais clairement compris (ou voulu voir concrètement, va savoir, sachant que le doute préserve l’espoir) qu’elle était aussi faible pour ne pas être capable de ne plus se faire du mal dans une histoire qui était clairement en fin de cycle depuis un certain temps (mais sous respiration artificielle ou nourrie par sonde), même si elle m’avait dit justement que c’était bien sûr à elle et elle seule (enfin son couple) de définir ça, j’aurais compris qu’il n’y avait rien à espérer de cet attentisme perturbateur ! Puisque chacun est libre de ses choix mais doit en assumer les conséquences à long terme, je n’avais finalement qu’un seul reproche de base : quand on ne sait pas quoi faire/choisir, c’est un manque de respect flagrant envers l’autre que de le laisser espérer/mijoter en vain ! Le mieux est de faire oublier que le doute et l’espoir sont permis et être le plus neutre possible (chose loin d’être évidente dans cette affaire) pour essayer progressivement de ramener la relation au stade amicale. Toujours était-il que j’étais fâché, sans haine mais pas sans reproche ! En effet, malgré nos très nombreuses discussions-étalages sur ce qui allait/allait pas, ce qui était à faire/pas faire, malgré le temps et le recul nécessaires pour réfléchir sereinement et prendre de la distance avec ce qu’elle voulait (éventuellement peut-être) mais "ne pouvait pas" faire, elle agissait souvent selon son bon vouloir et ses pulsions non-canalisées du moment. Elle ne prenait pas en considération les conséquences de ses actes (alors qu’elle les connaissait très bien), si ce n’est juste après et en "se contentant" d’un « je suis désolé, je n’aurais pas dû » et d’une fuite pour ne pas assumer ses erreurs et leur impact sur moi (alors qu’elle savait pertinemment, puisque c’était elle-même qui l’avait défini, que s’il devait se passer quelque chose ce serait dans le cadre d’un choix clair et net ; et puis non, encore et toujours des signes de fausse alerte / faux départ). Depuis des mois que tout ceci durait, lorsque je lui faisais des remarques sur les câlins, les baisers, les mots que je ne pouvais entendre venant d’elle, elle me répétait toujours « je sais », mais preuves que non ! Une fois c’est un accident, deux fois un manquement grave à son devoir de réserve, trois fois un abus caractérisé, sans circonstances atténuantes !!! J’étais vraiment énervé contre toute notre non-histoire douloureuse et contre elle. Toutefois, pour faire n’importe quoi il faut être deux car sinon l’autre ne rentre pas dans le jeu et va voir ailleurs comment ça se passe ! Encore fallait-il que je sois capable de me poser les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses. Et bien sûr, la solution n’était ni blanche ni noire, mais (plutôt) dans la nuance de gris, au milieu. Ainsi, un soir, elle ouvrit les vannes du "soulagement" qui fait mal par là où ça passe, mais du bien après coup. Dans un calme voluptueux, elle exprima pleinement, pour la première fois aussi clairement, le fond du fond de sa pensée : pour elle, j’étais la pomme d’Adam, celle qui reste en travers de la gorge et qui provoque la Chute, fruit de la connaissance du Bien et du mâle "défendu" (mais il est interdit d’interdire) par un principe supérieur aussi possessif envers ses créatures de cauchemar que dominateur dans ses exigences. Alors qu’elle vivait une histoire avec quelqu’un et qu’elle avait un courtisan sur ses pas qui la poussait à succomber à la tentation du mâle, moi j’étais qu’un crevard qui continuait à taper dans les murs en pensant qu’il pourrait les faire tomber pour accéder au paradis ! Cette balle remise au centre me fit switcher de mode de pensée : comme je ne l’avais jamais manipulée (du moins pas en toute conscience), j’avais voulu me voir comme le gentil homme galant qui faisait sa cour à une très raffinée et distinguée damoiselle, déjà prise, mais qui se permettait quelques écarts de langue quand son bon plaisir prenait le dessus, sans penser aux conséquences senti-mentales pour son poursuivant. Vision très étriquée de la chose et mode de pensée facile pour que le diabolo tentateur que j’avais pu être pour elle esquive ses responsabilités sur les hésitations et pulsions linguales de la chère et tendre à mon cœur "défendant". En effet, il était trop facile de tout rejeter sur l’autre, sans prendre en considération ses propres erreurs et son côté "pousse au crime". Voulant éviter de décharger mes tensions sur sa charmante personne, j’avais cherché d’où pouvait bien provenir le problème en zappant trop souvent que c’était bel et bien moi qui en était la clé, d’où une embrouille de cerveau encore plus grande et des réactions éventuellement disproportionnées par rapport à la réalité des choses. Alors que dès le départ elle m’avait dit qu’elle n’avait pas la fameuse boule au ventre pour moi, je m’étais persuadé que c’était pas possible et qu’en faisant les choses bien, elles évolueraient dans le bon sens … enfin dans mon sens, en ma faveur ! Exactement ce que Véronica avait pu penser par rapport à moi !!! Et comme Cécilia, plus elle pensait bien faire – donc attendait des retours conséquents – plus j’avais peur de ce genre de rapport donnant-donnant et des attentes de l’autre. Je ne pouvais, et c’est ce que je fis, ne m’en prendre qu’à moi-même. Avec l’interprétation abusive de ses signaux qui n’en étaient finalement pas (quoique, même elle ne savait plus comment définir ce qu’il y avait au début), à cause de l’orientation que je voulais donner à une relation déjà ambigüe après quelques semaines de connaissance, j’avais fini par être manipulé par mon propre état d’esprit et mon engagement, certes progressif et "à reculons" (dans le sens où la passion disait oui et la raison "non") mais finalement trop puissant pour être arrêté d’un coup d’un seul : l’inertie des vagues sentimentales était telle qu’il fallait un gros coup de frein (voire un mur) pour les stopper complètement et beaucoup de temps pour en effacer les séquelles. Elle confirma mes dires selon lesquels j’étais le diabolo et le Satan (l’adversaire) de ces ass/dames ! Finalement, en conclusion morale de cette longue et tumultueuse histoire, les rôles étaient inversés : d’être fragile succubant à ses charmes "distants", je passais au taquin incube voulant faire passer autrui du côté cornu de la force ! Pour autant, je tiens à signaler que si j’avais voulu être manipulateur ou tout du moins tentateur à l’extrême, je me serais pas retenu suite à son premier vrai baiser lorsque je voulus me tourner et qu’elle monta sur moi en déclarant que c’était une posture « dangereuse », puisque je la rassurai de suite que je n’y voyais nullement à mâle ! Hummm, quoique en y repensant ! Mais en tout cas je lui avais toujours dit que je proposais et qu’elle disposait : je "n’imposais rien", je la laissais et moi en même temps dans l’opportunité du choix dans la date (pardon mais c’est trop bon, c’est une contrepèterie un peu salasse mais elle était trop tentante dans ce contexte de phrase et d’expression des idées) ; à chacun d’agir en toute connaissance de cause, même si la logique et la raison venaient foutre le bordel dans une histoire qui n’était –au fond, bien au fond – pas si compliquée que ça ! Tous les deux, à notre façon et pour différentes raisons, avons pleuré cette souffrance de tous les jours que nous étions "obligés" de garder au fond de nous, d’essayer de taire à chaque parole, d’essayer de calmer à chaque geste pouvant être jugé comme "déplacé" étant donné le contexte. Une histoire passionnée et au combien également douloureuse (pleasure and pain, le Ying et le Yang infernal, revers de la même médaille) était sur le point, à mon grand désarroi, de s’achever ou du moins se déliter. Il me semble qu’elle lut en moi comme dans un livre grand ouvert, j’en veux pour preuve qu’elle caressa avec sa finesse incarnée mais (trop) rarement exprimée à mon égard (normal étant donné la situation) ma joue telle une enfant attendrie devant un chien galeux qui paraît si mignon mais qu’on ne peut toucher que du bout des doigts par peur d’être infecté, chose que l’on fait tout de même, les émotions prenant le pas sur la raison bassement et froidement "logique". Nous nous réconfortâmes mutuellement, tendrement enlacés comme au cours de la dernière volonté du "couple" fantomatique condamné à mort (même s’il était déjà plus ou moins mort-né, triste monde tragique !) et à la dispersion des cendres. Ce fut un charmant début de fin ! Face à toutes ces émotions, autant mémorielles en interne que sensuelles venant de sa part, je ne pus retenir mes larmes de désarroi envers elle (inutile logique que c’est envers elle) et ce "nous" furtif qui m’avait et lui avait toujours échappé au dernier moment, telle l’eau que l’on ne peut retenir entre ses doigts (sauf quand les deux mains sont parfaitement unies et imbriquées, chose me paraissait-il assez aisée pour nous). Même s’il me semblait avoir été un peu habitué à cette séparation physique de distance (notamment par toutes ces phases descendantes – dans les abysses obscurs – de ce jeu de yoyo qui donne mal de cœur et le tournis), j’étais clairement mal préparé à encaisser ça sans broncher. Une page se tournait, laissant un vide absolu qui ne serait peut-être (et même sûrement, malheureusement, mais ainsi va la vie) jamais comblé : je ne pouvais me résigner à accepter passivement la dure réalité et la fatalité des obligations du réel (d’autant plus que j’étais capable de tout – voire "n’importe quoi" – pour elle), mais à quoi bon lutter contre un état de fait sur lequel je n’avais finalement aucune prise (ou si peu) ! Toujours est-il, pour conclure sur ce passage, que j’en voulais surtout à la vie de m’avoir fait miroiter le charme et la douceur de sa personne, et tel le supplicié Tantale, je m’offusquais que Cupidon me condamne à passer l’éternité dans le Tartare à souffrir de fin et de soif d’amour avec pourtant à boire et à manger sous les yeux et à portée de jeux de mains (pas vilains pour un sou !!!) en subissant en même temps le calvaire de Prométhée, puni pour avoir volé le feu de la passion ardente à avoir le foie (dans mon cas, le cœur et encore plus le cerveau) dévoré par un aigle, mais qui repousse sans cesse (pour info, il fut aussi puni, et tous les hommes en même temps que lui, à subir la présence de Pandore, la femme qui laissa échapper tous les maux de l’humanité sauf l’Espoir) !!! Je lui lançai qu’un jour elle reviendrait vers moi en courant (du moins c’est ce que j’espérais au fond de moi), d’autant plus après avoir goûté la saveur du nectar et du fruit "défendu" (par qui ou quelle force supérieure ? – je connaissais la réponse, aux deux choix !). L’air quelque peu dépité, elle m’avoua sans broncher que c’était pas impossible et que c’était pas évident tous les jours à gérer notamment avec ce goût sucré/"amer" persistant sur ses lèvres. D’autant qu’elle me dit que sa mère prétendait qu’elle était vraiment amoureuse de moi, ce qui me laissa perplexe vu les circonstances mais je fis comme si j’étais capable d’oublier qu’elle m’avait dit ça. Toujours est-il que je n’arrivais pas à l’évacuer de mes pensées sentimentales pour la percevoir "simplement" comme une bonne amie ! C’est ainsi, en lui envoyant un petit texto sur le fait qu’elle me manquait (message que j’aurais sûrement dû éviter au final, bien qu’elle m’ait dit que je lui manquais aussi, information balancée vite fait d’une voix toute fluette, puis tout aussi rapidement enchaînée avec autre chose) que je me suis dit qu’une telle situation ne pouvait durer plus longtemps, autant pour ma santé mentale que pour la pérennité de son couple officiel puisque c’est lui qu’elle avait finalement choisi, en "toute" connaissance de cause (du moins sur le peu qu’elle avait pu en voir avec moi, le meilleur étant caché pour me préserver en ne lui donnant qu’à la hauteur de ce qu’elle était capable d’ "encaisser", selon ce qu’elle exprimait envers moi). Il en allait de mon équilibre de mettre un terme à cette situation "complexe" (qui était plus humainement compliquée que logiquement complexe à mon sens, mais j’avais que les éléments qu’elle avait bien voulu me transmettre pour en savoir un tant soit peu). En effet, depuis Véronica, qui m’avait mangé le cerveau (elle aussi), je m’étais juré de ne plus jamais me laisser avoir par les élucubrations, les émotions/passions alambiquées et les manipulations (senti)mentales en tous genres ! Je sais bien que j’en avais déjà fait les frais dans cette non-histoire, et c’est bien pour ça que je ne pouvais plus supporter cela de manière passive et blessante sans réagir ! Je pouvais pas accepter ce que j’étain en train de devenir : jaloux à deux balles, scrutateur des dires et gestes de ceux qui gravitaient autour d’elle (dont une partie était de très bons potes à moi), psychoteur de ses dires et non-dits, anxiopathe guettant le moindre de ses mots en règle générale ! J’aime trop la Liberté de tout un chacun, et la mienne en priorité, pour ne pas vouloir tomber dans des excès schizophréniques de ce type, où entretenant le doute pour garder l’espoir, je me rongeais de l’intérieur et risquais ainsi de dénaturer les valeurs qui sont fondamentalement les miennes !!! Ainsi, quelques jours après la soirée larmoyante, j’ai voulu la voir pour lui dire que je ne pouvais plus la voir car ça me perturbait trop et que je voulais pas être un oiseau de malheur. Je tenais à faciliter la fin du cycle autant que je ne pouvais me résoudre à encaisser passivement mes montées de jalousie mâle placée, mes frustrations du "nous" éclaté, mon enfermement obligatoire dans l’inaction et l’insensibilité pour cause de santé psychique fragile "partagée", tout cela contenu intérieurement pour ne pas la perturber davantage que ce n’était le cas ! En somme, j’avais encore et toujours faim d’elle ("trop" n’est jamais assez) !!! Comme je voulais pas rentrer dans un esprit de compétition à la combat de coqs où le gagnant aurait le droit de cuissage sur la basse-cour et chantera sur un tas de fumier fumant, je préférai m’éclipser. En tant que Diable/Sheitan, tentateur/adversaire, je ne pouvais supporter le rôle ou le statut dans lequel je m’étais (ou elle m’avait/nous nous étions) enfermé(s) ! Vu que ça bouillonnait grave sous le chapeau, que j’étais pas capable de rester sagement à ma place d’ami (puisque je ne pouvais être le petit et ne voulais être le grand), il n’y avait qu’une solution à cet état de fait même si elle allait me faire beaucoup de mal sur le coup et durant un certain temps : entre la peste et le choléra, je préférais à bien y réfléchir la profonde douleur de ne plus la voir que la grande peine de la voir en me disant qu’on s’entendait si bien mais qu’il n’y aurait "jamais moyen" (même s’il ne faut jamais dire jamais fontaine je ne boirai de ton eau !). Ceci était loin d’être une fuite par lâcheté, bien au contraire, sachant tous les efforts que j’avais faits pour me contenter, tant bien que mal, de ma position de grand ami (ce que beaucoup de gens rêvaient d’être pour elle). En effet, après être passé par tous les stades de la construction amicale, puis sentimentale et enfin Amoureuse, subissant les affres du yoyo (un jour non, un jour peut-être mais rien n’est moins sûr, puis oui mais enfin non y’a pas moyen), mon équilibre psychique par rapport à sa personne morale et physique était déficitaire et tournait en rond, ayant perdu le nord ! Ainsi, tel le plaisir qui vire en douleur, il fallait que je/elle/nous réagiss-e/-ions avant que mon Amour frustré ne se transforme en colère, autant envers moi-même qu’envers elle : je préférais garder l’image de deux victimes de l’Amour et de leurs sentiments contraires et contrariés plutôt que de partir dans des délires du genre bourreau/bourrelle ou gourou/gourelle !!! Je savais très bien que l’occasion du nous se perdait précisément à ce moment-là, mais j’en pris le risque. À nouveau, après ses « je t’adore », elle me dit une phrase qui, se voulant gentille, me fit plus de mal que de bien à entendre ! Elle me souhaitait de trouver une fille bien (ce qu’elle était moult fois déjà) car je le méritais : je sais pas ce que je méritais, mais une chose est sûre, c’est que je ne pouvais ni ne voulais supporter d’entendre ça. Si elle ne pouvait et ne voulait (pouvoir c’est une question d’opportunités et possibilités, vouloir c’est juste une question de volonté et d’engagement – même si c’est pas évident, au moins c’est possible car faisable, alors qu’on peut pas toujours faire ce qu’on veux faire) me dire ce que j’avais envie d’entendre (alors que pour une certaine part elle le voudrait quand même), je l’en conjurais de ne pas me ressasser ce que je ne pouvais ni ne voulais réaliser (c’était déjà dur à accepter et faire avec, pas besoin dans rajouter sur ma vie sentimentale future, qui de toute façon s’en retrouverait d’une manière ou d’une autre radicalement modifiée). Une semaine plus tard, je lui envoyai un petit sms d’encouragement pour son premier jour de taf, censé égaillé son réveil et la motiver pour la journée. À bien y réfléchir, c’est évident que ce texto n’était pas aussi pur et amical que nous le pensions (ou voulions le percevoir, tous les deux) : il représentait "le dernier avatar" d’une relation plus que complice, avec ses petits mots bien placés. Le soir même, elle m’avoua qu’elle était complètement paumée, mais que c’était à elle seule de trouver la solution et de la mettre en pratique (ce qui est l’évidence même). Pour ma part, je lui dis que si au bout d’un certain temps elle ressentait un vrai manque de moi plutôt qu’une simple envie amicale de me voir comme tant d’autres (façon de parler), c’est qu’il y avait quelque chose de vraiment fort entre nous (même s’il y avait aucun doute à ce sujet), à ne pas laisser passer ! J’ajoutai que si – ce que j’espérais au plus profond de moi – par chance et bonheur un jour elle se sentirait capable de me dire « je t’aime » sans trembler et d’un ton/regard tranché car choix affirmé/clamé haut et fort comme définitif, alors nous pourrions reconsidérer les choses ».
  • Donc là tu ne l’as plus vue pendant quelques temps ! Tout ceci était-il vraiment fini, après tant de péripéties ?
  • F : « En tout cas, à ce moment-là, j’arrivais enfin, tout doucement, à me détacher d’elle et de l’emprise de mes sentiments à son égard. On ne se voyait que très occasionnellement, en groupe, notamment pour son anniversaire où je fis la connaissance éclaire de son gars. Heureusement il y avait là plein de gens très sympas donc j’eus pas trop le temps de me prendre la tête ! Un mois plus tard c’était le réveillon de nouvel an, enfin une page annuelle allait être définitivement tournée et j’allais pouvoir bien commencer l’année ! Quelle ne fut pas ma surprise quand elle m’appela pour savoir si ça me dérangeait pas si elle festoyait avec nous, nos potes et moi ! J’y avais même pas pensé, me disant qu’elle fasse la fête avec son gars était la meilleure chose pour ne pas finir l’année tout chamboulé ! Eh bien non, elle préférait célébrer ce passage avec nos potes et moi en particulier plutôt qu’avec son gars alors qu’elle avait lâché notre non-histoire douloureuse pour son histoire bancale avec lui ! Il y a décidément plein de choses que je ne comprendrais jamais chez elle !!! D’autant que, les grammes d’alcoolémie faisant leur office comme d’hab, elle m’amena de force dans un endroit isolé au plein milieu de la soirée ! Je freinai des quatre fers car elle avait dit que rien n’était possible entre nous, à jeun, mais comme souvent l’alcool la révélait : elle me plaqua contre un mur et m’embrassa d’une manière sensuelle autant que charnelle exceptionnelle !!! La distanciation et son retour au couple officiel avait été trop radicale, elle avait à nouveau craqué ! Un peu plus tard dans la soirée et dans l’alcoolémie, elle s’intrusionna alors que je venais d’entrer dans les toilettes : elle ferma la porte à double tour et ouvrit la cage au zozio, moi qui l’avais toujours enfermé derrière la braguette pour ne pas tenter et mener Cécilia à la baguette ! Même si c’était "que" une relation bucco-génitale, ce fut notre premier rapport sexuel ! Mais là encore elle ne savait pas ce qu’elle faisait, se répétant à voix haute qu’elle faisait n’importe quoi ! Si cela me faisait énormément plaisir, car c’était inattendu autant qu’espéré et très rondement/chaudement mené, je ne voulais toutefois pas que ça se passe dans ces conditions de fellation où elle n’était pas totalement en accord avec elle-même et ce qu’elle faisait de sa langue ! Toujours est-il qu’un pote bièreux vint nous déranger au plein milieu et que si elle se remit un peu plus tard à la tâche, le cœur n’était toujours pas à fond dans l’ouvrage dard ! C’est alors que sonnèrent les douze coups de minuit, même si sexuellement il n’allait plus rien se passer de la soirée (l’alcool échauffe les sens, mais à partir d’un certain trop plein il refroidit toute ardeur) et que le lendemain elle fut plutôt froide au réveil, avec un sacré mal de crâne dû à cette sacrée soirée et à tous ses excès ! Bref, encore une fois j’étais resté sur ma faim, alors que j’avais tout fait pour ne pas penser à m’ouvrir l’appétit !!! Quelques jours plus tard je l’engueulai vivement toujours pour les mêmes raisons, à savoir que quand on ne sait pas on ne fait pas : elle avait voulu me faire plaisir avec ses coups de langue bien placés mais cela eut l’effet exactement inverse, d’une, parce qu’elle se reprochait de faire n’importe quoi et de deux parce qu’elle ne m’avait pas fini !!! Toujours est-il que deux semaines plus tard elle s’invita à un concert avec mes potes ! Je m’attendais déjà au pire quand elle m’annonça enfin le meilleur. Au cours d’une conversation elle laissa entendre qu’elle était à présent célibataire, élément que je fis semblant de ne pas avoir relevé. Dansant ensemble, elle revint à la charge en disant cette fois clairement qu’elle était séparée et donc disponible (agrémenté d’un « Je dis vrai, je divague pas » : les sentiments refluaient [4], ils ne se refusaient plus à son cerveau), me demandant d’ailleurs si je voulais encore d’elle ! Après tout ce qu’il s’était passé depuis si longtemps, je voulais pas qu’elle croit que ce serait du tout cuit, c’aurait été trop facile !!! Je lui lâchai donc un « moui » pour bien lui montrer que j’étais pas une solution de remplacement après tout ce qu’elle avait pu dire/faire, et qu’elle devrait justifier qu’il s’agissait enfin d’un vrai choix et d’un réel intérêt pour moi, amoureux cette fois !!!
  • Et donc, cette fois, c’était le cas ?
  • F : Moui… Dans la foulée de la soirée à danser, elle se montrait un peu plus câline, mais dès que je croyais enfin pouvoir ouvrir pleinement les vannes des sentiments et gestes amoureux, elle me disait qu’il ne fallait pas aller trop vite, car sa rupture était encore très fraîche et qu’elle n’avait pas été évidente (tu m’étonnes, depuis le temps que ça traînait la plaie était devenue purulente) ! Toutefois, quelques heures et verres plus tard, c’est elle qui se jeta littéralement sur moi, alors que j’essayais toujours de me contenir de mon côté ! Ainsi, seuls chez moi, je "gardais mes distances" en discutant avec elle à partir de mon bureau tout en mettant le bon son qui allait bien pour détendre l’atmosphère ! C’est alors qu’elle monta sur moi, à califourchon ! Je lui dis à ce moment-là que si je pouvais – enfin – m’abandonner à elle, elle ne devait pas m’abandonner en cours de route sur le bord du chemin vers le Paradis des sens : sur ce coup-là, soit c’était OK total soit KO final !!! S’en suivirent des baisers passionnés comme jamais auparavant (même si l’Amour est plus qu’un simple baiser – et même qu’une très bonne baise) : j’étais en transe … pire, cette nuit était comme au premier jour où elle révéla son "amour" ! Rassuré, le lendemain au réveil j’étais en mode lover de sa dame, tendre et câlin comme jamais je n’avais eu le droit de l’être avec elle, ni avec d’autres par manque d’envie !!! Comme à son habitude, à jeun, elle me demanda – voire exigea – que je sois moins fougueux : si j’avais attendu si longtemps de pouvoir la couvrir de baisers, elle me dit que "tant" de tendresse était trop précipité dans cette période de transition, son ex-homme la harcelant encore car ne pouvant admettre que cette fois c’était fini pour de bon, sans moyen ni envie de retour vers un passé si décadent par ailleurs ! Alors que les choses étaient en bonne voie (selon moi à ce moment-là), même si elle m’avait dit et redit qu’on n’était pas ensemble officiellement car ce n’était pas ce qu’elle voulait/pouvait dans cette période délicate pour elle, ayant enfin touché du doigt le bonheur que je convoitais avec elle depuis moult, divers facteurs faisaient qu’elle souhaitait que notre relation soit plus effacée, afin de lui permettre de réellement se sentir libre (Libre ? Pour quoi faire, alors que je m’apprêtais à devenir son propre esclave ?) de quelque obligation que ce soit. Où tout cela nous mènerait-il ? Je crois que je connaissais l’issue, mais j’espérais bien me tromper : l’Amour rend aveugle, et même s’il avait des yeux il n’aurait rien vu venir, ce genre de fille transformant un pro en amateur ! En somme, elle m’avait ouvert la porte du véhicule vers mes rêves mais je ne pouvais que monter dedans, sans possibilité de faire ronronner la magnifique mécanique ni même d’en faire le rodage, me devant d’admirer la belle carrosserie bien à l’abri et bâchée dans le garage !!! Frustré mais sur le point d’être pleinement satisfait, j’optai pour attendre patiemment, encore et toujours, d’avoir tous mes points et obtenir enfin mon permis vers le Paradis ! J’étais bien conscient que vu nos antécédents et les bouleversements des derniers temps rien ne devait être évident pour elle, c’est pourquoi je laissai le temps au temps, tout en pressentant que sous prétexte d’Amour (fou), avec un désir plus ou moins dissimulé, je m’engageais dans une histoire à problèmes plus qu’à plaisir !!! J’essayais de me rassurer en me disant que si j’avais été si patient jusque là j’en serais forcément récompensé prochainement, ma tâche étant de lui faciliter la sienne pour tourner la page d’avant et commencer à remplir la nôtre à l’encre de nos yeux ! J’avais beau me dire « Écoute et tu trouveras » mais je cherchais encore les preuves dans l’épreuve d’amour ! Dans ma candeur naïve, je voulais me persuader que je ne la forçais à rien, que j’aurais la patience d’un grand sage (que je ne suis pas) ! Que nenni : vu notre historique, plus j’acceptais / je subissais (alternativement, mais toujours à contrecœur) sa "prise de distance", tentant de me rassurer sur le fait que c’était un mal actuel pour un bien prochain, moins je pouvais supporter ce qui me paraissait comme une dégradation lente mais progressive de la qualité exceptionnelle de notre relation inhabituelle ! Ce qui était pour moi le minimum vital de notre relation pouvait lui sembler un maximum "exagéré" (ne serait-ce que le petit bisou de bonjour, sachant qu’ensuite j’évitais de lui ventouser la bouche alors que ça me tiraillait) : trop – pour elle – n’était jamais assez – pour moi ! De même, alors qu’on passait toujours de très bons moments ensemble, j’avais toujours l’impression qu’elle fuyait autant que possible nos instants seuls en demandant toujours à ce qu’on soit avec les autres (plus on est de fous plus on rit, je suis bien d’accord, et tout cynique a profondément besoin de l’espoir et de la sociabilité qui lui manque – puisqu’il se définit ainsi) ! Ainsi, lorsque l’un commençait à discuter avec quelqu’un, l’autre se sentait exclu et faisait donc de même avec d’autres ce qui faisait qu’aucun de nous deux ne se parlait ou alors que très brièvement et trop rarement. Tout ceci était largement dû à notre histoire très spéciale, faite de refoulement, de non-aveu ou aveuglement (in)volontaire ou inconscient, de pulsions canalisées tant bien que mal, avec tout ce que cela implique comme malaises ou troubles ! Même si les derniers temps étaient spéciaux par rapport à son "éloignement", je voulais plus que tout éviter que les choses tournent au vinaigre : notre histoire, spéciale, ne devait pas finir mal comme les autres en général ! C’est ainsi que nos soirées se passaient tranquillement, sereinement, jusqu’à ce que le stress par rapport à certaines irritations me fasse voir notre situation actuelle par le petit bout de la lorgnette ! Alors qu’elle en avait déjà gros sur la patate, j’ai cru voir durant la soirée tout ce que je craignais et voulais éviter dans cette période d’hibernation de notre relation. Non pas qu’elle ait été distante, sans égard envers moi ou quoi que ce soit, mais toujours est-il qu’à ce moment-là et dans mon contexte, j’ai eu les glandes en croyant que tout ce que nous avions vécu n’avait été que de simples bons moments pour elle (vision extrémiste quand tu nous tiens, pfff !!!). Il était bien évident pour nous deux que ce n’était ni le moment (mais il n’y a pas de bon moment pour réagir comme ça de toute façon) ni la chose à faire, mais on ne maîtrise pas toujours ses montées négatives. Il faut dire, même si le rapprochement n’est pas bon car il n’y a pas tant que ça d’éléments comparables mais on s’appuie sur ce qu’on connaît pour comprendre l’ "incompréhensible" (malgré toutes ses "bonnes" explications, mais cœur affamé de baisers n’a pas d’oreille), que j’ai cru voir dans certaines de ses attitudes des comportements que je pouvais avoir avec Véronica quand son insistance (voire sa présence quasi systématique et "obligatoire") me pesait trop. Et c’est bien là tout le fond du problème ! Cela m’aura au moins permis de pleinement réaliser au combien je pouvais être par trop radical envers elle : même si je luttais depuis longtemps pour essayer d’avoir une vision sereine de la chose, la frustration m’avait déjà trop gangrené le cerveau et les émotions, les sentiments pouvant me faire prendre des lanternes pour des vessies. Je voulais me dire que j’avais tout fait pour ne pas lui mettre la pression, pour procéder en douceur au passage de témoin, laissant le temps faire son œuvre et les sentiments se révéler à leur juste valeur. Encore une fois je me donnais le beau rôle, sans prendre assez en considération la réelle difficulté pour elle de tourner la page de son ancienne histoire. Sans affirmation directe, claire et nette que notre histoire en resterait là, tout ceci m’avait amené à avoir des réactions que j’exècre chez les autres, mais encore plus chez moi-même ! Quelles que soient les raisons sentimentales, je ne peux m’excuser certaines bouderies très mal placées, même si heureusement elles n’ont pas été si nombreuses au regard des faits que j’ai encaissés. Tout ceci pour dire, en synthèse, qu’il était trop facile de lui en vouloir sur le mode « Putain de toi, pauvre de moi » pour des faits que j’avais, sous une forme ou une autre, contribué à créer, soit en la "forçant" à aller dans des directions où elle ne voulait pas forcément aller ou si vite, soit en lui reprochant de ne pas être assez ceci ou trop cela alors qu’avec le recul je suis bien conscient que c’était le maximum qu’elle pouvait et voulait bien me montrer, selon les périodes ! Pour ma défense, je dirais simplement qu’il m’était très difficile de brider mes pulsions (elles qui avaient déjà pas mal joué au yo-yo), elles qui ne voulaient que lui donner le meilleur (dont elle n’avait eu qu’un mince échantillon). De là à ce que les pulsions deviennent des frustrations, c’est compréhensible mais tout autant répréhensible quand je pouvais occasionnellement m’en prendre à sa personne, avec des reproches sévères pour pas grand-chose. Morcheba disait que « fear can’t stop your love, love can stop your fear », je voulais la croire, mais ce qui valait pour moi n’était pas forcément (et des fois loin de là) équivalent pour elle ! J’espérais juste qu’elle sache au fond d’elle-même que mes dérapages n’exprimaient pas le fond profond de ma pensée et de ma personne (tout ce qui est refoulé doit – enfin c’est souvent comme ça, malheureusement – ressortir tôt ou tard, et rarement de manière diplomatique – même si le ton n’a jamais été haussé entre nous), qu’ils étaient dus à un certain contexte, pas évident à gérer au jour le jour, ni pour elle, ni pour moi) !!! Avec nos expériences passées, ayant enfin rencontré une âme sœur à la hauteur (d’autant plus que j’avais lutté contre mes sentiments au départ, car elle était prise et non éprise de moi), il m’était plus que difficile de lâcher l’affaire, ou au moins du vrai lest, alors que de son côté elle n’aspirait qu’à être tranquille d’esprit : « she didn’t want a lover, she just needed a friend », exactement le contraire de moi, d’où un tir à la corde incessant entre ses envies profondes de liberté absolue et mon empressement d’une relation sérieuse et pleinement vécue. À force de patience et de souffrance je l’avais eue à l’usure, mais à l’usage elle ne faisait pas l’affaire ! En fin de compte, l’aimant mais ne supportant plus les déconvenues (j’avais déjà trop été un sot, périlleux pour moi-même car amoureux), je décidai de tout foutre en l’air plutôt que d’être sûr que tout soit foutu, sabordant un navire qui tanguait et allait sûrement chavirer ! Ultime preuve que tout ceci était un imbroglio pas possible (tout le fond du problème), elle me proposa de faire pour la première fois l’Amour avant de nous dire adieu ! Preuve que dans cette histoire je n’étais plus moi (pour le meilleur d’ailleurs, l’Amour consistant à être un peu moins Soi pour être plus Nous), après tant de compromis pour le con "promis" j’eus l’éclair de lucidité de refuser sa dernière avance, zénithale : alors que mon fantasme avait toujours été de faire fondre la glace entre nous en couchant dans la neige pour faire de la vapeur, parce que cela aurait été l’apothéose de notre relation si particulière je ne voulais justement pas que cette première et dernière relation sexuelle (faite d’émotions qui passent trop vite mais durent longtemps) me hante jusqu’à la fin de mes jours (pour avoir de la nostalgie, il faut avoir beaucoup aimé) !!! Notre relation me laissait donc sans voix et sans sexe ! Malgré tout ça, nous avions quand même réussi à vivre une belle parenthèse enchantée, qui valait tout à fait toutes les peines d’avant et malheureusement aussi d’après : j’étais entré en elle comme un voleur de cœur, je n’en suis pas sorti indemne, prisonnier de ses baisers ! Alors qu’elles revenaient toutes toujours, je savais qu’il n’y aurait qu’elle que j’attendrais tous les jours (ça prend une minute pour remarquer quelqu’un, une heure pour l’apprécier, une journée pour l’aimer, mais une vie pour l’oublier), même si je ne pouvais vivre ni avec ni sans elle !!! Contrairement à la chanson de Simon et Garfunkel ayant pour titre son prénom, elle avait certes fait trembler ma confiance quotidiennement, m’avait bien mis à genoux, mais si elle n’avait pas (du moins pas encore) mis quelqu’un à ma place dans le lit, je n’avais pas la tête à me rouler sur le plancher à rire, car elle ne m’aimerait plus ! On ne peut donc pas parler de dénouement heureux (car sa définition est une histoire qui n’est pas encore terminée), mais pour autant je n’avais plus peur d’aimer… plutôt de ne plus être aimé : je suis fait pour les rencontres, pas pour les adieux, et si aimer est plus fort que d’être aimé, faut pas déconner non plus !!! Lacan disait que « Notre désir est que l’autre désire notre désir » et justement, notre échec était alors la preuve que le désir n’était peut-être pas assez puissant : on allait bien ensemble, mais on n’était pas si bien ensemble ! Alors que le grand Oui me donne des émotions fortes, voire la gerbe, avec elle c’aurait pas été pareil car quand on aime on se tait : l’amour est une prière qui se finit à l’église ! Mais sans partage, le don de soi ne nourrit pas ! J’avais été sur un petit nuage, mais prendre de la hauteur ne m’avait pas réussi : les nuages d’orage m’avaient vite fait pleuvoir des larmes jusqu’à plus bas que terre ! L’union avait été belle à pleurer, la séparation était triste à en chialer. Tout ça parce que sa pudeur de la vérité avait tout fait capoter : je m’étais amouraché [5] d’elle, elle m’avait arraché le "peu" d’Amour que j’étais capable de donner… mais que cette Madame Zèle (trop ou pas assez, sur ou sous joué, jamais là où on l’attend, toujours là où on l’attend pas) avait révélé ! Finalement, cette non-histoire douloureuse m’aura beaucoup appris sur les rapports humains, notamment amicaux et sentimentaux, et je ne peux que la remercier de m’avoir mis le pied à l’étrier de l’Amour (même si elle a usé le mignon jusqu’au trognon : elle n’était pas l’amour de ma vie de mortel, mais la mort de ma vie amoureuse) ! Cela reste ma seule et unique histoire platonique, mais finalement quelle belle histoire, douloureuse certes, mais belle quand même !

[1] « Chaleur très vive ». L’ardeur du feu : Vivacité ou vigueur que l’on apporte à faire quelque chose ; Passion amoureuse, désir ; Anges occupant un certain rang dans la hiérarchie céleste.

[2] Désordres incontrôlés dans lesquels se glisse une pensée qui échoue souvent dans l’inconscience.

[3] Démon qui prend la forme d’une femme pour séduire un homme durant son sommeil et ses rêves. Son pendant masculin est l’incube.

[4] Couler en sens inverse, généralement vers le point de départ.

[5] Engagé dans un amour peu justifié.

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8 janvier 2008 2 08 /01 /janvier /2008 10:53

Bouquin coquin et taquin d'une catin (pas putain)
et d'un libertin (bien malin, mais mâle malintentionné) !!!
ou
Deux visions de l'Amour et du sexe, son corollaire,
pour deux finalités différentes mais con-verge-ntes



Lorsque l'exploitation de la misère/envie sexuelle et la servitude volontaire ne sont pas là où on les attend !!!


Trame :


L'objectif est de montrer comment le sexe peut mener les humains par le bout du bout, que ce soit le gland ou le clitoris.
Pour autant, avec la même finalité, la catin (se) fait du bien alors que le libertin (se) fait du mâle.


Les deux personnages :


La catin :


Ulla est très Libre par rapport à son choix : elle exerce la plus vieille activité du monde (ce n'est pas  un métier car il ne nécessite pas de connaissance particulière) parce qu'elle le veut et le vaut bien. Elle ne compte sûrement pas se tuer à la tâche, perdant sa vie à la gagner. Non, elle, elle préfère donner d'elle-même pour sa propre cause plutôt que de travailler à l'usine ou au bureau pour un salaud de patron qui lui mate voire tâte autant les seins et le cul que ses clients.
Face à la répression policière et sarkosyste, Ulla nous explique que face à l'hypocrisie sociale consistant à nier les extra-relations (essentiellement de la part des hommes, mais également venant des femmes avec les gigolos, voire les ambigus avec les travestis et les transexuels), elle et ses collègues assurent un rôle de régulation des frustrations sexuelles et sociales (maladies « repoussantes », manque d'insertion dans la société, sexualité « débridée / débordante », etc.). Quel mal y a-t-il à faire du bien ? Ulla est ainsi l'abbesse Pierrette donneuse d'orgasme auprès des Sans Disposition de Fornication !
Elle nous dressera alors le portait de la prostitution à travers les âges, sa percéption tantôt mystique et sacrée, tantôt abominable même si l'on parle de filles de joies – autant que de mauvaise vie.


Le libertin :


Giacomo est le fruit de son époque : né cryptorchidien, il a souffert du culte de la puissance et de la jouissance imposé moralement par son temps. Pour autant, la fracture sexuelle n'avait jamais été aussi profonde : les hommes ne comprenaient plus ces femmes Emancipées autant qu'elles tremblaient sur leur base à cause de ces nouveaux hommes qui se posaient plus de questions qu'ils n'agissaient.
N'étant pas plus que ça intéressé par le beau sexe (sachant qu'être à deux c'est régler des problèmes qu'on n'aurait pas tout seul), qui plus est angoissé par le fait de sa différence si mâle placée, il « attendit » que la société, par le biais de ses amis d'enfance, le force à entâmer son devoir :  fricotter afin d'engendrer un jour !
La première fois, comme pour beaucoup, féminins ou masculins, ne fut pas la meilleure : alourdi par la pression de l'homme viril, « conscient » (même si n'ayant jamais expérimenté au préalable il ne pouvait pas savoir à l'avance) de sa tare (disons plutôt anomalie physique sans conséquence reproductive ou sexuelle au sens large), il connut la débandade, la bérézina du chibre !
Il décida alors de s'orienter vers les hommes, qu'il comprenait mieux et pour lesquels il avait envie d'approfondir ses connaissances anatomiques.
Suite à l'épisode des vestiaires de rugby, il décida que le challenge n'était pas suffisant : il définit que le but de sa vie était justement de se surpasser auprès de ces animaux étranges, sans fourrure, venus de Vénus. Il fourbira ses premières armes auprès d'une professionnelle du sexe, Ulla. A partir de là, il interprétera, avec son fonctionnement masculin, ce que veulent les femmes : au lieu de percevoir les femmes comme des êtres subtils sachant jouer la comédie simulatrice autant que donner du plaisir à l'autre, il ne retiendra de sa première relation hétérosexuelle que le côté donnant-prenant. Il deviendra alors le machiavel du sexe, un chasseur hors-pair de seins !


Nota : il est d'origine arabe, ayant grandi avec des berbères qui ont un autre regard sur les femmes, élevé dans le culte du patriarcat et aura de sérieux problèmes avec sa mère très/trop protectrice avec son petit dernier. Il développera alors un complexe anti-féminin et jouera de son côté gosse beau pour séduire puis « souiller » les blanches (notion aussi de viol de la pureté « raciale » dans son parcours sexuel). En réalité, il ne sait pas pourquoi il déteste tant les femmes, si ce n'est à cause de son éducation trop traditionnaliste. Pour autant, en lisant un jour par hasard les 1001 nuits et d'autres contes orientaux sensuels voire clairement sexuels, il comprendra qu'on l'a trompé sur la place et le rôle de la femme en Islam et deviendra du coup un grand défenseur de ces opprimées.

  

Comparatif croisé :
 
 
 
Le libertin malin malintentionné
La catin pas putain
Dépendance
Physique (manque) car il est érotomane/nymphomane : au-delà de la masturbation qui vaut ce qu'elle vaut, il a besoin plus qu'envie de tremper son biscuit et de faire péter des petites fourrures pour se sentir bien et se sentir exister en tant qu'homme. Psychologique (affective) car elle cherche à comprendre (contrairement aux médecins ou autres « assistants sociaux ») comment et pourquoi certains ont besoin de ses services : elle a envie d'aider les autres par ce qu'elle peut offrir; elle le fait plus par charité bien ordonnée que parce qu'elle en a besoin financièrement.
Vie sociale
Morne et centrée sur le sexe et les gens du milieu car il se vante de ses exploits de célibataire endurci et dort la journée après s'être vidé toute la nuit avec sa dernière victime. Débridée et diverse car peu de gens savent ce qu'elle fait de ses nuits et ses après-midi sont bien remplies en tant que femme au foyer. On voit alors comment (telle une actrice de porno) elle gère sa vie sexuello-sentimentale avec un ancien client, qui ne lui demande pas d'arrêter son activité puisqu'il la respecte et que son activité fait partie d'elle : de par leurs discussions on voit comment elle pratique un acte mécanique avec ses clients et comment l'Amour change toute la nature du rapport quand elle est avec son homme.
Bonheur quantifié et qualifié (les deux sur un mois ayant autant de rapports sexuels : lui car il baise plusieurs fois par nuit et tous les jours, elle parce qu'elle fait l'amour plus souvent par nuit sauf week-ends et jours chômés)
Croyant apporter du bonheur dans les chaumières, il en prend surtout à ses vicitmes. Tel un vampire assoifé de cyprine, il n'est pour autant jamais rassasié : éternel insatisfait, soit de sa performance soit de sa quête du Graal (non pour se marier mais plutôt pour reposer ses lèvres sur cette coupe pleine du sang des vierges innombrables qu'il a défleurées) qui ne s'achèvera jamais. Giacomo est fondamentalement un sarceur receveur (et non donneur) universel ! Vivons heureuse, vivons cachée : cette devise est la sienne car elle travaille essentiellement dans sa fillettière (après avoir oeuvré dans la rue, avec ses risques et périls). Elle donne autant de bonheur à ses clients/patients qu'elle n'en reçoit de leurs orgasmes. Ulla est fondamentalement une sainte donneuse d'orgasmes !
 
 

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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 17:01

Catégorie : VI] Du pareil au même : loi / morale, responsabilité individuelle / collective

Thème : 3) Mais que fait la justice ???

 

 

Fiche de visionnage n°33 :

Épisode 67 (saison 5, épisode 3) – Combat d’infirmes

 

 

 

Analyse philosophique des extrêmes : Forcer l’évolution ou libérer le politiquement incorrect ???

 

 

Les pros : tout le monde (surtout les enfants à la première heure, puis les autres après le rassemblement),

Les antis : Al Super Gay, les scouts.

 

 

Thèse : On ne peut tolérer l’ « intolérance », donc devenons intolérant en légiférant et en  obligeant !

Antithèse : La Liberté c’est dire ce que les autres n’ont pas envie d’entendre et de pouvoir aller légalement à contre-courant du politiquement correct et de sa bien-pensance,

Synthèse : Plutôt que d’obliger quelque chose qu’on fera de toute façon à contrecœur, autant laisser faire et sensibiliser/éduquer pour que les mentalités évoluent et que les nouvelles normes soient acceptées et appliquées de gayté de cœur !

 

 

Il était une fois à South Park, Stan, Cartman, Kenny et Butters qui s’inscrivirent aux veillées scouts. Ne connaissant personne, ils pensaient s’y ennuyer, jusqu’à ce qu’ils retrouvent leur vieil ami Al Super Gay. Loin de partager leur enthousiasme, certains parents (le père de Kenny et celui de Token ... pour ne pas les nommer) estimèrent que ce personnage haut en couleur ne devait pas être chef scout. Officiellement, ils n’avaient rien contre les pé. ... les homos pardon, mais ils avaient peur de laisser partir leurs enfants camper deux nuits tout seul avec ce genre d’encadrement. Si ce n’est la pédophilie, ils craignaient à minima qu’Al Super Gay les rende efféminés voire gays comme des pinsons ! Alors que le père de Stan prenait jusqu’ici sa défense, lorsque Stan traita Cartman de galopin (expression d’Al Super Gay), ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase postérieur !

 

 

Introduction :

 

 

Depuis que l’homosexualité n’est plus considérée comme une maladie mentale (du moins officiellement, avec son retrait en 1992 du tableau de l’OMS), le combat de la reconnaissance des droits ne fait que commencer. Tout de même à un autre niveau que l’acceptation des femmes dans certains milieux professionnels (quoi que, dans les deux cas), bon nombre d’homosexuels ne peuvent afficher ouvertement leurs préférences (s’ils le veulent, car rien n’est obligatoire – et encore moins nécessaire – en la matière). Il existe ainsi un réel frein à leur intégration, basé sur leur sexualité comme sur le teint pour d’autres « minorités ».

 

Dans ces deux cas, les mentalités paraissent évoluer, lentement mais « sûrement » (non pas de manière linéaire, mais plutôt par à-coups et un pas en avant deux pas en arrière). Malheureusement, les perceptions se fondent trop souvent sur les idées reçues et les préjugés, comme dans le cas présent la peur (non exprimée mais clairement sous-jacente) qu’un homosexuel bien sous tout rapport le jour se transforme en pédophile la nuit.

 

Pour pallier à ce manque de civisme et assurer l’insertion professionnelle de vraiment tout le monde, sans distinction d’ethnie ou de pratique sexuelle (idem pour la religion ou le handicap), certains états ont mis en place des mesures légales pour interdire l’interdiction (inavouée car inavouable officiellement) d’accès à certains postes, voire même des quotas de présence obligatoire d’un certain pourcentage de « minorités ».

Ainsi, dans le même registre d’exclusion au fessiès, certains prônent la discrimination (positive) pour lutter contre la discrimination.

En somme, peut-on (et surtout doit-on) obliger des personnes ou des structures à incorporer dans leurs rangs des personnes sur la seule base de leur spécificité sexuelle/ethnique/ou autre ???

 

 

Thèse en faveur de l’obligation légale

 

Qu’on les accepte ou qu’on les rejette, les normes font parties de toute société. Dans le cadre des sociétés occidentales (mais également pour une large part pour les sociétés arabes ou musulmanes), la culture judéo-chrétienne basée sur l’ancien testament a édicté un (trop) grand nombre de règles, de mœurs et de tabous, notamment en matière de comportement sexuel ou sexué.

Ainsi, de par la lourde charge du passé de nos civilisations, nos premières impressions (qui ne sont souvent pas les meilleures) sont plus fortement teintées de passion/tradition que de raison/évolution. Il en va ainsi de manière flagrante à propos de l’homosexualité. Bien que les mentalités aient fortement évolué ces dernières décennies, il n’en reste pas moins tout un reliquat de stéréotypes qu’il est plus difficile à combattre qu’il n’y paraît à prime abord (car inculqués depuis la prime jeunesse, de manière consciente et volontaire, mais le plus souvent de façon inconsciente et involontaire ou contre sa volonté). Seule la loi peut alors remettre la raison au centre de tous ces déraisonnements.

C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter les élucubrations des parents juste après avoir déposé les enfants chez les scouts et avoir rencontré Al Super Gay, le nouveau chef scout. Dès que le père de Kenny déclare que cette personne est vraiment très très gay (ce qui saute à l’œil), le père de Token (alors qu’il est noir et avocat donc devrait se méfier des jugements à l’emporte-pièce) déclare que son fils n’ira plus chez les scouts. Dans la foulée, le père de Kenny laisse planer l’ambiguïté en affirmant qu’il n’a rien contre les homosexuels, qu’il ne dit pas que le nouveau chef scout n’est pas quelqu’un de bien, seulement il trouve qu’il ne devrait pas être chef scout et pire encore, il appréhende que ce mec là campe deux nuits de suite tout seul avec leurs gamins. Évidemment, un pilier de comptoir (pas concerné par l’affaire puisqu’il n’a pas d’enfant chez les scouts, mais juste histoire de mettre son grain de sel pour encore plus enrailler les esprits) en rajoute une couche en disant que les mômes imitent tout ce qui représente l’autorité et qu’ainsi, même si Al ne les rend pas gays alors que gais sûrement vu leur enthousiasme), ils vont se mettre à avoir des gestes efféminés et à se conduire en gonzesse ! Même le père de Stan, qui prenait dès le départ le parti anti-homophobie, change d’avis quand son fils traite Cartman de grand galopin (expression fétiche d’Al Super Gay). Il pousse alors Stan à traiter Cartman de sale con, comme un enfant normal (ce qu’il fait d’ailleurs toujours à l’ordinaire) ! Devant tant de préjugés négatifs et surtout après avoir reçu beaucoup trop d’appels de parents inquiets pour leurs enfants, la direction n’a pas d’autre choix que de renvoyer Al Super Gay des scouts (au moins avec le nouveau, M. Greiser, les parents peuvent se vanter que les enfants se comportent déjà plus en mecs et qu’ils filent droits – alors que c’était loin d’être la fête du slip avec Al Super Gay, pas comme avec le nouveau) !

 

Personne ne souhaite en revenir aux guerres de religion entre cathos et protestants, tout comme une société moderne et stable ne peut tolérer de différenciation hétéro/homo sur la seule base de pratiques du cul(te) toutes personnelles qui n’engage personne d’autre que soi (et un/une – ou plusieurs – partenaire[s] consentant). Gardons justement à l’esprit que l’idée fondatrice de Baden-Powell, lorsqu’il fonda les scouts (l’art des éclaireurs) au début du XXè siècle, était de promouvoir la paix par le biais de la religion.

Quels que soient nos opinions personnelles et nos arguments, il est un fait que nos ancêtres se sont battus et un grand nombre sont morts pour défendre l’idée de Liberté et de tolérance face à la différence, accouchant de leur sang de l’idée d’Égalité. Ces aspects fondamentaux font partis du b.a.-ba. de toute constitution de pays républicain.

Alors que l’un des responsables déclare que les scouts ont pour politique de n’autoriser aucun homosexuel déclaré dans leurs rangs, un bouseux interviewé par la télé confirme que c’est comme si les scouts étaient racistes ! De même, pour Gloria Allred (avocate – à la télé et à la radio – contre les discriminations) c’est un scandale, car les scouts sont des homophobes aux pratiques discriminatoires.

 

Au-delà des aspects purement juridiques, il nous faut également prendre en considération que l’homosexualité n’est ni une tare ni une maladie. Bien au contraire, elle fait partie des multiples éléments de la personnalité d’un individu.

Ainsi, il ne convient à personne de juger ce genre d’aspect de plus intimes de notre vie privée. Ce genre de chose fait clairement partie intégrante de la Liberté des individus à disposer d’eux-mêmes. Tant que cela n’interfère pas à un quelconque niveau avec la mission ou les engagements pris par une personne, aucune autorité ne peut aller à l’encontre de l’affirmation des préférences et orientations de tout un chacun.

Comme nous le rappelle le père Maxi, il ne faut jamais oublier que l’homosexualité est un choix personnel, que l’on doit accepter ou du moins tolérer ! C’est bien pour cette raison, en plus des  nombreuses manifestations de soutien, que la cour de justice a décidé que les scouts avaient l’obligation d’accepter dans leurs rangs Al Super Gay et tous les autres gays, par Respect pour leur choix individuel qui n’engagent qu’eux, tant que cela ne rejaillit pas sur le bon déroulement du programme des scouts (ce qui était bien évidemment le cas avec Al Super Gay).

 

Antithèse en faveur de l’évolution libre des mentalités

 

Pour autant, il faut clairement faire un distinguo entre les sectaires qui rejettent toute différence, et ceux qui ont des principes moraux avec lesquels ils ne souhaitent pas transiger (ce qui est leur droit le plus strict).

Dans ce contexte, nous devons admettre que tout le monde n’évolue pas à la même vitesse, que certains sont prêts à remettre en question leurs idéaux car ils commencent à dater et ne sont plus en phase ni avec la société actuelle et l’évolution des mœurs/mentalités ni avec la plupart de ses membres qui n’ont rien de révolutionnaires ou de subversifs, là ou d’autres font des entorses au règlement au cas par K du moment que cela reste discret.

Il en va ainsi des scouts. On ne peut pas leur reprocher d’être sectaires car non seulement Al Super Gay nous dit qu’ils acceptent les handicapés prouvant ainsi que les scouts c’est pour tout le monde, mais qui plus est on se rend bien compte qu’ils savaient clairement qu’Al était gay. Lorsque le président lui dit qu’ils ont récemment pris conscience qu’il était à la fois scout et gay, ça le fait marrer en déclarant que c’est une sacrée nouvelle et poussant même le bouchon plus loin en leur demandant si ces grands galopins avaient découvert ça tout seuls. Pour ce club privé, qui croit en certaines valeurs dont notamment le fait que l’homosexualité est immorale, le problème n’est pas tant ni Al (puisqu’ils n’ont rien contre lui personnellement), ni même son homosexualité, mais  concerne plutôt le fait que ses préférences soient flagrantes et d’autant plus déclarées. Avec plus de discrétion (mais ça aurait pu être perçu par Al comme le reniement de sa Liberté de penser et d’agir), les choses seraient sûrement restées comme elles étaient depuis si longtemps (si en plus les parents n’avaient pas cafté, ce qui fait assez de si pour mettre South Park en bouteille).

 

En parlant d’autonomie de penser, la plus importante (d’autant plus de nos jours, époque du consensus tout le monde suce) est bien évidemment la Liberté de dire ce que les autres ne veulent (ou ne peuvent) entendre.

Ainsi, la société doit lutter contre elle-même et ses tendances « naturelles » à niveler les discours divergents (même sans notion de subversion). Il est bien malheureux en effet que le politiquement correct ait éradiqué (en tout cas muselé ou rendu plus ou moins inaudible) toutes les pensées qui n’allaient pas dans le sens de la « modernité », tant et si bien que le simple fait d’aller à contre-courant de la bien-pensance ambiante peut être un refuge pour ceux qui se sentent perdus dans nos sociétés « trop permissives ». Dire ce que les gens doivent penser et comment ils doivent le mettre en pratique n’est pas très éloigné des totalitarismes (fascisme, nazisme, communisme) qui ont ensanglantés et déshumanisés le XXè siècle !

Mais justement, Al Super Gay ne s’en laisse pas conter et n’autorise personne à penser à sa place. Il connaît les gens du scoutisme, il sait que ce sont des humains de bien, de braves gens qui font ce qu’ils croient être le mieux pour les enfants, peu importe à quel point on peut penser qu’ils ont tort ! C’est une bonne raison pour ne pas leur couper leurs subventions : les scouts aident et ont toujours aidé de nombreux enfants, c’est pourquoi il les aime. A contrario, après son discours sur la Liberté des scouts à accepter qui ils veulent en leur sein, Gloria Allred lui lance qu’il est un salaud d’homophobe (alors que seul M. Garrison est capable d’être homo et homophobe en même temps, mais lui c’est vraiment un cas, à part) et qu’elle le traînera en justice.

 

Comme souvent, les gens s’emballent sur des problématiques sérieuses et graves sans forcément connaître les tenants et les aboutissants.

Mais si l’on veut vraiment débloquer les états de fait d’une partie de la société qui a du mal à intégrer (pardon, maintenant il paraît qu’il faut dire favoriser le vivre ensemble, pfff) une frange de la population sur des critères aussi idiots que les pratiques sexuelles ou la couleur des cheveux, il faut déjà pouvoir en parler sereinement, afin de dénouer les nœuds qui limitent la bonne cohésion de l’ensemble des individus formant la société à laquelle tous appartiennent au même niveau. Nous devons déjà montrer qu’il existe un véritable problème pour que les citoyens soient au courant et se sentent concernés, ensuite ce sera aux débats d’idées de faire leur œuvre afin que les arguments (quels qu’ils soient) permettent d’y voir plus clair concernant les maux.

Malheureusement, quand Stan harangue les passants pour collecter des signatures et des fonds pour forcer les scouts à accepter les gays, les gens passent d’un pas pressé. Il faut une diversion sur un combat d’infirmes pour que la foule s’amasse et que la télévision croit qu’il s’agit d’une manifestation concernant l’intégration des scouts gays. Comme le dira par la suite un présentateur télé : c’est l’électrochoc qu’il fallait à l’Amérique, nous devons cesser de tourner le dos aux homos  (hummm, quoi que, tout dépend combien on les apprécie hihi) ! Le juge ira même jusqu’à mettre les dirigeants scouts au pilori (dispositif destiné à exposer un condamné à l’infamie : il s’agit ici d’une forme plus simple, le carcan ou cangue en Extrême-Orient, planche percée de trois trous où on coinçait la tête et les deux mains du supplicié de manière à pouvoir le promener) durant trois jours pour qu’ils sachent ce qu’on ressent quand on est rejeté, mais il est évident que ce n’est pas une bonne solution (enfin à nos yeux, pas pour ces sacrés south-parkois).

 

Synthèse

 

Avec tous ces exemples, on voit bien que finalement on s’éloigne dangereusement du sujet qui, seul, devrait être à l’ordre du jour : les compétences.

Comme dans bien des domaines, les humains ont souvent la fâcheuse tendance à davantage considérer la forme que le fond. Nous en avons ici un exemple flagrant. Plutôt que de considérer les états de service d’une personne, ses références ainsi que ses recommandations, on s’attarde longuement sur un point de détail, sur l’arbuste « de travers » qui cache une forêt saine sous tous rapports.

Ainsi, le père de Stan a bien raison quand il dit qu’Al Super Gay est homosexuel, et alors ? S’il a été nommé à ce poste, c’est que c’est un bon scout ! Il faut le laisser tranquille et faire son métier, qu’il fait très bien d’ailleurs, un point c’est tout. Le reste n’est que commérage de langue de vipère qui alimente les discussions d’une bande de pochetrons qui noient leur ennui, leur dégoût de la différence et leur incapacité à – non pas se mettre à la place de l’autre – essayer de comprendre l’autre sans le juger et surtout le condamner d’entrée de jeu sans le connaître, sur la base de particularité que tout le monde possède à un niveau ou à un autre.

 

Le plus affligeant de tout, même si ça peut s’expliquer (mais sans forcément se comprendre) par l’état de stress permanent dans lequel se trouve la société par rapport à la médiatisation des affaires ces derniers temps (sachant que Barbe Bleue / Gilles de Rais, le pote de Jeanne d’Arc, fut condamné pour cela, donc c’est loin de dater d’hier), est que certains croient encore que pédophilie et homosexualité sont liés.

Bien que ce fut le cas à l’époque des Grecs (pour former les futurs adultes mâles et donner de l’ardeur au combat par une défense mutuelle de entre amants – bien qu’il n’y avait pas toujours pénétration, mais plutôt frotti-frotta, puis éjaculation, entre les cuisses du jeune prépubère), il est « évident » aujourd’hui que ça n’a absolument rien à voir puisque ce que les pervers pédophiles (là c’est clairement une maladie psychiatrique) recherchent justement c’est l’absence de poils et l’innocence/candeur de la jeunesse pré maturation hormonale.

Alors qu’Al Super Gay est le type même du gars sympa qui adore les enfants, qui le lui rendent bien, M. Greiser (celui qui occupera désormais le poste de l’homosexuel) est un détraqué échappé d’un camp militaire qui « aime » les petits en faisant dès sa prise de fonction des photographies des gamins tout nus (officiellement, il prend quelques photos de chacun tout nu, au cas où il en aurait besoin un jour). Le pire est lorsqu’il déclare qu’il a coutume de dire que les enfants sont tous roses à l’intérieur, et que le père de Stan et de Kenny sont d’accord et n’y trouvent rien à redire, obnubilés qu’ils sont par leurs craintes face au gentil Al. Lorsque enfin le FBI a finalement arrêté le dangereux pédophile surnommé « M. Poing fermé » {ou Grand chef scout, voire M. Greiser pour les – très, trop – intimes}, redoutable pervers trouvé en possession de nombreuses photos de jeunes garçons tout nus, le père de Stan peut se vanter que tout le monde ait appris une leçon importante : ce n’est pas parce que quelqu’un est gay, qu’il va agresser sexuellement les enfants. La pédophilie, ça n’a rien à voir !

 

Tout système, et encore plus avec les humains, a ses contradictions, son rectal et son versal de la même médaille, son yin et son yang qui se compensent dans une forme d’idéal.

De fait, nous devons accepter et octroyer la Liberté, même aux « ennemis » de la Liberté (ce en quoi Saint-Just, l’ange exterminateur de la Révolution et super pote de Robespierre, n’était pas d’accord, on connaît la suite avec le terrorisme d’état – soi-disant pour le bien de tous). Si nous voulons vraiment une société tolérante, nous nous devons d’en passer par là.

Al Super Gay le dit très bien, c’est pourquoi nous lui laissons le mot de la fin : « Je suis fier d’être gay, et je suis fier aussi de vivre dans un pays où j’ai le droit de m’exprimer ! Mais la Liberté est une rue à deux sens, et si moi j’ai le droit de m’exprimer, alors cette Liberté d’expression doit s’appliquer également aux scouts !!! Il ne serait pas juste de notre part de les forcer à penser comme nous ! Il nous appartient de les persuader, de les aider à enfin voir la lumière : les forcer serait absurde ! Je ne perds pas espoir de leur faire changer d’avis un jour, seulement je ne crois pas que nous y arriverons comme ça ! Alors, je ferai comme s’il n’y avait jamais eu de procès, et je reconnais aux scouts leur droit ne pas accepter les gays dans leur club privé ! ». Que dire de plus ? Rien, il a tout très bien résumé !!!

 

 

Conclusion :

 

 

Voyez, on se couchera moins bête car on a appris un truc  aujourd’hui : il ne sert à rien de forcer à boire des « ânes » qui n’ont pas soif d’égalitarisme à tout crin (de cheval). Chacun à ses opinions, et personne ne peut estimer que les siennes sont les meilleurs et les autres réactionnaires, sinon c’est du fascisme comme un mauvais récent temps du XXè siècle.

 

Pour qui observe un peu le rapport loi/mœurs, il est évident que la cavalerie législative arrive souvent soit avec un sacré temps de retard (donc elle n’est plus si utile, même si elle reste nécessaire, car les citoyens se sont auto-disciplinés par le biais de la morale nouvelle), soit avec une trop grande longueur d’avance (donc elle ne sera pas appliquée correctement, sauf sous la contrainte, sachant que personne ne fait les choses correctement si c’est imposé par une autorité autoritaire sans que les citoyens n’approuve un tant soit peu).

 

Ainsi, pour que les choses évoluent, il est nécessaire de parler de ce qui fâche et que chacun exprime clairement le fond de sa pensée. En fonction des arguments avancés, si la société dans son ensemble estime que les justifications de tel ou tel bord sont injustes, elle fera pression moralement pour montrer que ce qui était considéré auparavant comme normal ou pas trop dérangeant n’est plus de mise à présent dans la nouvelle vision des choses. En bref, c’est en tolérant l’intolérance (sinon on est alors comme eux) que l’on apaise les débats, puis c’est à force de convictions et d’arguments imparables que les mentalités et les mœurs évoluent, en douceur. Mais n’oublions jamais que tout vient à point pour qui sait attendre, et que patience et longueur de temps font plus que force ni que rage (Jean de La Fontaine) !

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4 janvier 2008 5 04 /01 /janvier /2008 16:43

Catégorie : IV] Ce qui fait du bien peut aussi faire mal (et pas qu’aux mâles) !

Thème : 1) Avant même l’amour, on « veut » déjà tout savoir sur le sexe

 

 

Fiche de visionnage n°22 :

Épisode 72 (saison 5, épisode 7) – Du bon usage du préservatif

 

 

Analyse philosophique des extrêmes : La sexualité expliquée aux enfants doit-elle se faire par l’instruction publique en milieu scolaire ou plutôt par l’éducation privée et personnelle des géniteurs gênés ???

 

 

*  Les pros : le conseiller d’orientation de l’école M. Mackey, la principale Victoria, les profs M. Garrison et Mme Crockelpaf, les enfants (relativement peu demandeurs) et leurs parents,

*  Les antis : Chef.

 

 

*  Thèse : C’est bien parce que c’est crucial dans la vie d’un humain qu’il faut en passer par des spécialistes, au moins de la pédagogie enfantine,

*  Antithèse : La sexualité est trop importante dans la vie pour la confier à des étrangers aux mœurs et valeurs de la famille,

*  Synthèse : L’école doit enseigner la théorie biologique et les parents expliquer l’expérience pratique, selon ce que l’enfant demande (ni plus, ni moins).

 

 

Il était une fois à South Park, un gros garçon nommé Cartman qui montra à ses amis (après s’être renseigné auprès de CM2) comment on pouvait tirer du lait d’un chien en lui faisant faire la fusée. Ses amis en furent tout émoustillés, mais tout autant déçus que l’expérience ne puisse être renouvelée de suite pour leur plus grand plaisir. Ils ignoraient en effet comment fonctionnait le fait de faire reluire un chien et ce qu’était concrètement ce lait, qui plus est uniquement produit par les mâles.

C’est alors que le petit Stan voulu montrer ce nouveau tour de magie à ses parents alors en pleine réunion littéraire avec d’autres parents d’élèves de l’école primaire. Puni pour avoir scandalisé tous les participants de la réunion, Stan ne comprenait toujours pas ce qu’il avait fait de mal, lui qui ne voulait que montrer à ses parents un truc marrant. Il fut autant surpris de savoir que ce qu’il avait fait au chien était sexuel, que ses parents d’apprendre qu’il n’en savait rien car il n’avait pas suivi de cours d’éducation sexuelle à l’école.

 

 

Introduction :

 

 

Que ce soit la reproduction ou simplement la sexualité « récréative », cet aspect fait partie intégrante de la vie de tout humain animal. Pour autant, alors que l’acte est mécaniquement relativement simple (introduire la protubérance mâle dans l’orifice femelle, tel un embout – mais pas un doigt, enfin pas dans cet exemple électrique n’est-ce pas les enfants – dans une prise), étant donné que nous ne sommes pas de bois, la pratique peut s’avérer bien plus compliqué qu’il n’y paraîtrait à prime abord d’âge sexuellement actif.

 

Ainsi, pour que la première fois se passe le moins mal possible (autant en terme de défloraison pour la fille que de gestion du stress pour le garçon – pour éviter l’éjaculation prématurée et son atteinte à la virilité qui blesse dans une période de construction de soi où l’on a vraiment pas besoin de ce genre de désastre en plus du reste de ses fragilités –, mais surtout de transmission de maladie – la première étant la vie, cette pathologie mortelle sexuellement transmissible), il est nécessaire que quelqu’un s’occupe de la transmission de ces savoirs à la génération montante.

Il s’agit de la génération descendante (aussi en terme de seins qui tombent et de débandade), en parallèle aux enseignements biologique de l’école et des trucs et astuces que peuvent donner les copains et copines (qui partagent la p...) étant déjà passés à l’acte, aux retours d’expérience du frère/cousin ou de la sœur/cousine, ou aux renseignements trouvés sur le net ou via Anal+ le premier samedi du mois.

 

Étant donné que notre monde érotisé s’étale au vu et au su de tout le monde, sans distinction ni protection pour les âmes sensibles, qui est le mieux à même de donner les enseignements nécessaires pour replacer les choses dans leur contexte et faire le tri des idées reçues ?

En somme, la sexualité expliquée aux enfants doit-elle se faire par l’instruction publique en milieu scolaire ou plutôt par l’éducation privée et personnelle des géniteurs gênés ???

 

 

Thèse en faveur de l’instruction publique

 

Les enfants apprennent des choses sur la sexualité à la télé et dans les rues, alors que nous n’avons aucun moyen d’empêcher ça !

Malheureusement, cette (fausse) impression de facilité d’accès à l’information concernant la sexualité, fait que nombre de parents sont persuadés qu’ils n’ont plus aucun rôle d’instruction en la matière et s’en trouvent soulagés, mais de manière erronée. En effet, les adultes croient à tort que les enfants connaissent tout du sexe et de la sexualité en général. Mais lorsqu’ils se rendent compte, finalement, que leur progéniture croit connaître les choses de la vie alors que leur rejeton n’a qu’une très vague idée de quoi il retourne, les géniteurs se retrouvent gênés d’expliquer concrètement ce qu’il en est et de balayer les idées reçues de la cour de récré. Et pour cause : c’est bien évidemment difficile (ne serait-ce que pour son propre ego) de voir que son enfant a grandi (et donc lui et les parents vieillis) et qu’il faut à présent changer de registre en lui parlant (progressivement quand même) comme à un adulte (ou à minima comme à un adolescent ou adulescent).

C’est pourquoi les parents de Stan sont vraiment étonnés, quand celui-ci a fait reluire le chien, d’apprendre que pour lui il ne faisait que le traire. Il ne réalisait tout simplement pas que ce qu’il avait fait était une stimulation sexuelle du canidé. Ayant lancé le sujet, le père de Stan devient tout rouge et très embarrassé à l’idée de préciser que ce n’était pas du lait qui était sorti, mais que lorsqu’on fais ce genre de chose à un mâle, il est naturel qu’il y ait un truc qui sorte (à croire que le mot sperme est d’une vulgarité affligeante, alors que c’est comme cela que ça s’appelle – dire foutre, jute ou autre serait effectivement déplacé, mais là c’est le terme scientifique sachant que le père de Stan en est un, même s’il est géologue). En bref, pour les parents très mal à l’aise, c’est à l’école que leur enfant devrait apprendre ces choses-là !

 

Depuis la libéralisation des mœurs des années 60 et plus spécifiquement de la liberté sexuelle, les nouvelles générations ont un tout autre regard sur la sexualité : celle-ci s’est en effet décorsetée et, tout en gardant son aura de mystère, devient beaucoup plus accessible voire insouciante.

En conséquence, de par leur contact privilégié avec les élèves de différentes classes d’âge et milieux sociaux, l’institution éducative en général ainsi que le corps enseignant en particulier sont les plus à même de détecter les problématiques qui se présentent à eux, de définir des pistes de réflexion afin d’étoffer le projet pédagogique et de mener à bien leur mission éducative dans tous les domaines concernant l’enfant, cet adulte en devenir.

Ainsi, les enseignants s’inquiètent du fait que leurs élèves aient des relations sexuelles de plus en plus jeunes, ce qui fait que les MST les touchent de plus en plus jeune également. De fait, le seul moyen de combattre ce fléau, c’est d’éduquer les enfants avant qu’ils n’aient des relations sexuelles (ce qui est la logique même, car mieux vaut prévenir que guérir – d’autant plus que la guérison n’est pas toujours assurée pour bon nombre de maladies), mais dans le cadre de l’école afin d’aborder tous les thèmes, sans tabou ni gêne.

 

De toute façon, quoi qu’on en pense, on ne peut surveiller en permanence les faits et gestes de qui que ce soit. En effet, qu’il soit parental ou institutionnel, on ne peut faire de flicage envers tout le monde.

Le mieux est ainsi de ne rien cacher (dans certaines limites toutefois) mais plutôt d’informer à la mesure de ce qui est nécessaire et demandé, alors que les parents (de par leur statut même de géniteurs) peuvent penser que mieux vaut tard que jamais (quoique, pour eux le top du top étant sûrement l’inverse).

Ainsi, alors que les enfants souhaitent acheter des préservatifs chez le pharmacien, ce dernier se refuse à leur en vendre. Pour lui, des enfants de leur âge ne devraient pas commencer aussi tôt leur vie sexuelle, ce en quoi sa femme répond qu’ils sont de toute façon (ne serait-ce que d’un point de vue légale) tenus de fournir des préservatifs à quiconque en fait la demande ! En effet, même si ce sont des enfants, personne (et encore moins quelqu’un qui n’a aucune autorité à avoir sur eux) ne peut vouloir qu’ils aient des rapports non protégés. On peut certes estimer que le fait qu’on leur parle de sexe et de préservatif à l’école est une mauvaise chose (chacun son point de vue, et celui-ci n’est pas le plus « mauvais »), de toute façon ils feront ce qu’ils voudront ! C’est le devoir de s professionnels de santé de ne pas porter de jugement moral mais d’assurer qu’ils seront protégés ! De même, alors que Mme Crockelpaf trouve ça très dommage que les filles aient des relations aussi jeunes, elle fait en sorte que ses élèves connaissent les risques encourus.

 

Antithèse en faveur de l’éducation privée/personnelle

 

Pour autant, ce zèle initialement bienveillant peut entraîner des dérives dont la portée peut être dévastatrice pour des êtres en pleine maturation voire construction de leur future personnalité et identité adultes. A trop vouloir bien faire, on peut être amené à franchement dépasser les bornes !

Ainsi, cela soulève un autre problème, à savoir à partir de quel âge faut-il enseigner la sexualité ? On pourrait bien sûr penser qu’il n’y a pas d’âge « parfait » pour commencer cette instruction, mais qu’il faut plutôt se baser sur la maturité de chaque enfant. Dans le cadre scolaire il faudrait alors prendre en compte la moyenne de maturation des élèves d’une classe et adapter le programme pour ne pas trop heurter les âmes plus sensibles. Toutefois, on peut également considérer que le plus tôt sera le mieux, avec une montée en puissance et en approfondissement des sujets avec l’âge. Mais il ne faut pas non plus en arriver à des excès flagrants, qui choqueraient n’importe quel citoyen lambda mais pas les profs de cet univers, bien particulier (et heureusement d’ailleurs).

A South Park, on croit que la plupart des élèves de CM1 achètent des préservatifs parce qu’ils sont sexuellement actifs et qu’ils ont été effrayés par tout ce qu’ils ont appris les jours précédents. On peut estimer qu’au moins les enseignements leur ont fait suffisamment peur pour qu’ils se protègent (ce qui n’est pas mal en soit), mais de là à considérer qu’il faut commencer l’éducation sexuelle encore plus tôt qu’en CM1, il y un pas que peu franchissent. Sauf évidemment les south-parkois ! Mme Crockelpaf estime en cela, suivie par M. Adler le prof d’atelier, qu’il est de leur  responsabilité de mettre en garde les enfants avant qu’ils ne fassent des conneries. Ainsi, pour bien  mettre en garde les élèves avant même qu’ils aient commencé à avoir des relations de quelle nature que ce soit et surtout pas après coup de bite (plutôt que de parler « tardivement » des problématiques liées aux relations sexuelles, autant commencer l’apprentissage dès les prémices des relations purement amicales et sentimentales), ils estiment que le mieux est de commencer dès la maternelle ! Évidemment, puisque l’attirance vers le sexe opposé commence bien plus tard, les petits ne sont soit pas intéressés du tout par ça, soit ils en pleurent, soit ils confondent ou ne comprennent pas les questions. Ainsi, M. Garrison (en plus avec un prof pervers comme lui, l’école pousse vraiment le bouchon trop loin) demandant ce qu’est une capote, une gamine dit que c’est des légumes que les lapins adorent. Suite à l’explication que les préservatifs servent à éviter les MST, un autre gamin voudrait plutôt faire du coloriage. Dans son zèle bien connu, M. Garrison répond que non, se demandant même si ces élèves tant « concernés » ne voudraient pas attraper de l’herpès ou un bon petit SIDA bien cool ! Il leur montre même de quelle façon on doit enfiler un préservatif, avec une technique à lui si particulière, mais bien sympathique (pour les adultes en tout cas). Sortant un godemiché, il place la capote dans sa bouche et le déroule directement sur le phallus synthétique (idée simple et très sympathique, mais à laquelle beaucoup de femmes, et d’hommes, n’ont même jamais pensé). Éberlué par ce qu’il vient de subir visuellement, un des bambins en culotte courte se met à pleurer. Plus tard (juste en terme d’heure), il révisera avec les pitchounes les différentes positions sexuelles : le missionnaire (efficace quoique un peu ennuyeuse), la levrette (doggie style, in english please, qui a son charme), le marteau pilon (pile driver : 69 debout mais aussi prise de catch), le vilain Sanchez (de la part de celle qui confondait capote et carotte : l’homme, après avoir vigoureusement introduit son pénis dans l’anus de sa partenaire, se retire et dessine avec celui-ci une belle moustache mexicaine – d’où le « Sanchez » – sur le visage de sa partenaire) et un Charles le Chauve (une fellation) !

 

Bien évidemment, l’enseignement de choses aussi intimes ne va pas forcément de soi. En plus des ricanements et des gamineries propres à cet âge, nécessitant donc une certaine forme d’autorité et de discipline dans la classe, la fougue de la jeunesse entraîne une multitude de questions que les jeunes esprits curieux voire malinformés ont en tête depuis un certain temps.

De fait, il faut que l’enseignant diffuse un message clair et puisse répondre à toutes les interrogations, souvent biscornues pour un adulte mais profondément révélatrices des malentendus persistants. Chose pas forcément évidente, l’équipe pédagogique se doit (et encore plus aux enfants qu’à elle-même) ainsi d’être suffisamment pédagogue et bien entendu compétente en la matière pour bien transmettre les connaissances nécessaires. Malheureusement, lors de la formation des professeurs, ces aspects ne sont pas considérés comme une priorité dans le vaste champ des savoirs à transmettre.

Au-delà du cas Garrison, tous les profs ne sont pas aussi compétents en sexualité (mais à leur avantage, ne sont pas aussi pervers que lui non plus). En plus d’avoir à subir cet enseignement dans un cadre guindé car scolaire, les enfants apprennent que dalle avec M. Mackey (qui plus est plutôt conseiller d’orientation que prof) ou que les mauvais aspects du sexe avec Mme Crockelpaf. Cette dernière n’envisage le sexe que par le petit bout de la braguette, enseignant en priorité les myriades de maladies que les garçons peuvent donner, notamment la plus épouvantable que les filles puissent  attraper, à savoir tomber enceinte (vu qu’il semblait aux filles charmant et amusant d’avoir un bébé, la prof leur montre un film d’un accouchement réel, propre à effrayer le plus fervent catho défenseur de la vie) ! Rien de bien étonnant pour Chef, qui pense (à raison) que Mackey ne doit pas connaître la différence entre un hymen (petit peau qui se casse et libère du sang lors du premier rapport – « péter la rondelle ») et une hystérectomie (ablation de l’utérus), et qui serait étonné que Crockelpaf se soit fait sauter une seule fois dans sa vie ! La preuve, cette dernière autant que M. Mackey se déclarent tout à fait heureux sans sexualité, en ajoutant qu’avec les maladies qu’il y a aujourd’hui, qui a besoin de ça ? Pas eux en tout cas, et c’est bien le fond du problème. Pour eux, le sexe est trop problématique et il ne sert à rien de trop s’y attarder.

 

Avec les programmes scolaires actuels et le stress, il est loin d’être évident de bien faire ce si beau métier d’instituteur. Des cours qui mériteraient plus d’attention, de temps et de rentrer davantage dans les détails, ne sont du coup qu’effleurés du bout des lèvres.

Cela peut bien évidemment poser problème sur des sujets aussi sensibles que ceux concernant la sexualité. Si les cours ne sont pas suffisamment préparés en amont et qu’on accorde trop de place aux questions (foisonnantes) des élèves, on peut vite passer à côté d’un point important ou le traiter trop à la légère comparativement aux questions et mauvaises réponses qui peuvent en découler.

Ainsi, toute emportée par sa verve anti-chibre et vociférant contre les maladies transmises par les garçons, Mme Crockelpaf entraîne une foule de déboires à tous les élèves, les siens comme ceux ayant suivis le cour de M. Mackey. Par son manque de professionnalisme, elle est allée « un peu » trop loin pour effrayer les filles, qui plus est sans préciser que pour que les garçons donnent des MST il fallait qu’il y ait relation sexuelle : pour éviter tous ces malencontreux quiproquos, encore eût-il fallu(s) qu’elles le su(cent) ! Les filles, épouvantées par les images qu’elles avaient visuellement subies, n’eurent alors de cesse d’exiger le port obligatoire du casque à bite (elles auront au moins ce bon réflexe pour plus tard), ne serait-ce que pour les garçons puissent leur parler. Dans la droite lignée des stupides idées reçues sur le SIDA, les garçons étaient ainsi persuadés qu’ils devaient se protéger (en plus du rôle secondaire, voire principal pour eux, de réservoir à pipi pour ne plus aller aussi souvent aux toilettes) car les filles pouvaient, juste en claquant la bise ou par contact quelconque, leur transmettre le SIDA. Craignant une conspiration féminine, Cartman lance qu’il s’en doutait : ces connasses mentent comme elles respirent ! Finalement, les rôles s’inversèrent alors : les garçons étaient persuadés que les filles les avaient roulés car c’était elles qui leur refilaient des maladies, d’où l’idée que pour que les mecs restent en vie, il fallait se débarrasser des gonzesses ! La guerre des sexes avait commencé !!! Les filles avaient construit une espèce de forteresse pour pas que les garçons s’approchent ! Les voyant arriver l’arme à la main, elles leur lancèrent qu’elles ne voulaient pas tomber enceintes et leur conseillaient d’embarquer leurs sales maladies et de s’en aller pour toujours. Chauffés à blanc par les révélations récentes de leur conseiller d’orientation (sexuelle à ce niveau-là de haine anti-Vénus), les garçons répondirent que c’était leurs maladies et donc à elles de quitter la ville, d’où une lutte genricide s’en suivie jusqu’à épuisement des deux parties.

 

Synthèse

 

Finalement, dès le départ, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut éduquer les enfants à la sexualité. Au-delà de savoir à qui revient cette lourde tâche, il convient de toute manière de définir un programme éducatif et de s’y tenir, sans rien oublier au passage.

On dit souvent qu’il vaut mieux garder le meilleur pour la fin, mais dans ce cas précis il paraît évident après cet épisode que ce n’est pas le meilleur choix sur ce genre de sujet. En effet, les enfants – encore plus que les adultes – ont tendance à focaliser d’entrée de jeu sur les aspects négatifs et à être nettement moins réceptifs (vu le choc émotionnel de la première tournée d’informations) sur la suite des « festivités ».

Ainsi, comme le dit Chef, les premières choses qu’ils vont apprendre sur le sexe sont les maladies vénériennes (du nom de Vénus, déesse de l’amour) ! C’est le moins qu’on puisse dire d’estimer que c’est un peu lourd de leur foutre la trouille avec les MST ! Alors que les filles étaient très curieuses et excitées d’aborder le sujet de manière directe (même si elles pensaient aussi que ça allait être très marrant, comme ces immatures garçons qui se gaussaient sans même savoir dans quel sens regarder les croquis explicatifs), estimant que le sexe était un amusant jeu d’amour, Mme Crockelpaf cassa dès l’entrée en matière leur enthousiasme. Elle les dégoûta à vie du sexe, mentionnant que celui-ci n’apportait que maladies ! On peut toutefois estimer qu’il y eut un effet positif, à savoir le fait pour ces futures ladies de forcer les garçons à porter des préservatifs ! A la fin de l’épisode, Chef indiquant que le bon âge pour commencer les relations sexuelles est 17 ans (amoureux ou pas, à cet âge là il estime qu’on est de toute façon prêt, donc faut y aller, droit au but et bite en tête), Stan et sa copine Wendy tombent d’accord pour dire qu’il leur reste un bout de temps avant de se préoccuper de sexualité et de maladie !

 

Comme le dit la publicité : Grandir ? Pour quoi faire ??? Cet âge d’or de l’innocence qui sera bientôt perdue, tant dans le dépucelage que dans les durs coups de la vie, doit se prolonger le plus longtemps possible. La vie est suffisamment courte (si elle s’arrête avec le permis contre un arbre) ou même longue pour en profiter un maximum tant que les choses paraissent encore relativement faciles et surtout tant que la motivation de se surpasser n’a pas été complètement brisée par les désillusions de la dure réalité.

Ainsi, ne serait-ce que pour le bon développement, serein, de l’enfant en pleine phase de construction et d’expérimentation, il est nécessaire de laisser et continuer de faire croire que le monde il est gentil et que tout le monde il est bon (même si les gamins sont déjà loin d’être dupes, mais pas la peine d’en rajouter, ils connaîtront toute l’ampleur des déboires à venir toujours trop tôt).

Pour exemple, à la fin de l’épisode, les enfants (rassurés au sujet de la sexualité dans sa globalité) repartent de plus belle pour vivre comme avant. Cartman appelle un chien et lui demande de faire la fusée. Tout le monde est émerveillé devant Cartman en train de branler le chien, comme si de rien n’était. Il n’y a rien de bien méchant à cela (puisque même, et surtout, le chien y trouve son compte), ça reste un jeu d’enfant. Comme le dit Chef, qui s’y connaît en amour plus ou moins courtois, voulons-nous vraiment que nos enfants apprennent tout sur le sexe ? Une part du bonheur d’être un gamin, c’est d’être naïf ! Laissons-les vivre leur enfance tranquille ! De toute façon, les cours d’éducation sexuelle commencent déjà relativement tôt, dès l’entrée en 6è !

 

Quelle que soit l’attitude des parents, les enfants commencent à partir d’un certain âge à s’interroger et à s’intéresser de plus en plus au sexe. Quoi de plus normal lorsqu’on voit la chose se développer, se couvrir de poils et sécréter du fluide séminal bizarre (d’autant plus chez les filles, puisque chez elles ça « coule » sans crier gare et qu’elles n’aient rien demandé).

Alors que les écoles donnent des cours d’éducation sexuelle à des enfants de plus en plus jeunes, il paraît utile de rappeler que le sexe n’est pas une chose qui s’apprend avec des schémas et des diagrammes ! Le sexe, c’est émotionnel et spirituel !!! On peut éventuellement laisser la partie biologique/mécanique à l’école pour être « sûr » de ne pas raconter de bêtises (quoique avec le net aujourd’hui, il existe pas mal de sites très bien fait à ce sujet, pour tous les âges), mais même si c’est évident que ce n’est pas toujours facile pour les parents, il n’en reste pas moins que ça doit être, pour une large part (notamment les aspects plus sensuels que sexuels à proprement parler), expliqué par la famille !

Cet épisode nous l’a bien montré : si nous laissons l’école faire l’éducation sexuelle de nos enfants, ils peuvent tomber sur un mauvais prof. Ça peut être quelqu’un qui n’y connaît rien (M. Mackey), quelqu’un qui a une mauvaise opinion sur le sexe (Mme Crockelpaf), ou pire encore un pervers total (devinez qui ? C’est facile de ne pas se tromper) ! Comme le confirme la mère de Stan, tout a commencé parce qu’ils n’ont pas eu le courage de parler à leurs enfants. De même pour la mère de Kyle : c’est plus facile de s’en remettre à l’école, mais ce n’est pas la bonne solution !

 

 

Conclusion :

 

 

Voyez, on se couchera moins bête car on a appris un truc  aujourd’hui : la sexualité est un thème délicat à traiter, souvent à la source d’emportements passionnés et passionnels.

 

Pour autant, étant donné l’importance majeure que représente la chose dans la vie de tout adulte (même s’il n’y a pas que le sexe dans la vie, il y a les seins et le cul aussi), sans oublier toutes les questions fumeuses et bien à propos, il est du ressort des expérimentés de transmettre leurs connaissances aux enfants. De là à savoir qui doit informer sur quoi, nous avons bien bu qu’il faut y prendre garde pour éviter les dérives dramatiques de la non/més/dés-information.

Pour nous, il ne fait pas un pli que l’école doit rester dans son rôle d’enseignement des faits théoriques (dans le cas présent, biologiques) alors que les parents doivent humaniser ces aspects fonctionnels en inculquant (selon leurs valeurs propres) les mœurs pratiques ainsi que l’importance des sentiments et du fait amoureux dans la relation sexuelle.

 

Une chose est évidente au regard de tout ceci : sur des sujets (sexualité, enfants) aussi sensibles, il est inévitable (et même souhaitable) que des questions dérangeantes (pour les adultes, pas pour les gamins, qui ont instinctivement soif de connaissance) viennent tôt ou tard à être posées. Plutôt que d’éluder le problème, sachant alors que les enfants y auront des réponses n’importe quoi par le biais de n’importe qui, il est nécessaire de parler de ces choses-là, qui font partie intégrante de la vie (puisque c’est la sexualité qui la permet et la transmet de génération en génération). Autrement, nous retournerons dans une vision religieuse et morale du plaisir de la chair où l’on ne saura plus si c’est bien ou mal de se faire du bien.

Alors que Mme Crockelpaf demande si c’est mal de s’embrasser comme des bêtes, M. Mackey dit qu’il ne croit pas mais qu’il en a envie en tout cas ! Entre adultes consentants, la question ne devrait même pas se poser !

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3 janvier 2008 4 03 /01 /janvier /2008 16:26

Catégorie : III] Le capitalisme c’est déjà moyen, mais en abuser ça craint !

Thème : 3) La grande distribution c’est nous, petits consommateurs !

 

 

Fiche de visionnage n°17 :

Épisode 30 (saison 2, épisode 17) – Gnomes voleurs de slips

 

 

 

Analyse philosophique des extrêmes : Les petits c’est toujours bien et les gros ça craint ???

 

 

Les pros : quasiment tous les south-parkois,

Les antis : les enfants, la mère de Tweek, les gnomes voleurs de slips.

 

 

Thèse : Tester c’est tromper : ne changeons rien, pas besoin d’aller voir ailleurs et de comparer car notre production artisanale nous convient !

Antithèse : N°1 oblige : si ça marche, c’est que c’est bien !

Synthèse : On ne parle pas de ce qu’on ne connaît pas et il faut goûter avant de juger : les grosses boîtes ne sont pas forcément mauvaises, comme les artisans ne sont pas forcément bons !

 

 

Il était une fois à South Park le professeur M. Garrison qui était menacé d’être viré car l’académie estimait qu’il faisait mal son travail de prof car il ne traitait pas assez de l’actualité (sauf celle des séries télé). On l’obligea alors à ce que sa classe présente un exposé sur l’actualité devant le grand conseil du rectorat. Les enfants furent mis avec Tweek pour traiter d’un sujet paru dans le journal. Si leur exposé n’est pas excellent, M. Toc se fera un plaisir de leur péter la gueule !

Les enfants se creusèrent la tête pour trouver un sujet d’exposé sur l’actualité de South Park. Tweek proposa de traiter des gnomes voleurs de slips. Tout le monde trouva l’idée conne comme la lune et eut peur de se faire saquer par M. Garrison.

Alors que les enfants étaient bien embêtés pour trouver un sujet qui ferait l’affaire, le père de Tweek leur suggéra d’expliquer comment les petites entreprises familiales sont absorbées par les grosses compagnies. Finalement, les enfants préférèrent partir sur le sujet des gnomes voleurs de slips.

Les gamins tournèrent et sautèrent dans tous les sens, complètement prodés à la caféine : boire du café c’est cool, voyez. Mais ils en devinrent vite accros, tournant même au seul café, en grain, encore disponible. Dur fut le mal d’estomac après 5h30 de trip moka. N’ayant pas avancé sur leur sujet, le père de Tweek leur donna un exposé tout fait, traitant de sa thématique sur la mort des petits commerces. Pendant que le père expliquait comment discourir l’exposé pour qu’il fasse mouche, les gnomes volaient les slips dans la commode; seul Tweek les vit faire et s’envoler en même temps ce si beau sujet d’exposé.

 

 

Introduction :

 

 

Dans tout système, il existe des gros leaders qui sont des locomotives, des moyens challengers qui veulent devenir calife à la place du calife, et des petits « suiveurs » qui n’aspirent qu’à continuer d’exister.

Pour autant, alors que tout le monde a le droit de se faire sa place sur le marché, il peut arriver que les consommateurs citoyens aient des choix à faire entre un envahisseur puissant et un petit artisan local. Certes, les deux types de structure ont des qualités spécifiques, sinon elles auraient déjà été sanctionnées par la dure loi du marché (la loi est dure, mais la loi est juste), mais peut-on pour autant stigmatiser et privilégier une forme par rapport à une autre sur les seuls critères de la taille, de l’enracinement local ou de l’humanisme des rapports mercantiles acheteur-vendeur ?

En somme, par chauvinisme ou protection des commerces locaux, peut-on systématiquement affirmer que les petits producteurs sont bien parce qu’ils sont petits (signe de qualité ?) et les gros entrepreneurs sont caca du simple fait de leur taille imposante (signe de seule quantité ?) ???

 

 

Thèse en faveur des petits artisans

 

Dans le monde capitaliste dans lequel nous vivons (pour l’instant, puisque aucun système n’est éternel), cela fait partie de la coutume que de racheter les concurrents pour asseoir sa position sur le marché ou permettre de faire des économies d’échelle (pour le vendeur, pas pour l’acheteur qui n’en bénéficie que peu au final, la marge justifiant les moyens).

Pour autant, peut-on considérer qu’une entreprise, avec ses employés et ses clients, est un bien comme un autre qu’un plus gros peut acheter sans vergogne du moment qu’il a de l’argent ? Il faut tout de même prendre en compte qu’un établissement (et d’autant plus un petit) est un micro-univers dans lequel des personnes évoluent, s’épanouissant dans leur travail (pour ceux qui ont de la chance et pour qui tout ce passe bien avec la direction et les autres membres du personnel) ou ayant leurs petites habitudes d’achat par rapport à la qualité des conseils prodigués ou à l’ambiance générale qui fait que l’on aime faire ses emplettes à cet endroit.

Ainsi, lorsque le représentant des cafés Harbucks propose de racheter le fond de commerce au père de Tweek, celui-ci répond de suite qu’il ne doit pas y compter car sa boutique n’est pas à vendre ! Malgré le fait que la compagnie soit prête à faire une offre extrêmement généreuse, qu’elle propose un attaché-case tout en cuir, avec quatre compartiments et serrures codées vide à la première tentative ou complété avec 500 000 $, le père de Tweek refuse que sa boutique représente beaucoup pour lui. Quand son père a ouvert cette boutique il y a trente ans, une seule chose comptait pour lui : faire le meilleur café de la ville ! Pour le père de Tweek (et encore plus pour sa femme), même si le rachat de la boutique représente beaucoup d’argent, il y a des choses plus importantes que ces liasses de billets : les habitants de South Park comptent sur lui pour leur préparer leur première tasse de café chaque matin !

 

A partir du moment où l’on est confronté au choix de lutter ou d’abandonner, il est nécessaire de bien réaliser quelles vont être les opportunités et les menaces qui pèsent sur son activité.

Dans cette bataille du pot de fer contre le pot de terre, nous retrouvons l’allégorie du combat biblique de David contre Goliath. L’issue de l’affrontement n’est pas fixée, mais en économie il faut savoir comment se différencier suffisamment pour se créer une valeur ajoutée que celui qui est mieux armé ne pourra pas forcément mettre en œuvre, et bien définir sa stratégie pour avoir le temps (et les ressources vitales suffisantes) d’affirmer sa spécificité dans son positionnement actuel ou dans les nouvelles orientations prises pour affronter le danger de la banqueroute.

Le père de Tweek est de fait dans une sacrée panade : le café Harbucks ouvrira juste à côté de sa boutique un établissement gigantesque, créant le risque d’une faillite ! Ces salopards lui mettent les couilles dans un étau, mais comme lui répond le représentant Harbucks : « on est dans un pays capitaliste mon pote, faudra vous y faire » ! La lutte sera âpre entre sa petite cafétéria et cette grosse compagnie multimilliardaire en dollars qui va s’installer à côté et essayer de récupérer ses clients. Il sait déjà qu’il risque de mettre les clés sous la porte et de devoir vendre son fils comme esclave !

 

L’une des critiques les plus virulentes (à raison) contre le communisme marxiste était qu’il imposait une centralisation absolue, entre quelques mains (officiellement dans celles de ceux qui savent, « pour le bien du Peuple » « ignorant »), des outils de production.

Le problème avec le capitalisme « moderne » est qu’il était censé favoriser la liberté d’entreprise pour encourager la diversité et développer ainsi l’esprit de compétition dont les consommateurs devaient être les grands bénéficiaires, mais que le pouvoir sur les fournisseurs et la puissance commerciale lui ont fait tourner la tête de gondole. A la manière des dealers ou des mafias en général, on s’aperçoit qu’actuellement la mode est plutôt à la concentration des acteurs d’un secteur (voire même d’un éparpillement, par rachat, sur des marchés qui n’ont pas forcément à voir avec l’activité principale de la compagnie) afin de se renforcer et de pouvoir imposer sa loi et ses prix. Les monopoles de fait, puisqu’il ne restera que quelques petites structures sur des marchés de niche, sont bel et bien en route, alors que la loi anti-trust de 1890 devait pallier à ce genre de phénomène (le Sherman Anti-Trust Act est la première tentative du gouvernement américain de limiter les comportements anticoncurrentiels des entreprises : le droit de la concurrence moderne était né. Le sénateur Sherman s’éleva contre le pouvoir émergent de certaines entreprises constituées en quasi-monopoles : « Si nous refusons qu’un roi gouverne notre pays, nous ne pouvons accepter qu’un roi gouverne notre production, nos transports ou la vente de nos produits ». L’expression d’ « anti-trust » vient du fait que la proposition de loi visait à contrer les agissements d’un groupe pétrolier, la Standard Oil fondée en 1870 par Rockefeller, qui était constitué en trust et non sous la forme d’une société dont les droits étaient, à l’époque, limités – en 1911 la Standard Oil est obligée d’éclater en 30 firmes).

Lorsque les enfants font leur exposé devant des inspecteurs du rectorat, ils (enfin le père de Tweek, vu que c’est lui qui a tout écrit) sont bien conscients que les grosses compagnies font disparaître inexorablement les petits commerces en Amérique, se demandant même ce qu’il adviendra de l’esprit d’entreprise des familles américaines. En effet, non seulement il n’y aura plus que des grosses compagnies et c’est dommage pour le pays, mais cela risque surtout de ruiner l’économie.

 

Antithèse en faveur des grandes entreprises

 

Certes on peut critiquer les grandes entreprises, mais il faut bien comprendre que leur puissance (tout comme celle de Rome) ne s’est pas construite en un jour.

On peut même dire que c’est plus que facile de taper sur les grosses compagnies car l’humain a toujours peur des titans qui peuvent vite devenir des tyrans, ne serait-ce que grâce à leur taille imposante. Mais c’est oublier un peu vite que tout a commencé modestement un jour (comme tous les pros ont débuté en tant que novices et que les seins aussi démarrent leur carrière petits – certains deviendront du 100E et d’autres resteront au stade 85B) et que si certaines sociétés en sont là où on leur reproche d’être c’est en grande partie grâce ou à cause de nous, les consommateurs, qui faisons nos achats chez elles pour des raisons divers et variées, ou par la faute des investisseurs qui ont confiance en la structure pour se développer, par le biais du chiffre d’affaires que lui engendre ses clients et ainsi son pouvoir d’achat de plus petites entités.

Comme le mentionne Stan, sur l’exposé que les enfants ont écrit suite à leur visite chez les gnomes voleurs de slips, les cafés Harbucks étaient au début une petite entreprise, mais comme ils faisaient un excellent café et qu’ils savaient très bien gérer leurs affaires, ils ont réussi à se développer vachement jusqu’à devenir la boîte qu’on connaît aujourd’hui.

 

Nous sommes depuis des millénaires (notamment avec l’apparition de l’agriculture) dans des civilisations de l’avoir plutôt que de l’être.

Au-delà de l’idéologie économique, ce qui est vraiment important de savoir est si l’on a besoin  ou non de grosses entreprises. En la matière, force est de constater que nous sommes dans une culture matérielle d’hyperconsommation, où nous « nécessitons » une grande quantité de produits à renouveler régulièrement sous l’effet des modes et des innovations technologiques.

Pour Kyle, les grosses sociétés sont une bonne chose, parce que sans elles on n’aurait pas de voiture, pas de soupe en boîte et pas d’ordinateur. Il est en effet évident que la consommation de masse nécessite des infrastructures et des modes de production industrieux, sans lesquels les produits seraient beaucoup plus inaccessibles (chers et difficiles à trouver car rupture partout et stock nulle part) et les progrès moindre car chaque petite entité réinventerait l’eau chaude ou n’aurait pas les capacités de développer de vastes programmes de R&D.

 

Finalement, l’important dans toute cette histoire est bien qu’il puisse y avoir débat serein afin que chacune des deux parties expriment librement ses arguments et que les cibles choisissent en toute connaissance de cause chez qui elles préfèrent boire leur café.

Malheureusement, sur des thématiques aussi houleuses que celle de la défense des petits commerces locaux face aux invasions barbares des grosses compagnies, il est plus que difficile que chacun défende son projet, sans préjugé (ni pour l’un ni pour l’autre) ni manipulation des masses.

Ainsi, le bouchon est de suite poussé trop loin lorsque le père de Tweek se sert d’enfants de huit ans pour son profit, alors qu’ils ne comprennent rien à ce qu’on leur fait dire. Ce dernier essayera bien de se justifier en disant que les enfants ça attire plein de gens de son côté, mais (comme le fait remarquer sa femme) c’est honteux d’utiliser des enfants dans un spot publicitaire uniquement parce que c’est plus vendeur ! Qui plus est, ce clip publicitaire en faveur du Prop 10, message de  l’association pour virer légalement les cafés Harbucks de South Park à coups de pompes dans le train, est une manipulation sans foi ni loi des esprits. On y entend les enfants ressasser ce qu’on leur a appris (eux qui feront l’avenir de l’Amérique, au-delà de l’argent gagné et des conquêtes), en mentionnant que le Prop 10 est pour les enfants et que donc si on ne vote pas oui, c’est qu’on est contre les enfants et que ça serait égal aux citoyens que leurs visages soient brûlés vifs. De même, lors du débat télévisé sur le Prop 10, le présentateur présente les enfants comme cinq jeunes garçons aux yeux innocents (ce qui est déjà assez fallacieux, les connaissant), issus de l’Amérique profonde, mais discrédite de suite le gros porcs puant (aussi appelé  M. Trou de balle ou M. Tête de cul) d’une grosse compagne de New-York (sous les bouhouh du public). Lorsque celui-ci tente d’exposer ses arguments comme quoi l’Amérique est fondée sur la liberté d’entreprise et qu’Harbucks est une société qui a pour point d’honneur de servir un excellent café, il se fait sans cesse interrompre et ne peut pas se faire entendre. De leur côté, alors que les enfants ne savent pas trop quoi dire, Cartman lance que l’autre là, c’est un connard (en pointant du doigt – ce qui n’est pas poli – le représentant des cafés Harbucks), le public est en liesse devant cet argument imparable et ils remportent le débat. Dans la même veine, le café Harbucks étant sur le point d’ouvrir, une manifestation s’agite et une femme lance que des sociétés comme celle-ci sont le déshonneur du pays alors qu’au contraire elles devraient en être la fierté car l’entreprise marche très bien et exporte même son concept à l’étranger.

 

Synthèse

 

Lorsque le débat n’est pas possible, on peut vite en arriver à des extrêmes toujours déplorables car justement les mots n’ont pu apaiser les maux et les incompréhensions qui en découlent.

Ainsi, chaque camp peut être amené à mettre en place des actions pour faire entendre sa voix en-dehors d’un débat serein et argumenté. De fait, lorsqu’on ne veut pas écouter l’autre tout en le forçant à se plier à ses exigences, le boycott peut être une arme redoutable (s’il est suffisamment promu puis suivi). Mais une entreprise ne peut laisser faire sans réagir, et son besoin continuel en espèces sonnantes et trébuchantes peut l’amener à de nouveaux excès en élargissant son marché sur de nouvelles cibles non encore touchées par la vague de mise à l’index (ou autre doigt, peu importe en définitive).

C’est dans ce cas que le représentant d’Harbucks, voyant que personne ne veut prendre son café chez lui, décide de cibler une clientèle plus jeune. Alors que des manifestants défilent lors de l’ouverture de son méga-[st]ore (de maison du café), il se déguise en homme sandwich ridicule pour courtiser des esprits plus perméables à sa propagande. Ce Jo le chameau aime par-dessus tout le bon café qui lorsqu’il en boit le met en super forme. Il propose à un gamin le nouveau Kiddiccino, plus sucré, avec du lait et de la chantilly, sachant qu’il contient autant de caféine qu’un double expresso bien serré. Heureusement, la mère du petit arrive, taillant un short au dealer qui devrait avoir honte de faire des choses pareilles, se déguiser en chameau pour rendre les enfants caféinomanes !

 

L’origine de tout ce méli-mélo n’est autre que le refus de la nouveauté, les south-parkois préférant se satisfaire de ce qu’ils ont sans chercher à voir plus loin que le bout de leur bouche.

Mais comment peut-on juger et encore plus sanctionner quelqu’un ou quelque chose sans savoir concrètement de quoi il retourne ? Les south-parkois réagissent vraiment comme des gamins qui diraient qu’ils n’aiment pas les choux de Bruxelles alors qu’ils n’y ont même pas goûté (après on aime ou on n’aime pas, mais on « sait » pourquoi – même si les goûts évoluent aussi avec l’âge).

Alors que le père de Tweek reconnaît qu’il met peut-être plus de temps qu’ailleurs pour servir son café et qu’il ne vend pas de mélange fantaisie, l’important pour lui est qu’il fasse ses cafés avec amour, toujours moulus à la main à partir de grains soigneusement sélectionnés : c’est simplement du café comme on l’aime en Amérique. Pour le père de Tweek, le représentant Harbucks a encore beaucoup de chose à apprendre sur l’art de faire le café, ce en quoi l’intéressé lui répond que son café a le goût d’une diarrhée passée à travers une chaussette ! Finalement, c’est la propre femme de l’artisan qui lancera un vrai pavé dans le marc de café en pointant que les gens manifestent et se plaignent, mais sans qu’un seul d’entre eux ait seulement songé à goûter le café de chez Harbucks,  qui ont réussi à grandir parce qu’ ils sont les meilleurs. Lorsque la masse essaye d’y goûter, elle se rend compte que ce café est vraiment très bon, qu’il n’a pas cet espèce d’arrière goût dégueulasse d’eau de vaisselle comme chez Tweek, ce que lui-même admet en déclarant que le café Harbucks est excellent (car torréfié en Colombie nous indique le représentant Harbucks), subtil et délicat comme les premiers rayons de soleil d’avril. En somme pour lui, ce café est une féerie de saveurs (comme quoi, il n’y a que les imbéciles – ignorant tout du sujet – qui ne changent pas d’avis) !

 

Que peut-on et doit-on faire dans ce genre de situation ? Il est évident que les choses ne peuvent rester en l’état car les esprits sont trop échauffés (et esprits bouillus, raison foutue) pour s’apaiser d’un coup de touillette magique.

La solution, après bien sûr avoir discuté puis testé ce que chacun proposait, est de faire un choix personnel et de l’exprimer citoyennement. En effet, les individus ont la possibilité (et même le devoir) de faire part de leur opinion, tant de consommateur que de citoyen. C’est ce qu’on appelle la Démocratie, en complément ou en amont des chiffres que donne le marché par la fréquentation de l’un ou l’autre établissement.

Alors qu’une des inspectrices (après avoir assistée à l’exposé des enfants) est à la mairie pour dire à la mairesse que les gamins veulent que le café Harbucks soit détruit (alors que ce n’est que son opinion personnelle), et au plus tôt, la première magistrate de la ville indique à raison qu’elle n’a pas le droit de le faire détruire étant donné que c’est un pays libre. Devant l’argument « même s’il ruine notre ville vous ne ferez rien ? », la mairesse propose de faire un référendum en 10 propositions, nom de code Prop 10. Les citoyens voteront et si la majorité est pour, ils pourront le détruire.

 

 

Conclusion :

 

 

Voyez, on se couchera moins bête car on a appris un truc  aujourd’hui : les préjugés, qu’ils soient favorables ou défavorables, ont la vie dure. Pour autant, on nous a toujours appris qu’il ne fallait pas parler de ce qu’on ne connaissait pas.

 

En effet, comment peut-on juger quelque chose, en bien comme en mal, sans s’être fait sa propre opinion par soi-même ? Si nous ne nous basons que sur des impressions ne reposant que sur des rumeurs et ouï-dire non vérifiés et mais vérifiables avec un peu de bons sens et de volonté, nous prenons non seulement le risque de passer à côté de grands moments d’émotion, mais en plus d’entrer dans une dictature de la pensée de masse. Arrêtons de nous voiler la face : il y a des artisans qui font de la merde, et des industriels qui font de très bonnes choses !

 

Même si l’on déteste le capitalisme (et il y a de quoi, par bien des aspects de sa doctrine), en matière de qualité et d’adéquation avec les attentes des consommateurs il ne fait que reproduire la sélection naturelle : on tente tout (voire n’importe quoi) et que le mieux adapté gagne ! Si un produit ou un service n’est pas en phase (car trop précurseur pour les mentalités/usages, pas assez ceci ou trop cela), tant pis pour lui : il aura été essayé, ça n’a pas marché, essayons de comprendre le pourquoi du comment et faisons en sorte de faire mieux la prochaine fois. L’important est de laisser sa chance à tout le monde, les clients reconnaîtront les siens qui vont bien !

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